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Le problème de la lecture dans nos écoles

Force est de reconnaître qu’on est loin de lui avoir trouvé une solution, malgré des travaux de remédiation menés tambours battant dans les établissements de l’Enseignement de base l’an dernier. Je demande excuse auprès de mes jeunes collègues. Je ne nourris aucune prétention, mais étant en ce moment, malgré le poids des ans, personnellement engagé à aider mes propres enfants ; il m’a été donné de constater que ni les maîtres, ni les élèves n’ont tiré un grand profit de ces travaux qui ont pourtant coûté du temps et de l’argent. Il ne pouvait en être autrement, l’idée ne provenant pas de ceux qui avaient élaboré les documents de base et conduit lesdits travaux. Je suis sûr que quelqu’un quelque part me comprend.

En effet, dans l’entendement de celui à qui appartenait la fameuse idée de remédiation, qu’il a lui-même expérimentée lorsqu’il enseignait, il fallait, dans le cadre d’une formation continue, devait durer dans le temps pour fournir des résultats probants. Je suis désolé de devoir dire que tout est à refaire parce que non seulement les élèves ne savent toujours pas lire, mais aussi et surtout parce que la démarche pédagogique n’est toujours pas maîtrisée par les enseignants. En visant le manuel d’initiation en vigueur dans les classes, ne déplaise à ses auteurs dont je n’atteints même pas la cheville, on remarque qu’il comporte quand même une certaine insuffisance.

1. Aucun mot proposé dans la répartition n’est accompagné d’un article ;

2. Les mots clés devant servir de base aux leçons sont comme choisis au hasard ;

3. On n’a aucune idée du temps qui a été accordé aux élèves entre la présentation du mot clé et la découverte des divers éléments le composant ;

4. Le passage du mot à la lettre semble rapide ;

5. On a l’impression

qu’aucun lien n’existe entre le programme de lecture et celui de l’apprentissage de la langue. Le choix de la méthode globale qui devient mixte au fil du temps, par Decroly et les autres éminents psychopédagogues, n’est pas un fait du hasard. Il trouve sa justification, je n’apprends rien à personne, dans le fait que l’enfant perçoit toujours globalement les choses avant d’en saisir les détails. (Partir du mot pour aboutir à la lettre après avoir découvert les syllabes et inversement). Pour rendre plus aisé et efficace l’apprentissage de la lecture, les artisans de cette démarche pédagogique ont surtout recommandé que les mots clés provinssent de ceux employés et réemployés dans des phrases et expressions utilisées par les élèves lors des leçons de langage. Aussi, la méthode exige-t-elle le respect strict d’un certain nombre d’étapes dont :

a)La découverte auditive du mot ;

b) L’emploi et le réemploi oral du mot ;

c) La découverte visuelle et tactile du mot ;

d) La constitution d’une banque de données constituée de l’ensemble des mots globalement acquis parmi lesquels des prépositions et des adverbes rencontrés au cours des leçons de langage (à – vite – avec – dans – sous – sur etc),

e) Sous forme de jeux, composition de textes de lecture à l’aide des mots globalement étudiés ;

f) Reprise des mots, acquisition de la notion de syllabe et décomposition de chacun pour découvrir les syllabes et éventuellement des lettres (a-li /i-dé…) ;

g) Nouvelle acquisition globale des syllabes et des lettres ;

h) Organisation de jeux de lecture consistant à former des mots, à formuler des phrases et à composer des textes ;

i) Reprise des mots clés, redécourte des syllabes et étude de systématique d’un son selon la leçon du jour. Il y a lieu d’établir le lien entre le langage et la lecture.

Enfin pour doter les élèves d’un niveau convenable leur permettant d’aborder le secondaire, il serait important de penser à réhabiliter la fameuse classe de transition qui existait avant l’entrée en première année à William Ponty, au temps de l’Ecole Primaire Supérieure (E.P.S).

Cette classe qui aura pour mission de lutter contre la baisse de niveau, si elle agrée les décideurs nécessiteront l’élaboration d’un certain nombre de modules servant à renforcer durant un an les acquis des élèves dans les matières importantes : vocabulaire, lecture, grammaire, conjugaison, orthographe, calcul.

N.B: Loin de servir de prétexte pour créer la polémique, engager une querelle de compétence, ces observations sont faites pour rappeler que le problème de la lecture reste entier, qu’il concerne tous les enseignants, aussi bien ceux qui sont en exercice que ceux qui sont à la retraite et qui peuvent apporter leur contribution pour aider à le résoudre. Débarrassons-nous de notre esprit de suffisance.

Ada BOUREIMA, IEB à la retraite
Cel : 96.82.96.75