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Syndicalise Estudiantin / USN : comment sortir du chaos ?

Syndicalise Estudiantin / USN : comment sortir du chaos ?

L’Union des Scolaires Nigériens traverse les moments les plus sombres de son histoire. Et pour cause il a fallu attendre de voir ceux qui l’ont courtisée pendant les années, ceux qui l’ont instrumentalisée souvent, ceux qui se sont servis de ses combats, arriver au pouvoir pour qu’elle se rende compte que ceux-là ne sont pas pour autant ses amis même si au point des idéologies, à une époque où le socialiste vrai et dur se prêchait sur l’échiquier, on pouvoir voir entre les deux, une certaine proximité qui pouvait justifier les accointances. Mais ce temps des copinages est révolu. Le dernier congrès de l’Union des scolaires Nigériens, a montré à quel point les immixtions du pouvoir actuel dans la vie des structures organisées a gravement érodé la cohésion des structures. Le PNDS et son pouvoir ont semé le bordel dans les partis politiques, dans les syndicats, dans les villages, dans la société civile. C’est à peine que les acteurs, à Bermo, la dernière fois, avaient pu éviter d’en arriver aux mains, aux armes. C’est triste. Le PNDS, peut-il se rendre compte à quel point il a détruit nos valeurs, dévasté notre identité de peuple pacifique et grand, pour nous pousser à de tels débordements ? C’est ainsi, petit à petit, sans s’en rendre compte, qu’un peuple glisse dans la violence, souvent dans la barbarie, dans des folies meurtrières. Il y a franchement à faire attention.

Le simulacre de congrès qu’elle a tenu, sous la surveillance des armes de la République qui peuvent s’ingérer et protéger un camp contre un autre, a accouché d’un Comité Directeur contesté, refusé par la majorité des structures statutaires de l’organisation. Ce qu’on a vu à Bermo – village du SG du CD sortant – on ne l’a jamais connu dans le pays. Cela pouvait- il être le signe annonciateur de ce qui se prépare dans le pays dans la perspective des prochaines élections où les mêmes intentions du pouvoir sont perceptibles ? Aujourd’hui seulement, les Nigériens peuvent se rendre compte à quel point il était indispensable pour eux de défendre des valeurs non des hommes. Et ceux qui peuvent croire que les déboires d’un autre peuvent faire leur affaire, peuvent enfin comprendre qu’ils se trompaient car ce qui arrive à un autre par le faux et l’injustice, peut bien arriver à ceux qui s’en délectaient pour vouloir le malheur d’autrui et ils n’auront pas de raison de se plaindre lorsque demain le même malheur leur arrivera car ils auront créé les raisons, le fondement d’une jurisprudence à laquelle ils ne sauront se soustraire.

Ider a tenu son congrès à Bermo, son village – curieux choix ! Le vin est tiré, peut-on dire mais ce vin, à en croire les structures du l’Union, n’est pas buvable et il va falloir le verser pour guérir l’organisation de maux qu’elle appelle corruption, achat de conscience, trahison, l’inféodation d’un syndicat noble à l’agenda d’un parti politique. C’est donc, depuis le retour du pèlerinage de Bermo, l’expectative, l’impasse avec des déclarations qui fusent de partout dans le pays, rejetant le congrès tel qu’il s’est tenu, et avec lui, le comité directeur qui en est issu. D’ailleurs, se demande-t-on, le nouveau bureau coopté dans la douleur et dans le déchirement, peut-il s’imposer aux scolaires nigériens ? Ce n’est pas si sûr. Et ceux qui se seraient faits les instruments d’un pouvoir qui veut les utiliser à dompter la redoutable USN que craint un parti qui sait, pour l’avoir courtisé, la redoutable force dont elle est capable, pour savoir la craindre aujourd’hui et jouer aujourd’hui à la domestiquer, savent bien que leur affaire n’est pas facile. La preuve est que depuis la mise en place au forceps d’un CD qui n’en est pas un, l’on ne peut voir le fameux « gouvernement » en mission qui héritait de la gestion d’Ider prendre les devants pour conduire la redoutable locomotive pour laquelle il a été investi à Bermo presque nuitamment, car certainement conscient du rejet dont il est l’objet.

Front commun contre l’USN-fantôme…

C’est en rangs serrés que les militantes et militants de l’Union des Scolaires semblent se dresser contre le nouveau bureau concocté à la va-vite par les mercenaires engagés par l’équipe sortante en dépassement de mandat. Placée à l’avant-garde de cette lutte par laquelle les héritiers légitimes de la ligne traditionnelle de l’USN, l’UENUM, n’a pas mâché ses mots pour exposer à l’opinion toute la vérité sur les derniers événements qui ont agité l’organisation, et ce, après que le pouvoir ait joué à manipuler les événements pour les présenter autrement à l’opinion et pouvoir, par le détournement, accabler un camp qui gêne par son désir d’indépendance et sa liberté d’opinion en l’accusant de troubles au congrès. Mais, l’UENUM si stratégique, plus en phase avec la grande base, n’est pas seule. Dans ce combat, on peut observer qu’elle a réussi à fédérer l’ensemble des structures de l’USN, à l’exception de quelques individus qui auraient sans doute mis la main dans la gamelle pour être servis, pour ramener l’USN sur les rails,

à la gloire d’une USN qui a perdu de sa superbe depuis quelques années car ne servant à la Renaissance que de citron pressé. On a entendu toutes les sections universitaires du pays, après ce qu’elles appellent « la mascarade de Bermo » à l’occasion d’une déclaration où, rappelant la situation internationale, elles sont revenues sur la situation intérieure avec la gestion de la Covid 19 qui semble plus préoccuper un gouvernement qui s’en sert politiquement que des ravages du paludisme où l’on a enregistré plus de trois mille morts et ce dans l’ignorance totale de ceux qui en sont morts loin des structures étatiques et des pointeurs macabres du système qui nous exhibent le bilan éhonté de leur gestion désastreuse des structures sanitaires devenue en cette période de pic du paludisme des mouroirs où les citoyens se demandent où peut bien se trouver l’Etat censé les protéger. Pourquoi parle-t-on donc plus de la covid 19 que du paludisme qui, plu vrai, tue plus ? Allez savoir.

Dans leur combat, les étudiants auront montré qu’ils ne sont pas ces enfants de choeur qu’on peut instrumentaliser pour se servir de leur supposée naïveté. En effet, en réagissant à la « mascarade de Bermo » d’une certaine manière, ils font montre d’une certaine maturité politique et syndicale pour faire une lecture pertinente de la situation du pays. Appelant au plan international, notamment africain, certains pays déjà dans la dérive, à « renouer avec le dialogue avec cette radicalisation des positions » perceptible partout dans ces pays en crise, situation qui ne présage rien de bon pour les Etat, les sections universitaires revenaient à brosser un tableau assez sombre de la situation générale du pays mais aussi en leur sein. Par rapport à la situation intérieure, les étudiants sont assez lucides à comprendre là où ça fait trop mal et là où, justement, ça va aussi mal, très mal : la gestion du processus électoral. Ils peuvent d’ailleurs parler sans gant de ce problème qui fâche, disant la situation dans sa cruelle vérité. Aussi, peuvent- ils « interpelle[r] la CENI à ne pas conduire le pays vers l’abattoir électoral ». Et déplorant « l’audit du fichier électoral, la division de la classe politique, l’élaboration d’un fichier électoral conduit de manière cavalière », les sections universitaires – excepté celle de Maradi – montrent toute leur préoccupation par rapport à la situation du pays, et à l’incertitude qui entoure la tenue des prochaines élections. Conscientes de cette réalité, tout en interpelant le Magistrat suprême, elles rappellent « à l’intention de la CENI » que « sans un sursaut patriotique de tous les Nigériens, […] le pays ne s’en sortira pas et pour cela interpelle la structure de Me. Issaka Souna à « éviter de jouer à ce cache-cache sournois » et suicidaire. Ces propos, peuton le comprendre, valent une mise en garde pour qu’un autre sache que pour la tenue régulière de ces élections capitales pour le pays, il n’y a pas qu’une opposition à s’en préoccuper. Les étudiants nigériens qui ont aussi souffert d’un socialisme contrefait, ont aussi à se mêler d’un débat national qui les concerne, d’une façon ou d’une autre, au premier chef. Ils appelaient alors à « garantir la transparence des prochains scrutins » dans le pays, seule gage de stabilité et de paix intérieure. Puis, elles venaient à toucher à une autre question brûlante qui énerve tout autant. Les structures universitaires signataires de la dernière déclaration conjointe, « exigent [à propos des conclusions de l’audit du ministère de la Défense qui a révélé de graves irrégularités] que justice soit rendue honnêtement au peuple du Niger ».

C’est donc à cette situation que les ratés de la rencontre de Bermo ont poussé le monde universitaire, annonçant du coup que cette nouvelle année académique, également année électorale, ne sera pas de tout repos pour les Nigériens et pour des étudiants qui viennent ainsi de se mettre pour un nouveau front qui ne sera pas de tout repos pour eux. Peuvent-ils sortir l’USN de l’engrenage pour la libérer des forces centrifuges qui veulent la noyauter, les écraser ?

Sortir du bourbier…

L’USN est donc empêtrée dans la boue par la cupidité de certains de ses membres qui veulent la vendre pour s’assurer un certain confort, oublieux de son héritage et de ce furent ses combats et surtout des valeurs qu’elle avait portées dans le militantisme actif et responsable qu’elle avait eu à mener, refusant de céder au matériel auquel aujourd’hui bien de ses membres succombent aujourd’hui. Même avec le parti pris du pouvoir qui a fini par se dévoiler dans cette ingérence dangereuse, il y a aujourd’hui des lueurs d’espoir pour ramener l’USN sur ses chemins et lui refuser l’exil politique doré qu’Ider et ses acolytes qui négocient dans la facilitation d’un pouvoir avec lequel ils complotent. On peut d’ailleurs penser que le régime se serait vite effrayé des développements inquiétants que pouvaient avoir les confrontations entre groupes opposés à Bermo pour vite s’éclipser en laissant un Ider, isolé par les structures les plus importantes de l’USN. Ider rentrait mal, comme il sort mal de dans la grande épopée de l’USN, incapable désormais d’écrire l’histoire d’une organisation dont il aura eu le mérite, la responsabilité historique de trahir les combats et les convictions. Il est aujourd’hui clair que l’équipe arrangée par Ider n’a aucune légitimité et ne saurait s’imposer aux scolaires nigériens.

Aussi, pour craindre le pire, les autorités nationales doivent comprendre la complexité du problème qui se pose là pour prendre dans l’urgence, des mesures qui peuvent ramener la sérénité dans le milieu syndical estudiantin qui souffre aujourd’hui des ingérences d’un pouvoir qui a cru qu’il pouvait traverser tous les structures organisées du pays pour les dompter et les manipuler à sa guise.

On peut d’ailleurs remarquer à quel point il est aujourd’hui impossible à une équipe mal élue de s’imposer à l’USN comme, demain, à l’allure où vont les choses, comment il va être impossible à un président imposé, mal élu d’asseoir son pouvoir sur un peuple qui ne le porte pas. Un signe qui n’est pas rien pour la lecture du malaise nigérien.

AI