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Révolution verte en Afrique : les Etats espèrent passer de la fiction à la réalité

L’Etat, dans ses charges régaliennes, doit assurer les investissements structurants comme construire des infrastructures routières et sociales, des barrages de retenues d’eau, organiser les petits exploitants en coopératives et les filières agricoles, clarifier la réglementation foncière ou encore soutenir la recherche agronomique et apporter des garanties pour faciliter l’accès au crédit. Le secteur privé et les partenaires institutionnels devraient investir également dans la recherche, fournir des intrants (semences, engrais, produits phytosanitaires) améliorés aux paysans, fournir des crédits, etc.

La révolution exige que les femmes, reconnue comme la force motrice du secteur agricole africain, aient un accès équitable à la terre au même titre que les hommes. Au niveau des jeunes africains frappés par le chômage, seule une agriculture plus productive, où les rendements sont décuplés, et offrant de bonnes perspectives de revenus sera à même de les attirer. « Il faut que l’agriculture soient désormais considérée comme un business où l’on peut gagner beaucoup d’argent et non comme une activité par dépit qui condamne à la pauvreté » a confié un conférencier à Financial Afrik.

D’une production agricole abondante découlera alors un secteur de la transformation, les investisseurs privés ayant l’assurance de pouvoir s’approvisionner localement à prix compétitif pour alimenter leurs usines. Cela, d’autant plus que la démographie africaine galopante est un immense débouché : 1 000 milliards de dollars de chiffres d’affaires sont à capter sur le continent à partir de 2030 révèle l’AGRA dans son rapport annuel sur l’agriculture africaine.

Passer à l’action

Un cercle vertueux de création de richesse et d’emplois pour assurer la prospérité sur le continent est donc possible, et depuis belle lurette la chose est connue. Mais, pour sortir de la fiction, tous les acteurs à commencer par les Etats doivent passer à l’action. « Il est de la responsabilité de tous de passer à l’action », a interpellé Agnès Kalibata présidente de l’AGRA. « Si les Etats acceptent d’accorder chaque année 10% de leur budget au secteur agricole, je vous assure que dans 5 ans seulement, l’agriculture va transformer le visage de l’Afrique » a renchéri Sangafowa Coulibaly.

La Côte d’Ivoire pour sa part a pris la résolution, par la voix de son président, de consacrer 10% de son budget à son secteur agricole, conformément aux directives de Maputo. Sollicité pour prendre le leadership de la révolution verte en Afrique, Alassane Ouattara devra poursuivre le plaidoyer auprès de ses pairs afin de les engager à emprunter ce nouveau virage même s’il nécessitera des arbitrages douloureux dans un continent où tout est urgent.

De nouveaux engagements

Dans la foulée, la Côte d’Ivoire, pays hôte de l’évènement, a signé un mémorandum d’entente avec l’AGRA afin d’accueillir le bureau régional de l’institution qui sera dédié à accompagner les pays francophone d’Afrique de l’Ouest

En outre, en plus de 30 milliards de dollars annoncée lors de la dernière édition de 2016, les partenaires institutionnels se sont engagés à mobiliser 6,5 milliards de dollars sur les huit prochaines années pour soutenir les chaînes de valeur agricole en Afrique de l’ouest.

Egalement, l’AGRA, la Fondation Bill et Melinda Gates, la fondation Rockefeller ont lancé à l’occasion un nouveau partenariat de 280 millions de dollars pour augmenter les revenus et la sécurité alimentaire de 30 millions de petits exploitants dans 11 pays d’ici 2021.

Lors de la prochaine édition de l’AGRF en 2018, l’Afrique pourra faire un nouveau bilan des avancées réalisées après les assises d’Abidjan et jauger de sa volonté et de sa capacité à transformer son rêve en réalité.
Par Jean-Mermoz KONANDI

09 septempbre 2017
Source : http://www.financialafrik.com/