Fraude de cigarettes : Des interrogations persistent sur les contours
Dans notre livraison de la semaine dernière, nous évoquions, dans une enquête menée que nous poursuivons, une affaire de saisie d’une quantité importante de cigarettes non homologuées à Dosso. Au regard de l’importance de la saisie d’une valeur de trois milliards, cette fraude de cigarettes introduites sans doute par des complicités internes dans le pays est très préoccupante. L’on apprend d’ailleurs que l’opération n’est pas nouvelle. Cela fait bien un moment où ceux qui s’y adonnent mènent impunément leur activité criminelle, certains de pouvoir brouiller des pistes pour ne jamais être découverts. D’ailleurs, quand deux ministres de la République peuvent se déplacer pour voir la marchandise saisie et stockée au magasin de l’OPVN de Dosso, c’est que l’opération est suffisamment grave pour un pays qui prétend combattre la contrebande. Des questions se posent car l’affaire est entourée de tant d’énigmes auxquelles l’on ne peut trouver de réponses. D’abord, se demande-ton, qui a pu informer les ministres qui ont alors jugé utile de faire le déplacement de Dosso ? Il est en effet important de savoir le canal par lequel l’information a fuité pour arriver au niveau du gouvernement qui a dépêché deux de ses membres pour aller constater les faits qu’on leur a rapportés. Surtout, voudra-ton savoir, qui a pu mettre la puce à l’oreille du Ministre du commerce qui, seul, est habileté, à délivrer, si tant qu’il s’agit de produits destinés à la réexportation, le document qui peut l’autoriser ? Mais plus intrigant est le fait que, arrivé sur place et découvrant la quantité saisie, l’on ne peut présenter, même à visage voilé, le convoyeur de la cargaison de cigarettes. Qui donc se cache derrière cette marchandise d’une aussi grande valeur ? Pourquoi, les autorités parlent-elles peu de cet aspect de l’affaire ? Veut-on cacher une part de vérité sur ce dossier aux Nigériens, et pour quel intérêt ? Qui a donc intérêt à protéger la ou les personne(s) qui mènerai[en]t l’opération et à ce que l’on apprend, depuis un certain temps ? Selon des sources, ces derniers ne seraient pas à leur première opération et c’est sans doute après avoir profité d’une telle transaction frauduleuse qui leur apporte gros que l’entreprise a monté jusqu’à ce qu’elle puisse, pour cette nième opération, mobiliser tant de quantités de cigarettes pour un coût ahurissant de 3 milliards.
Mais, des sources crédibles disent que les identités de ceux qui sont soupçonnés dans cette affaire seraient en train d’être connues. Les douaniers soupçonnés sont-ils de la hiérarchie ou de seconde zone ? Pourquoi, ne veut-on pas qu’on les découvre ? Qui veut donc les protéger et pourquoi ? On se demande d’ailleurs pourquoi la Douane nationale ne s’est pas exprimée sur le sujet, observant un silence qui surprend autour d’une affaire aussi grave.
On se demande aussi, pourquoi l’autorité nationale n’a pas appelé à investiguer sur l’affaire. Veut-on aider à protéger des malfrats ?
Cette affaire est un dossier sur lequel il faut investiguer pour en savoir davantage afin de porter l’information à l’opinion nationale.
Le ministre du commerce qui connait parfaitement l’affaire Uraniumgate doit connaitre, apparemment, les contours de cette affaire de cigarettes. L’affaire de cigarettes est une affaire dans laquelle on risque de trouver un « T4». C’est pourquoi elle doit être nécessairement élucidée.
Ali Soumana