Le centre social de formation Hadiline : Quand l’entreprenariat se met au service des jeunes désœuvrés
L’engouement de femmes nigériennes pour l’entreprenariat n’a jamais été aussi grand comme durant ces dernières années. Dans ce domaine, beaucoup d’entre elles sont des modèles pour la jeune génération. C’est l’exemple de Mme Mayaki Hadiza Amadou Maïga, avec une bonne situation professionnelle, mais qui a fait le choix de se tourner vers l’entreprenariat. Elle est aujourd’hui directrice générale du Centre Social de Formation Hadiline, promotrice du Forum National pour l’Autonomisation des Femmes et des Jeunes et tout récemment directrice exécutive de Transforme Niger (une Association qui regroupe tout ce qui est promotion de l’auto-emploi, de l’entreprenariat des femmes, de l’autonomisation des femmes et des jeunes).
Créé en novembre 2009, avec ses modestes moyens, Mme Mayaki Hadiza Amadou Maïga, a déployé beaucoup d’efforts pour faire du centre de formation Hadiline ce qu’il est aujourd’hui. Avec 43 employés, un effectif composé de 70% des femmes qui font fonctionner l’entreprise. Guidée par une passion, elle n’a pas fréquenté une école de stylisme, mais elle a eu la chance d’être coachée par le promoteur de Ibou Africa création qui était d’ailleurs son tailleur. Ibou a cru en elle et il lui a tendu la main, il n’a pas vu en elle une concurrente et jusqu’à aujourd’hui quand elle a des difficultés, elle fait appel à lui et il n’hésite pas à l’aider. Pour une femme, gérer un atelier de couture c’était délicat au Niger, parce qu’il y a 13 ans la plupart des employés étaient des hommes, et ça été très difficile au début, explique Mme Mayaki Hadiza. Les trois premières années étaient vraiment difficiles, mais, elle a eu aussi la chance d’avoir autour d’elle, des gens qui ont cru en elle, qui ont fédéré à l’idéal auquel elle aspirait et qui ont su l’aider à pousser la barre très haut quand il le fallait.
Hadiline création, c’est du stylisme dans sa globalité : le vestimentaire (Homme, femme et enfant), la déco intérieur, décoration tout simplement ; travaux manuels et tout ce qui est agro-alimentaire. A ce jour, Hadiline création dépasse les frontières nigériennes, avec 22 trophées nationaux et 19 trophées internationaux. Ainsi, depuis 2015 Mme Mayaki Hadiza s’est donnée pour mission la lutte contre la délinquance juvénile et la mendicité des enfants en ouvrant la porte de son centre aux jeunes (filles et garçons) désœuvrés et aux ex-détenus mineurs pour profiter de la formation gratuite en couture, travaux manuels et tout ce qui est agro-alimentaire. Récupérer ces derniers en leur donnant une seconde chance dans leur vie, est une grande satisfaction pour elle. Ayant débuté avec 32 apprenants, le centre social de formation Hadiline est aujourd’hui à sa 9ème promotion. Ils sont au total 147 apprenants composés de 75% des filles et 25% des garçons dont des ex-détenus mineurs. En ce moment, a fait savoir la directrice générale de Hadiline création, deux ex détenus possèdent leurs propres ateliers dont l’un depuis 4 ans et l’autre depuis 3 ans. La durée de la formation c’est entre 8 et 10 mois, la continuité dépend de la motivation de l’apprenant. Au début, le centre aidait les apprenants en fin de formation à avoir chacun une machine, mais malheureusement, a déploré Mme Mayaki Hadiza, certains au lieu d’ouvrir leurs ateliers, ils revendaient les machines. Pour freiner cette inconscience, depuis 4 ans le centre a décidé de regrouper 4 apprenants qui sont dans le même quartier pour leur donner 3 machines, les encouragent à ouvrir ensemble un atelier et les responsabilise. Le Centre les accompagne également pour une immersion de deux mois quand ils finissent la formation afin de savoir comment gérer un atelier. « Il faut certes entreprendre, mais il faut aussi se fixer des objectifs à atteindre, se battre pour y arriver et il faut que l’Etat soit derrière ces jeunes pour pouvoir les appuyer, les épauler à tenir car, c’est très très difficile », a insisté la directrice générale du centre de formation Hadiline, Mme Mayaki Hadiza Amadou Maïga.
Par Aïchatou Hamma Wakasso(onep)
Source : http://www.lesahel.org