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CNSS : Des marchés pour détourner l’argent public ?

La Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS), sans que l’on n’en parle trop, est devenue au fil des ans, sous le Guri-système, cette autre vache à lait du régime où sont envoyés des pilleurs qui trouvent de l’argent à ne pas savoir quoi en faire au point de se permettre certaines prodigalités ruineuses, peu compréhensibles au regard des missions assignées à la caisse. Aura-t-elle construit des centres de santé pour la femme, pour les enfants, pour les travailleurs, on aura compris qu’elle est dans son rôle et l’on ne peut que saluer de telles initiatives somme toute louables. Se mettant en marge pour qu’on ne parle plus d’elle, depuis quelques temps, la CNSS profite de cet isolement voulu à dessein, pour verser dans un autre domaine totalement en contradiction – du moins a priori – avec ses missions originelles. Dans cette structure nationale, comme dans les sociétés d’Etat, l’on ne peut que se demander, avec un personnel vieillissant, comment se fait le recrutement pour rajeunir sa force de production. A priori, l’on peut croire que la CNSS n’échappe pas à la règle de l’époque avec des recrutements abusifs pour caser la marmaille héritière du patronat socialiste qui a investi tous les rouages de l’Etat pour que prospère sa descendance. Mais, abandonnons ce sujet auquel nous pourrions nous intéresser une prochaine fois. Venons donc au sujet de l’heure.

A travers une annonce ARMP/ Planning annuel de passation des marchés publics année 2023, au regard de ce qui a été inscrit comme actions à mener par la Caisse, l’on ne peut que s’interroger sur le bien fondé et la pertinence des investissements que la CNSS a décidé d’entreprendre pour « dilapider » sans doute le trésor de la caisse qui a certainement mieux à faire qu’à jeter son argent dans de telles infrastructures que le document évoque. Et l’on se demande à juste titre si la CNSS n’est pas en train d’abandonner sa vocation première pour devenir une société immobilière, un domaine dans lequel, des hommes peuvent plus facilement se faire de l’argent.

Genèse….

Il n’est pas vain de rappeler que la CNSS a aujourd’hui à sa tête un ancien Directeur général de la Sonibank que le système de la Renaissance a catapulté, pour récompenser sa désastreuse gestion de la banque et venir perpétuer à la CNSS ce qu’il sait faire de mieux au monde : la mauvaise gestion. Alors qu’il dirigeait la banque, une des plus merveilleuses du paysage financier national, il avait distribué, sans garantie, des crédits. Une telle légèreté a fait frôler la banqueroute à la société qu’il dirigeait. Il laissa alors, pour atterrir à la CNSS, la banque dans quelques difficultés. Mais, heureusement selon une enquête, la nouvelle administration réussit, par sa rigueur, par son professionnalisme et son sens de l’initiative, à remonter la pente, faisant aujourd’hui de la SONIBANK la plus stable des institutions bancaires, la plus performante, une société à la santé financière indiscutable. C’est donc après cette gabegie qu’il quitta la Sonibank pour venir à la Caisse de Sécurité Sociale (CNSS) qu’il dirige depuis quelques temps. Par la logique que le système mettait en place depuis avril 2011 pour enrichir la clientèle politique, il entreprit des actions que rien ne peut aujourd’hui expliquer car ne pouvant pas être comprises comme des urgences pour la Caisse. Vastes et nombreux chantiers, pour qui et pour faire quoi ? Dans le document que nous évoquions plus haut, au compte de la CNSS, un certain nombre de marchés sont lancés. Nous n’évoquons ici que ceux qui nous paraissent saugrenus au nom des missions de la CNSS qui est à but essentiellement social. Comment comprendre que les cotisations sociales des travailleurs servent à acquérir des infrastructures qui n’ont aucune vocation sociale ? Jugez-en vousmêmes lecteurs : il est fait cas de « Construction de deux immeubles avec boutiques et appartements Route Filingué et 2ème Arrondissement », d’ « Etudes architecturales et techniques pour les deux immeubles », de « construction d’un Centre Aéré de la CNSS », d’« Etudes architecturales et techniques du centre aéré CNSS », de la « Construction de deux portiques (Yantala et Boukoki) », de la « Restauration ex-SNTN » (deux fois donc pour deux régions) ; « Fonçage et équipement forage » (2 fois). Ce n’est pas tout, sur une autre page, nous relevons, la « Construction de mur de clôture de 45 parcelles en lots », la « construction de mur de clôture de 61 parcelles en lots », la « construction de mur de clôture de 27.600km2 en lots », la « construction de mur de clôture de 300 parcelles Cité Mandela en lots », la « construction du mur de clôture de 40.000m2 Cité de l’avenir en lots ».

Interrogations…

Il est évident que lorsqu’on lit tant de choses, l’on ne peut que s’interroger sur ce qui peut justifier de tels investissements de la part de la CNSS qui a certainement mieux à faire. Et aujourd’hui, l’on se demande quelle justification la nouvelle administration de la Caisse fera de ces nombreux immeubles qu’elle voudrait mettre en chantier et dans la même année. La CNSS a-t-elle tellement d’argent qu’elle ne sait pas quoi en faire sinon que de s’autoriser ces dépenses ostentatoires qui frisent la fantaisie, la gabegie et le détournement ? Au plan du social, la Caisse peut-elle manquer tant à faire dans le pays que de se permettre ces choix de la luxure ? Qu’a-t-elle à faire avec des boutiques ? Dans ces villes où l’eau existe avec les services de la SEEN, qu’a-t-elle à se fatiguer à construire en milieu urbain ces forages ? Il faut bien convenir que ces choix troublants des responsables de la caisse sèment le doute quant à ce qu’ils voudraient faire à la CNSS. Fautil à tout prix ruiner la caisse pour servir quelques appétits d’hommes qui ont décidé de tout détruire dans le pays pour leurs seuls intérêts ?

La HALCIA, pour investiguer….

Comme dans d’autres structures déjà connues, ici à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale, il y a visiblement maldonne et il revient à la Halcia d’aller investiguer pour informer les Nigériens de la gestion qui s’y fait et pour laquelle l’on ne comprend pas les silences des syndicats du secteur. Faut-il croire que pouvant être bourrée de PACA –Parents Amis, Connaissances et Alliés – ceux qui ont désormais eu le privilège d’y être employés, conscients de la faveur qu’ils ont eue pour y être, ne peuvent oser décrier la gestion qui s’y fait ? C’est de la survie même de la CNSS qu’il s’agit et la Halcia rendra un grand service à la nation en allant fouiller les coins pourris de cette administration afin que des prédateurs, qui ne sont pas à leurs premiers actes, ne fassent couler un instrument aussi important du dispositif social dans le pays riche de son expérience et de son histoire.

La CNSS ne doit donc pas s’écrouler par la faute d’hommes qui, en principe, si le pays avait été normal, n’auraient du arriver là pour poser les mêmes actes qu’ils posaient ailleurs. Il faut donc sauver la CNSS des griffes de la prédation.

Mairiga