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Nouveau scandale : Un marché de plus de 31 milliards de FCFA par entente directe à l’entrepreneur malien Ibrahim Diawara

L’Education, du primaire au supérieur, on le sait, est au coeur du programme de la Renaissance Acte III que conduit Bazoum Mohamed depuis qu’il est arrivé au pouvoir. On sait, pour ne parler ici que du niveau supérieur, que des actions d’envergure avaient été menées pour les universités, en partant du recrutement d’enseignants-chercheurs à la dotation de certaines universités de tentes marocaines pour servir d’amphithéâtres afin de pallier rapidement, au regard du délai rapide de leur construction, le problème d’infrastructures qui se pose. Même si, une des tentes n’a pas pu tenir face aux intempéries, l’on sait qu’à l’université de Niamey, l’infrastructure résiste toujours et sert aux enseignements. Dans le programme de la Renaissance acte III, le président de la République poursuit un programme ambitieux mais, à l’allure où vont les choses, l’on ne peut que se poser quelques questions sur la manière dont certains aspects des investissements consentis aux universités publiques sont en train d’être gérés par la tutelle et le ministère des Finances. En effet, dans un article d’Ismael AÏDARA qu’on peut lire sur le site de Confidentiel Afrique et intitulé « Niger : La société BUILDERS de l’entrepreneur malien Ibrahima DIAWARA va édifier 4 gigantesques infrastructures universitaires pour un coût global de 110 milliards de FCFA » et que le marché a été attribué à cette seule société, sans mise en concurrence et notamment à une entreprisse d’un pays avec lequel les autorités nigériennes sont en difficulté relationnelle. Faut-il soupçonner, derrière ce choix, quelques intérêts de la part des facilitateurs nigériens ? On lit que « Quatre universités de dernière génération seront construites respectivement dans la région de Niamey, Tahoua, Maradi et Zinder [par] Builders, la compagnie du Tycoon malien, Ibrahima DIAWARA […] retenue par l’État du Niger pour la réalisation de ces infrastructures. Le coût global des investissements est estimé à 110 milliards de FCFA. Et à une seule société sans mise en concurrence !

Mais qui est Builders ?

Sur le site de Confidentiel Afrique, l’on peut un peu apprendre de cette société que l’on dit être présente dans beaucoup de pays de la sous-région mais que l’on présente quand même comme une société malienne. Ainsi lit-on que « La société BUILDERS, fruit d’une fusion BTP et infrastructures, filiale IBI Group, propriété du jeune entrepreneur malien, monte en puissance. Elle est désormais en piste dans les gravats des 4 futures universités haut standing qui vont sortir de terre à Niamey, Maradi, Tahoua, Zinder. Une grande marque de confiance de l’État du Niger envers BUILDERS, qui a jeté son dévolu sur l’expertise africaine ». Mais l’on n’apprend rien de ce qui rend crédible la société, car on ne renvoie à rien de ce que la société, ailleurs, a réalisé d’extraordinaire et de visible qui convaincrait sur son expertise dans le domaine des BTP. On apprend seulement que « BUILDERS va réaliser avec ses partenaires stratégiques les 04 universités du pays, temples du savoir, afin de relever les plateaux d’enseignements de niveau supérieur ». Qui sont ces partenaires stratégiques ? L’expression est d’autant faite de confusion que l’on ne peut croire à son expertise supposée car Builders, lui-même, ne travaille qu’avec des « partenaires stratégiques » indéfinis. Dès lors, cette affaire semble bien louche pour ne pas donner du crédit aux choix qui sont en train d’être faits par les deux ministères.

Aussi, alors que le journal en ligne estime que « C’est l’un des chantiers titanesques du Président Mohamed BAZOUM pour sa mandature en cours [pour lequel] le Conseil des Ministres, réuni vendredi 22 juin 2022, dans la salle habituelle des délibérations, sous sa présidence et en sa qualité de Président du Conseil des Ministres, a attribué le marché de ces ouvrages à BUILDERS SA ». Mais, a-t-on donné toutes les garanties au président nigérien instigateur de ces projets pour qu’il s’assure du choix et de certains autres aspects du dossier ? Pourtant, il semble qu’il y a trop à redire sur ce marché.

Comment ne pas s’en méfier quand Confidentiel Afrique célèbre Builders comme « Une success-story qui prendra de l’amplitude au Niger avec ces chantiers universitaires de dernière génération et qui transformeront le visage du secteur éducatif, en proie à plusieurs dysfonctionnements. BUILDERS entre dans la cour des grands constructeurs d’ouvrages haut de gamme, sans complexe de ce que l’on trouve de mieux à l’Occident, en Asie ». Faut-il donc croire que c’est seulement avec les milliards du Niger que la société malienne, enfin, « entre dans la cour des grands » ? On ne donne aucune preuve de ce qui la fait rentrer dans la cour des grands sinon que de bénéficier de ces gros chantiers qui lui donnent tant de milliards nigériens dont des complices pourraient se partager des dessous de table.

Mais revenons sur le montage du dossier…

Il faut rappeler que, pour une première fois, la démarche qui attribuait le marché à Builders avait été décriée par la presse et la dénonciation, à l’époque, avait dissuadé à rompre le contrat. Mais, alors qu’on avait cru que c’était pour de bon, voilà que le dossier refait surface avec les mêmes acteurs. Selon nos sources, pour épauler la société dans l’exécution du marché, on devra, selon nos sources, l’aider à avoir accès à des crédits avec des banques, de l’UEMOA en l’occurrence. La démarche existe, apprend- on, et elle est tout à fait légale et normale, mais, quand on s’entête à retourner auprès de la même société pour tenter d’exécuter le marché en « entente directe », l’on ne peut que se poser mille et une questions. C’est intrigant et Bazoum lui-même devrait s’en préoccuper au nom de la bonne gouvernance qu’il voudrait prôner!

Depuis quelques jours, le Ministère de l’Enseignement Supérieur est en train de « réchauffer » le dossier, initiant des termes de références pour reprendre le même projet de construction d’infrastructures universitaires et le confier à la même société malienne. Il s’agit de deux dossiers de termes de références, l’un traitant de la « Réalisation d’études de faisabilité » dans le cadre de la construction d’infrastructures universitaires dans les centres de Maradi, Niamey, Tahoua et Zinder en lot unique, marché négocié par entente directe sans mise en concurrence avec l’Entreprise BUILDERS. S.A pour un délai d’exécution de trente-six mois pour Trois milliards huit cents quarante-neuf millions deux-cents-trente-sept mille cinq-cents (3 849 237 500), imputés au budget national.

Grand chantier…

Il faut reconnaitre que le chantier est très important pour changer le visage de très vieillottes infrastructures, très dépassées de nos universités, mais faut-il croire au sérieux de cette entreprise quand, pour bien d’autres chantiers, l’on s’est souvent localement contenté de sociétés sur le territoire national, notamment SUMA, présente déjà dans le pays et ayant quand même fait ses preuves ? Quand on considère l’importance du marché constitué d’un lot unique composé de : pour l’Université de Maradi d’un amphithéâtre de 1000 places, d’un amphithéâtre de 500 places, d’une cité dortoirs de 600 lits, de deux laboratoires et d’un restaurant de 500 couverts avec annexes ; pour l’Université Abdou Moumouni de Niamey, d’un amphithéâtre de 1000 places, un amphithéâtre de 500 places, de deux cités dortoirs de 600 lits, d’un laboratoire et d’un restaurant de 500 couverts avec ; pour l’Université de Tahoua un amphithéâtre de 1000 places, un amphithéâtre de 500 places, une cité dortoirs de 600 lits, de deux laboratoires, et d’un restaurant de 500 couverts avec annexes ; pour l’Université de Zinder d’un amphithéâtre de 1000 places, un amphithéâtre de 500 places, d’une cité dortoirs de 600 lits, de deux laboratoires et d’un restaurant avec 500 couverts avec annexes.

Mise à l’épreuve à l’université de Niamey…

C’est avec l’Université de Niamey que le chantier commence visiblement, avec un premier marché qui devra être exécuté dans les mêmes conditions pour les « Travaux de construction d’infrastructures à l’Université Abdou Moumouni de Niamey » d’un budget de Trente-un milliards huit-cent millions (31 800 000 000) F pour un délai d’exécution de trente six (36) mois. Builders, peut-elle exécuter tous les chantiers des quatre universités et sur quelle période? Est-on, dès lors, par un tel choix, pressé de régler le problème d’infrastructures des universités et surtout quand, selon nos sources, on précise que l’entreprise ne peut pas sous-traiter le marché, ou même une partie du marché. Dès lors, pourquoi ne pas aller à un appel d’offre – international s’il le faut au regard de l’importance du projet – en scindant le marché en plusieurs lots? N’est-ce pas Monsieur le Président?

Pourtant, certaines expertises laissent croire que ce montant est bien surestimé pour équivaloir ce que, de tels ouvrages pourraient coûter en réalité. Pour celles-ci, ce qu’il faut pour construire ces différentes structures pour l’Université de Niamey ne peuvent guère dépasser les 17 milliards au lieu des trente-un visiblement arrangés par des gens qui, vraisemblablement, attendent le retour de la manivelle. Comprenne qui pourra. Dès lors, au regard de l’insistance à vouloir coûte que coûte octroyer le marché pour une première fois qui a avorté et une deuxième qui est en marche à Builders S.A., peut-on vraiment être rassuré de la régularité des conditions dans lesquelles le marché est en train d’être exécuté ? Voudra-t-on enrichir quelqu’un ainsi que le PNDS, pendant dix ans, sous Issoufou l’avait fait ? Certains, peuvent- ils ne pas vouloir aider Bazoum Mohamed à réussir son mandat pour vouloir profiter de telles pratiques malsaines et desquelles, le nouveau président, a quand même promis de se départir pour promouvoir une bonne gouvernance ? Peuvent-ils en avoir tellement l’audace au point de braver sa parole donnée et une justice à laquelle, il demandait, il n’y a pas si longtemps, de savoir jouer désormais son rôle au seul service du peuple ? Peut-on encore penser qu’il y ait des Nigériens qui peuvent croire qu’ils peuvent tout oser sans rien craindre, ni de Bazoum ni de la Justice ? Sur qui alors, peuvent-ils compter pour continuer à prospérer dans l’inconduite politique ? Sur Issoufou ? Sur Bazoum ?

Le Président, avant que ce marché ne continue, doit le faire auditer car si tant est que le gap est si important entre le coût réel et le coût trafiqué et arrêté, alors il faut sévir car la différence pourrait aider Bazoum à faire d’autres réalisations au profit d’une école qu’il met au centre de sa gouvernance. Et il n’y a pas d’autres voies : ce n’est qu’en promouvant la bonne gouvernance et la lutte contre l’impunité qu’il pourra s’en sortir… Et avancer.

Mairiga