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Gestion lucrative de l’insécurité au Niger : 4 141 484 096 FCFA sortis du Trésor national en moins d’un mois

L’insécurité et les affaires lucratives qui ont entouré cette nébuleuse ont sans doute coûté plus cher à l’État que ne le savent les Nigériens. Sur la base de nouvelles informations financières sur la question, c’est une véritable hécatombe. Les montants mis en cause dans le scandale financier qui a secoué le ministère de la Défense nationale et choqué l’opinion nationale nigérienne sont probablement loin du gouffre financier occasionné par la gestion de la sécurité. Un vrai tonneau des Danaïdes ! Une aubaine surtout pour ceux qui, sans état d’âme, ont vu en cette situation dramatique une occasion inespérée de s’enrichir. La gestion lucrative de l’insécurité, dénoncée tambours battants par les Nigériens, est un dossier qui risque de scandaliser encore plus les Nigériens le jour où le voile qui l’entoure sera complètement soulevé. Selon des documents confidentiels dont le Courrier a obtenu copies, le flux d’argent pomau Trésor national pour la sécurité dépasse tout entendement. Sortis au rythme d’une semaine, voire selon une périodicité de quatre jours, les montants varient de 300 millions, le plus faible, à un milliard de francs CFA. Sur une période de 24 jours examinée, les montants sortis atteignent la somme de 4 141 484 096 FCFA, soit une moyenne de 690 247 349 FCFA tous les quatre jours ou de 172 561 837 FCFA par jour. Des montants qui frisent la démence dans un pays où, pratiquement chaque jour, des soldats meurent par faute de matériels matériels de guerre adéquats et que des personnes civiles sont massacrées, terrorisées, chassées de leurs villages, sur fond d’actes pyromanes visant leurs greniers.

Malgré les milliards inscrits au budget national au titre du ministère de la Défense nationale, l’armée nigérienne manque cruellement d’armements indiqués pour faire face aux attaques armées récurrentes.

Si 4 141 484 096 FCFA sont sortis en l’espace de moins d’un mois en 2015, on ne peut que s’interroger sur les montants qui ont été sortis au titre de la sécurité entre 2017 et 2019, les années de braise. Années de braise, mais également d’affaires lucratives. C’est la période des détournements massifs au ministère de la Défense nationale. Ministre de la Défense au cours de cette période, Kalla Moutari, a été sévèrement épinglé par un article du journal Le Républicain, pourtant très proche du Pnds Tarayya. Kalla était notamment accusé de passer le plus clair de son temps à recevoir des commerçants et à privilégier une distribution de marchés d’acquisition de véhicules 4X4 propices à de fortes commissions que de s’atteler à l’essentiel.

Les faits, clairement établis par le rapport d’audit du ministère de la Défense sur la période 2017- 2019 ont révélé la face la plus hideuse de ce scandale. Malgré les milliards inscrits au budget national au titre du ministère de la Défense nationale, l’armée nigérienne manque cruellement d’armements indiqués pour faire face aux attaques armées récurrentes. Non seulement, elle ne disposait pas d’appareils de surveillance appropriés, d’hélicoptères et d’avions de combat en nombre conséquent, mais ceux qui existent étaient soit en panne, soit cloués au sol pour des raisons sur lesquelles le gouvernement ne s’est jamais expliqué. Ce sont des appareils acquis sous Mamadou Tanja et qui servent plus le décor. Pas plus. Pire, on a fourni aux Forces armées nationales (Fan) des armes et des munitions défectueuses. Les conséquences sur la propagation de l’insécurité sont incalculables. À croire que l’on a sciemment crée les conditions d’une dégradation de la situation.

Le rapport d’audit n’a révélé, selon ces sources crédibles, que la face immergée de l’Iceberg

Selon des personnes ressources au fait de l’hémorragie financière provoquée avec l’alibi de l’insécurité qui a servi plus à enrichir des individus qu’à équiper les Forces armées nationales, les dégâts sont beaucoup plus énormes que ceux qui ont été mis en exergue jusqu’ici. Le rapport d’audit n’a révélé, selon ces sources crédibles, que la face immergée de l’Iceberg. Par delà les centaines de morts, les pertes matérielles et l’hécatombe sur l’économie locale, on s’interroge particulièrement sur l’étendue des fonds publics et/ou aides financières détournés. Seule certitude, c’est que les autorités nigériennes ont toujours évoqué 10%, 15% et 20% du budget total de l’État affecté à la question sécuritaire. Or, si l’on s’en tient à la moyenne de ces taux avancés par les voix les plus officielles, soit 15%, ce n’est pas moins de 120 milliards de francs CFA qui ont été annuellement consacrés à la sécurité.

120 milliards de francs CFA par an à la sécurité ! Pourtant, de 2014 à 2019, les Nigériens ne se souviennent pas avoir vu un seul hélicoptère, avion de combat, drones de surveillance ou armés qui aient été acquis par les Forces armées nationales qui ont continué à enregistrer les morts, le plus souvent dans des embuscades par faute de moyens de surveillance et de couverture aériennes. En attendant que les commandes que le Président Bazoum a annoncées — des commandes qui couvrent drones, avions et hélicoptères de combat entre autres — arrivent, le Niger vit des heures sombres et les Nigériens, civils et militaires, meurent sous les balles ennemies.

Laboukoye