Skip to main content

Artisanat : Le métier de tisserand en voie de disparition au Niger

Autrefois, le tisserand faisait partie d’une catégorie socioprofessionnelle très respectée dans nos sociétés traditionnelles. La division du travail avait fait en sorte que le tisserand jouait un rôle privilégié dans les sociétés traditionnelles africaines. Pourquoi ? Parce qu’il est celui qui confectionnait les habits pour les personnes ayant l’âge de porter des vêtements, ne serait-ce que pour cacher les parties intimes. Le contact avec le colonisateur avec ses effets négatifs et positifs a légué au second rang certaines fonctions dans l’organisation traditionnelle de la société, ou les a fait disparaitre complètement. C’est l’exemple du métier de tisserand qui, aujourd’hui est quasiment absent dans la société nigérienne.

L’ère du modernisme a fortement influencé la culture nigérienne au point de la réduire à sa simple expression. Pourtant, le Niger est un pays extrêmement riche dans le domaine culturel avec une population composée d’une multitude d’ethnies. Chaque ethnie a sa propre culture. C’est dire que la diversité culturelle constitue un atout majeur dans une société comme la nôtre. Malgré un paysage multiculturel, le métier de tisserand a tendance à disparaitre. Plusieurs facteurs expliquent cette situation. D’abord, l’envahissement des produits des industries occidentales de textile. L’absence d’une bonne politique de production du coton pour rendre disponible la matière première aux tisserands. M. Wahidou Goumare est un tisserand au musée national de Niamey. Agé de 51 ans, il affirme avoir débuté son apprentissage en 1979 auprès de son patron qui s’appelle Ali Sinka. Il créa quelques années plus tard son propre atelier de tisserand après avoir eu la main dans ce métier qui est trop exigent. M. Wahidou achète la matière première qui est le fil de coton au grand marché. Les commerçants nigériens eux-mêmes s’approvisionnent au Burkina Faso qui est un pays producteur du coton. Le Niger était aussi producteur du coton. L’industrie de fabrication du fil de coton était tombée en faillite en 1997. M. Wahidou utilise divers types de fils de coton tels que le rouge, noir, blanc, vert….etc. Il achète le rouleau de fil de coton à 4000 voire 5000 FCFA. A l’aide de ces fils de coton, Wahidou confectionne les pagnes traditionnels communément appelés «  Téra-Téra ». Le « Soubane » ou « Téra-Téra » est un pagne multicolore. Il reflète la culture songhaï-zarma. Selon Wahidou, le métier de tisserand était d’une grande valeur. En effet, beaucoup de citoyens se remémorent encore ces années pendant lesquelles les étoffes confectionnées avec dextérité par les artisans nigériens faisaient la fierté des familles. Ces toiles qu’on appelle « Téra-Téra » ou « Sakala » du fait des différents motifs qui sont tissés étaient très prisées. Ces pagnes sont  utilisés surtout à l’occasion de cérémonie de mariage. La jeune mariée et le jeune marié sont méticuleusement couverts par le
« Soubane ».

En dépit de la disparition progressive du métier de tisserand, M .Wahidou souligne tout de même qu’il a beaucoup profité de son activité. « J’ai réalisé beaucoup de choses. Ce métier a permis de garder ma dignité parce que je ne quémande pas. Lorsqu’on est fier de ce qu’on fait comme travail, on peut réaliser beaucoup de choses. Beaucoup de clients viennent ici faire des commandes. Je vends Téra- Téra de 100.000 à  150 .000 F CFA  l’unité.

Cependant, avec l’évolution du temps, certains ne connaissent pas Tera-Tera. M. Wahidou lance un appel à l’endroit des autorités pour qu’elles  leur viennent en aide afin que le secteur de l’artisanat puisse davantage contribuer à l’économie nationale.

Par Yacine Hassane et Omar Abdou(onep) 

Source : http://www.lesahel.org