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Musique moderne nigérienne : John Sofakolley refait surface

Le temps de gloire et le retour sur scène

A travers ces mots aimables, on comprend aisément, la joie qui anime notre artiste de faire de cet art un vrai métier. Mes amis et mon oncle m’ont d’ailleurs encouragé. C’est de mon oncle que vient mon goût pour la musique, il aimait beaucoup chanter et s’adonnait corps et âme à ce métier, donc je ne peux que suivre ses pas. J’ai fait le tour du pays avec lui pour ses concerts. J’ai un peu pris de l’âge et ce qui est d’ailleurs inévitable, le plus important aujourd’hui pour moi c’est d’aimer ce que je fais et de continuer à servir mon pays. Toutes ces années passées à l’extérieur c’est de l’expérience.

Parlant toujours de sa carrière il rappelle qu’il a été pour la première fois sur scène en 1982. Il était guitariste et chanteur. C’est ainsi qu’il s’est fait connaitre par le public nigérien à travers le Prix Dan Gourmou lors duquel il a décroché le premier prix en février 1989. Il composait des supers sons depuis Dosso dont les plus connus par les Nigériens Dosso Bangou, Taboussissé,…. Parmi ses tubes, plusieurs ont eu un succès fou auprès du public, grâce auquel il a beaucoup voyagé dans tout le Niger. John s’est également produit dans plusieurs pays notamment au Japon où on lui a appris à jouer la guitare. Un parcours qui n’a pas été sans difficultés, a-t-il expliqué la première difficulté est d’ordre financier. «Trouver de l’argent pour se produire, ce n’est pas facile. Raison pour laquelle de nombreux artistes talentueux restent dans l’ombre. L’autre difficulté, c’est la piraterie, une vielle maladie qui nous ronge progressivement. Nous sommes là les anciens qui avions tout donné à la musique mais nous sommes négligés. Beaucoup de nos artistes, nous les avions formés pour être là où ils sont présentement. Je veux sortir un album, par manque de moyens, j’ai un peu arrêté. J’ai mon groupe arc en ciel avec Sofakolley en février 1989 le premier prix dan Gourmou. En 1993, j’ai changé le groupe en ‘’Saguera’’ et cela a bien marché car j’arrivais à avoir des commandes pour des animations lors des grandes soirées culturelles. Je viens de finir l’album qui veut tout simplement dire en langue locale ‘’ je suis de retour’’. Nous avions plein de projets avec Malam Barka mais malheureusement il nous a quittés » a-t-il soutenu.

L’album ‘’ John et wizza’’

Selon John, «cette génération des années 80-90 fait de la bonne musique et l’actuelle est en train de tituber. De nos jours les musiciens veulent s’enrichir vite. Ils rêvent beaucoup. Ils ne veulent pas fournir assez d’efforts et veulent à tout prix grandir. Seule la patience paie ». Le nouveau groupe de John s’appelle donc’’ Wizza’’ pour dire qu’il est de retour, «je reviens en force pour montrer les vrais talents du Niger. Nous sommes huit dans le groupe, avec des choristes, des batteurs, des guitaristes, des solistes, des pianistes, des chorégraphes….Nous évoluons en équipe et nous nous entendons bien. J’ai collaboré avec beaucoup d’artistes qui sont bien connus sur le plan national. J’aborde des thématiques les plus sensibles sans heurter la sensibilité des uns et des autres. Cela n’empêche pas à ce que le message passe. Je reste respectueux de toutes nos valeurs positives. D’ailleurs, tout le monde sait que travailler honnêtement et à la sueur de son front pour gagner sa vie est une règle de la vie qui est très recommandée par l’islam » a-t-il précisé avant d’indiquer que les autorités doivent aider les artistes afin de faire sortir des vrais albums, des albums dignes et compétitifs. La culture a besoin d’être réorientée, et aux artistes de s’unir, d’être solidaires.

«En ce qui concerne mes projets, j’en ai plusieurs que je suis en train de préparer avec mon groupe wizza. Nous sommes en répétition pour des nuits nostalgiques que nous comptons organiser en collaboration avec certaines institutions de la place.»

Aïssa Abdoulaye Alfary (ONEP)

08 mars 2018 
Source : http://www.lesahel.org/