Styliste modéliste Hawa Aboubacar Hassane Siddo : Des créations tradi-modernes épurées
A travers ’Anafric’’ qui veut dire tout simplement une pirogue qui embarque les cultures «vestimentaires» de l’Afrique, la styliste modéliste Hawa Aboubacar Hassane Siddo, invente sa marque. Convaincue que l’Afrique a beaucoup de talents artistiques, Hawa Aboubacar Hassane Siddo propose à la clientèle des habits confectionnés à partir des tissus traditionnels dont le batik, le « kounta », le « sakala ». Une manière pour cette styliste trentenaire de faire redécouvrir et de valoriser les pagnes tissés traditionnels.
Déjà à l’école primaire, précisément en classe de CE2, Hawa consacre son temps de repos à la couture. Elle s’aventure sur la machine à coudre de sa mère pour apprendre comment confectionner des habits pour ses poupées, notamment des robettes, des chemisettes qu’elle coud souvent à la main.
«Du coup quand on nous coud des tenues en pagne, je me cache pour prendre les foulards ou un pagne quelconque de ma mère avec ma double décimètre, j’essaie de mesurer les différents points de cette tenue pour reproduire cette couture» raconte-t-elle avec un brin de nostalgie. Ayant vécu des années à l’étranger, Hawa admirait les mannequins et les stylistes, qu’elle voyait dans les magazines de mode et ou à la télévision. Dans son fort intérieur, la jeune femme rêvait un jour d’être à la place de ces mannequins qui défilaient splendidement sur les podiums. Parallèlement à ses études auxquelles ses parents tenaient particulièrement, elle accordait une place de choix dans sa vie au métier de modéliste. Elle était restée très accrochée à la culture, à la tradition, mais aussi et surtout à son identité culturelle.
Après son obtention du baccalauréat en 2005, la passion pour ce métier prend le dessus sur toute autre formation post-baccalauréat. Elle n’avait point hésité de rejoindre aisément un groupe d’amis pour devenir mannequin. Ce qui lui a permis de se rapprocher plus de ce monde de stylistes. «Grace à ce réseau, j’ai pu défiler sur des podiums tant au niveau national qu’international», confie-t-elle.
«Lors du Salon International pour la Femme (SAFEM), une tante qui apprécie toujours la façon de m’habiller et mon style m’a approché et m’a donné une idée. ‘’Si tu ne peux pas coudre essaie d’être intermédiaire entre les couturiers et les personnes comme moi qui n’ai pas le temps pour valoriser cet esprit créatif que tu as pour la couture’’. J’ai apprécié l’idée et je me suis donnée à fond dans la sous-traitance de la couture. Mes créations portent toutes une petite touche qui les distinguent des autres», a-t-elle expliqué.
Heureusement, cette première aventure a bien marché. Petit à petit, Hawa s’est forgée dans l’expo-vente. «J’ai eu une clientèle importante qui faisait mon affaire. En un rien de temps, j’ai développé un vrai circuit commercial notamment pour les prêts à porter qui, s’achètent comme des petits pains par les amis et connaissances qui venaient pour les vacances à Niamey. Je recevais régulièrement des commandes de l’Europe ou du pays de « l’oncle Sam», explique au détail prêt la jeune styliste.
Pour davantage valoriser ses créations et accroitre plus son chiffre d’affaires, Hawa avec un teint d’ébène, naturellement coquette, et une silhouette raffinée, porte lors de ses sorties ses tenues. Pour elle, il n’y a pas meilleure exposition que de porter ce que l’on vend. Elle porte fièrement les tenues confectionnées par elle-même et ou ses apprentis. Elle s’inspire de la nature, des femmes qu’elle voit chaque matin et surtout les tendances publiées çà et là. Pour elle, la femme africaine est belle, elle se distingue par ses parures, son teint, par son habillement et par tout ce qu’elle possède comme atouts physiques. Il suffit juste de la sublimer par des particularités tirées de nos us et coutumes.
Nos créateurs s’imposent peu à peu sur les podiums internationaux
Hawa estime que nos tissus sont riches parce que chargés d’histoire et des couleurs qui forcent l’admiration pour permettre de faire n’importe quelle alliance pouvant sublimer la femme africaine. En promouvant le pagne traditionnel, la jeune styliste fait le choix de distinguer nos artisans locaux qui tissent péniblement les « kounta », les « Téra Téra » et autres parures chargés d’histoires. Elle voue un amour fou pour ces étoffes magnifiquement tissés aux couleurs vives et aux motifs géométriques. Pour Hawa, la concurrence est bien là mais elle n’en a pas du tout peur. «La concurrence nous fait grandir, elle nous permet de nous améliorer, de réinventer notre façon de faire et d’innover perpétuellement pour répondre à la demande de plus en plus forte et exigeante », dit-elle.
Elle estime que nos créateurs sont dynamiques. «Il suffit, pour s’en convaincre, de regarder autour de nous, des jeunes qui arrivent à marquer de leur empreinte la mode. Au niveau des cérémonies de réjouissances telles que les mariages, baptêmes, cocktails, diners et ou autres, les Nigériens font ces derniers temps la promotion du « consommons local ». Et c’est tout à notre honneur», estime la jeune styliste. Pour Hawa, nos artisans sont ambitieux et croient de plus en plus fermement à ce qu’ils font. De par leurs créations, ils essaient d’apporter des touches particulières, d’allier joie de vivre et un savoir-faire traditionnel. Malgré les défis qu’ils rencontrent, ils pensent que l’espoir est permis et que les africains, singulièrement les Nigériens se réconcilient peu à peu avec leurs identités culturelles. Avec de la persévérance, du professionnalisme, les Nigériens sont sur la voie pour conquérir le monde de la «création- artistique».
Hawa ne s’en laisse point, elle va aller à la découverte des matières, des créations, des cultures, et ou d’autres versions de la mode surtout africaine qui vont davantage raviver les cœurs des Nigériens. Hawa Sido va aussi à la conquête du monde. Pour y arriver, elle ambitionne de s’impliquer davantage dans la recherche des partenaires pour parfaire ses créations et leur apporter plus de vies et de couleurs. «On tisse des liens, on envisage des collaborations pour l’avenir car nous respectons l’art, l’artisanat et le travail», a-t-ell conclu.
Aïssa Abdoulaye Alfary(onep)
Source : http://www.lesahel.org