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Culture : Mlle Mariama Daouda : revaloriser la croix d’Agadez à travers la maroquinerie

Avec le soutien de sa famille, elle a commencé à confectionner ses sacs avec plusieurs types de matériaux ; sans utiliser exclusivement des matières qu’on connait déjà, ou du déjà utilisé (cuir ou pagne). Pour elle, les stylistes font plusieurs choses avec des pagnes d’où la nécessité de se pencher sur l’originalité et la culture nigérienne.

Zamany accessory Mariama DaoudaPour ce qui est des employés, elle a formé une petite équipe, composée de trois personnes pour l’instant, payées au prorata. On fait des lots de sacs et chaque lot comprend dix, quinze ou vingt sacs, tout dépend de la demande. L’autre objectif de Mariama est de faire la promotion de l’artisanat nigérien. Ils sont en effet nombreux ces artisans nigériens ’’cachés’’, qui font du bon boulot, arrivent à bien tisser, bien forger, bien décorer, bien orner, mais méconnus du grand public. Elle affirme admirer le travail remarquable de ces derniers et a voulu leur emboiter le pas, en faisant de ces belles perles de croix d’Agadez des accessoires pour sacs à main. Elle pense qu’il y a de quoi se sentir fière de ses origines et de prendre connaissance de ses racines.

Dans un premier temps, Mariama a souhaité placer ses produits dans des espaces sélectifs notamment lors des expositions, des foires et dans des instituts de beauté. « Pour l’écoulement, j’ai eu à faire ma première exposition, il y a près de deux mois à Soleil d’Afrique lors d’un défilé nommé ZakMake up ; c’est le défilé seulement, il n’y a pas eu de vente. Comme tout début n’est pas facile, je voulais juste que les gens connaissent la marque de mes produits. Qu’ils s’adaptent, s’approprient davantage et qu’ils commencent à acheter. Les prix des sacs varient en fonction des modèles et des matières utilisées. Les sacs simples sans croix d’Agadez coûtent trente mille (30.000FCFA). Les simples avec croix d’Agadez sont vendus à trente-cinq mille (35.000f).

Lors de ses déplacements, elle a constaté que ses sacs sont appréciés plus à l’extérieur qu’au pays. Ici, au Niger l’artisanat n’est pas valorisé, les femmes aiment porter plus de produits importés ; afin de les brandir ou dire que mon sac est de telle ou telle marque. Pourtant, nous n’avons rien à envier à l’extérieur ; nous avons tout ici ; il suffit seulement de bien travailler et de faire sortir quelque chose de fin. Dans la sous-région, les artisans utilisent les mêmes marques, les mêmes matières que nous avons ici».

Mariama définit son travail de montage de sac comme un travail de recherche constant sur les volumes, les matières. Pour confectionner un joli sac, il faut avoir le goût de l’agencement et de la mise en forme pour créer, manier les couleurs, les formes, les matériaux et les textures. « Je tire déjà un chapeau à toutes ces femmes qui se battent au quotidien, qui font tout leur possible pour être autonomes, indépendantes. L’image qu’on a de la femme d’avant et d’aujourd’hui a changé, elle n’est plus la même. Avant, l’image qu’on a de la femme est traditionnelle, elle doit s’occuper de la maison, de son foyer. Les femmes ont compris qu’il faut se battre pour réussir et ce n’est pas aux hommes seulement de le faire. Tous les jeunes doivent se battre pour réussir, aller vers les opportunités, oser, faire quelque chose de sa vie ».

Côté projet, elle vient juste de finir ses études en ingénierie financière et jusque-là elle n’a pas trouvé de travail fixe. Elle fait des stages par ci, par là en attendant. Mais la marque suscite déjà un engouement. « Nous recevons de nombreuses demandes pour des cadeaux et celles qui achètent en gros pour les revendre avec des bénéfices hors du Niger», explique-t-elle.

Elle est actuellement à Ouaga pour une exposition. Bon vent à Zamany accessory !

Aïssa Abdoulaye Alfary(onep)

07 juillet 2017
Source : http://lesahel.org/