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Culture/Yahaya Issoufou, jeune sculpteur : Donner “une seconde vie” aux os et aux cornes

Au moment où certains de nos jeunes s’intéressent aux activités telles que le sport, le cinéma ou la couture, Yahaya Issoufou a choisi la sculpture. Très motivé dans cet art qui est sa passion, Yahaya aime beaucoup partager ses connaissances avec les autres jeunes Nigériens désirant se spécialiser dans ce domaine. Dans l’atelier de sculpture, on peut voir des cornes et os de la Coopérative du centre de métiers d’art du Niger qu’il co-gère avec un autre artisan. Il se bat corps et âme pour promouvoir cet art en exposant divers articles. Se servant d’outils et matières accessibles, Yahaya traduit ce qu’il pense en divers articles qui répondent au goût de sa clientèle.

Yahaya Issoufou pratique cet art depuis plus d’une vingtaine d'années. Une formation qu’il a reçue auprès de son maitre qu’il appelle affectivement Doula au niveau dudit centre. Cette pratique transmise de génération en génération continue encore de susciter de la passion dans le rang de nos jeunes.

A tout moment dans son atelier, ce jeune sculpteur est toujours présent et collé à sa passion. Il fabrique divers objets comme le bracelet qui se vend entre 3000 à 10.000F, des boucles d’oreille vendues 2000 à 5000F, des colliers, des médailles pour un prix variant entre 10.000 F et 20.000 F selon les modèles. «Au début, nous payons les sacs d’os de chameau ou de cornes autour de 10.000F au marché de Katako. Avec le temps, la vente se fait en Kg. Du coup, les prix ont explosé. Actuellement, le sac tourne autour de 20.000F. En plus, l’approvisionnement ne se fait plus à Katako mais plutôt à l’abattoir frigorifique de Niamey», a-t-il confié.

«Le sculpteur a l’art de modeler l’os ou la corne pour faire des articles ayant presque la même qualité que ceux à base d’ivoire», explique Yahaya Issoufou. Une fois qu’il achète les os et les cornes, l’artisan les débarrasse de la graisse avant de les blanchir pour qu’ils soient plus utiles dans son métier. «L’interdiction d’ivoire est un handicap dans ce secteur mais les artisans   s’accommodent à la situation. C’est pourquoi nous nous sommes tournés vers les os de chameaux et les cornes», a-t-il confié.

Grâce à leur ingéniosité, les artisans proposent à leurs clients des articles de qualité et concurrentiels. «Nous enregistrons souvent des commandes venant de clients du Niger et ceux de l’extérieur. Certains clients peuvent lancer deux commandes par an», a-t-il expliqué. La confection de 20 paires de boucle d’oreille peut se faire en une heure tandis que les bracelets prennent plus de temps, un ou deux jours par exemple pour 10 à 20 paires», a-t-il dit. Selon Yahaya Issoufou, le manque de matériels modernes rend la tâche difficile aux sculpteurs en les obligeant à travailler de manière parfois archaïque. Toutefois, grâce à leur capacité d’adaptation et leur savoir-faire, les artisans Nigériens proposent à leur client des articles de qualité.

Yahaya Issoufou se réjouit de constater qu’aujourd’hui les jeunes ont plein d’idées et d’ambitions. Il leur suffit d’un peu de soutien pour qu’ils puissent réaliser des choses formidables. «Nous sommes prêts à soutenir et à partager nos expériences avec ceux qui le désirent afin non seulement de les accompagner à découvrir ce domaine mais aussi à l’atteinte de leurs objectifs. L’artisanat est un domaine vaste, pourvoyeur d’emploi  qui nécessite un peu d’attention pour que les artisans qui l’animent puissent continuer leur créativité», a-t-il conclu.

 Mamane Abdoulaye (Onep)