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Musique/Mohamed Adguissa alias Mohamed Mai Molo : «Partout où je joue le molo, les hommes réagissent…»

Mohamed Adguissa dit Moahamed Mai Molo est une star de la musique ‘’Takamba’’ au Niger. Il est l’un des artistes qui se fait distinguer lors des grands événements des nomades, tels que la Cure Salée, le festival Kel Tamasheq, etc. A l’occasion du dernier festival de Kel tamasheq tenu du 8 au 9 janvier 2022 à Balleyara, Mohamed Mai Molo est incontestablement l’artiste qui a le plus marqué le public tout comme à In’gall lors des festivités de l’édition 2021 de la Cure Salée. Agé d’une cinquantaine d’années, marié et père de huit (8) enfants, Mohamed Adguissa est originaire d’Abalak Mai Koumandan où il réside actuellement.

Chétif, toujours caché dans son turban, laissant une partie de ses cheveux visibles, Mohamed Mai Molo a le don extraordinaire de tenir le public en haleine avec sa voix suave et la mélodie perçante de son molo, un instrument de musique traditionnelle à corde. Ce genre de guitare traditionnelle multicorde que joue Mohamed Mai Molo, est l’instrument qui lui a permis de s’imposer au cœur des grands événements. Avec son groupe composé des 6 hommes, Mohamed Mai Molo fait danser le «takamba», un genre musical qui puise ses racines dans la zone de Gao. Cette musique est jouée par les griots tamasheq ainsi que les forgerons, pour célébrer la fin des récoltes, encourager les guerriers de retour de leurs épopées et faire les louanges des familles nobles. «Je suis un artiste qui chante pour les vrais hommes, pas ceux qui s’énervent vite et je ne fréquente pas les mal intentionnés. Je chante souvent pour les FDS pour glorifier leurs bravoures.Je suis l’ami des militaires car depuis des années c’est eux qui protègent la population contre les forces du mal. C’est grâce aux FDS que ce son résonne», a lancé l’artiste.

Le rythme du molo de Mohamed Adguissa et le son des calebasses qui l’accompagne ne laissent personne indifférente. La relation de Mohamed et son ‘’molo’’ est une vielle histoire. Grâce à cette musique Mohamed Mai Molo a visité plusieurs pays notamment le Mali, la France, la Belgique, etc. «J’ai commencé à jouer avec cet instrument au temps du Général Seyni Kountché, mais à l’époque, je ne jouais pas beaucoup car j’étais encore petit. Notre genre de musique est plus répandu au Mali et mon instrument est typiquement du Niger. Il y a le genre de «takamba» qu’on danse avec aisance. Partout où je joue mon molo, les hommes réagissent et se sentent en vrais guerriers. Si tu vois quelqu’un écouter le rythme de cet instrument sans avoir des frissons, c’est que ce dernier, n’est pas un ‘’vrai homme’’ encore moins un leader», affirme Mohamed Mai Molo.

Mohamed Mai Molo fait partie des artistes qui restent encore dans la logique traditionnelle. Il n’a ni manager, ni arrangeur. Tout ce qui l’intéresse, c’est de recevoir des invitations lors des grands événements. Il n’a enregistré aucun son en studio, mais il compte des centaines de morceaux enregistrés de manière archaïque sur des supports d’enregistrements. «Honnêtement, je ne connais pas le nombre exact de mes chansons. Il y a beaucoup de chansons dédiées aux hommes loyaux, les guerriers, les FDS, etc. Il y a aussi des chansons pour les génies», soutient l’artiste.

Malgré toutes les années passées à jouer le ‘’Molo’’, c’est en décembre 2020 lors des campagnes électorales que Mohamed Mai Molo a pris sérieusement conscience de l’importance et de la force de son instrument. C’était à l’occasion d’un meeting auquel l’actuel Président de la République SE. Mohamed Bazoum avait pris part à Abalak. «Ma prestation devant le Président de la République, alors candidat à l’élection présidentielle, était une ouverture pour moi. J’ai vraiment galvanisé le public. Et je reçois régulièrement des invitations lors des grands événements», raconte l’artiste, qui souhaite avoir un manager ou un producteur qui va le produire dans les perspective de vendre son art.

Abdoul-Aziz Ibrahim(Onep), Envoyé spécial

18 janvier 2022
Source : http://www.lesahel.org/