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Dicko Moulaye alias Dicko fils : Valoriser et faire accepter la musique peulh partout dans le monde

‘‘Dicko Fils’’ de son vrai nom Moulaye Dicko, est un artiste international d’origine burkinabè. Sixième fils d’une famille de quatorze enfants, Moulaye Dicko a fait des études à Abidjan, où son père s’est installé pour le commerce de bétail. De manière prématurée, il abandonna l’école à l’âge de 11 ans pour partir au Mali, afin de poursuivre des études coraniques. En vrai ‘‘talibé’’ Dicko Moulaye chantait comme tous les talibés pour mendier sa pitance journalière. C’est ainsi, que le jeune talibé imitait les grandes voix de la musique malienne.

De retour à Abidjan en 1992, il débuta par le métier de tailleur, tout en conservant sa voix en chantant notamment le reggae afin de s’exprimer et de partager ce qu’il a acquis durant les années passées au mali. Ainsi, la musique a pris le dessus sur son métier de couturier, après la création de son premier groupe de musique ‘‘Le Faso Kanou’’. En 2005, Dicko Fils mit sur le marché son premier album «Toungou», avant de revenir au ‘’Pays des hommes intègres’’, son pays natal, le Burkina Faso pour une carrière prometteuse. Ses compositions musicales portent souvent les caractéristiques de la culture peulh, utilisant des instruments typiquement traditionnels. «A vrai dire la musique m’est venue comme ça. Je ne pensais pas que j’allais être musicien. Je faisais l’école coranique au Mali. Je suis un ‘‘garibo’’, un talibé. Mes parents m’ont inscrit à l’école coranique et la musique est venue après. Déjà en tant que talibé je chantais. Quand j’ai commencé ma carrière, je faisais du reggae, après j’ai commencé à faire du Ouassolo, le genre de musique d’Oumou Sangaré, et en 2014  je suis revenu dans la musique peulh avec l’album ‘‘Finatawa’’, faisant référence à la richesse de ma culture, ma tradition, etc. Et vraiment toutes mes chansons me touchent. Quand une chanson ne me plait pas alors je ne la sort même pas. Par exemple, si je veux faire sortir un album de 10 titres, j’enregistre une vingtaine de sons, ensuite je procède à une sélection. C’est pourquoi beaucoup de mes chansons ont connu de succès», a-t-il mentionné. 

A l’heure actuelle, l’artiste a 11 albums à son actif, sans compter les prestigieux prix qu’il a remportés dans le domaine de la culture, tel que le Kundé en 2016, meilleur artiste de l’année Fama 2015 (Faso Music Awards), Tamani d’or en 2016 (Trophée du meilleur artiste Burkinabè au Mali), Kundé de la meilleure musique moderne d’inspiration traditionnelle en 2016 et 2017, Kundé du meilleur featuring burkinabè en 2016, médaille de la croix de chevalier de l’ordre du mérite en 2011, etc. «Je fais de la musique Poulakou et j’essaye de valoriser et faire accepter la musique peulh partout dans le monde. Vous savez la musique peulh est un art qui a été beaucoup exploité en traditionnel. Aujourd’hui s’il n’y a pas de modernité dans cette musique ça ne peut pas passer partout. C’est pourquoi, j’essaie de faire un mélange tradi-moderne pour que notre musique soit écoutée et dansée. Je pense que le pari est en train d’être gagné. Et c’est vraiment grâce à vous les hommes de média. On va beau chanter et crier, s’il n’y a pas la presse, nos efforts vont passer inaperçus», reconnuit l’artiste.

Les efforts et les prouesses de Dicko fils ne sont plus à démontrer.  «J’ai 11 albums. Mon premier album, ‘’Tounga’’ est sorti en 2005 et le dernier en 2020. Je ne sais pas exactement la date où j’ai commencé à chanter, tout ce que je retiens, c’est l’année où mon premier album est sorti. J’ai un staff complet et je suis mon propre producteur sous l’insigne de Denké-Denké Prod. J’ai des frères et amis, des collaborateurs autour de moi et des hommes de média qui m’aident à aller de l’avant dans ma carrière», a dit l’international Dicko fils.

Denké-Denké, un concept qui a donné un tournant décisif à la carrière de Dicko

Malgré qu’il soit un concept ancien tiré du plus profond de l’histoire de la culture peulh, le ‘’Denké-Denké’’ a sérieusement donné un tournant décisif à la carrière de Dicko fils. D’ailleurs, c’est ce concept utilisé dans une de ses chansons ‘‘Finatawa’’ qui lui a permis de toucher véritablement l’international. «Denké-Denké n’est pas une musique de maintenant. Il y a très, très longtemps, nos grands-parents chantaient ce concept. Autrefois, des griots et chanteurs ont chanté Denké-Denké. Dernièrement, il y a Himata Paté, paix à son âme, qui avait chanté Denké-Denké. Et après il y a Ali Farka Touré du Mali et le grand frère Yacouba Moumouni du Niger qui ont développé le Denké-Denké. Mais moi j’ai mis le Denké-Denké dans un nouveau genre, notamment le coupé-décalé. J’ai compris qu’il faut mettre cette musique peulh dans une sonorité de batterie, pour que ça puisse être accepté dans les boites de nuit, les maquis, les coins chauds, etc. C’est pourquoi, j’ai essayé de moderniser ce concept à ma manière et voilà ce que ça a donné», a témoigné la star Dicko fils.

Dicko fils ne se plaint pas de ses relations avec les artistes notamment ceux du Niger. «J’entretiens des très bonnes relations avec les artistes nigériens. Avant je venais au Niger grâce à mon grand ami Boubé Arda Galo. Après j’ai connu le grand frère Yacouba Moumouni et la grande sœur Safiath. J’ai même fait un featuring avec elle. Je n’ai aucun problème avec les artistes», dit-t-il.

Dans son pays le Burkina Faso, le mouvement de la culture avance beaucoup et Dicko fils s’en sort très bien. «Nous avons essayé de retourner à la tradition. C’est bon de faire de la musique traditionnelle, mais cette musique ne peut pas se vendre partout. Il faut que les artistes qui sont dans cette logique essaient de s’adapter au moment. Il faut mettre la musique traditionnelle dans l’esprit moderne. C’est ce qu’on essaye de faire chez nous», explique Dicko fils, avant d’encourager ses collègues artistes musiciens du Niger à maintenir le cap et à multiplier les efforts pour le travail, afin de promouvoir les cultures africaines.

Abdoul-Aziz Ibrahim(Onep)

12 janvier 2022
Source : http://www.lesahel.org/