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Vente de la canne à sucre : Un véritable business pour les acteurs de la filière

Le marché de Boukoki est un marché situé en plein centre-ville de la capitale, abritant en son sein plusieurs étals servant à la vente d’articles divers. Parmi la panoplie d’articles en vente en cette période froide figure la canne à sucre, un produit saisonnier dont la vente a le vent en poupe. C’est un produit qui est fortement apprécié par les consommateurs en raison de son jus sucré. En effet, la canne à sucre est produite un peu partout dans les zones humides du Niger. C’est du reste pour encourager la valorisation de cette abondante production que le gouvernement a, lors du dernier conseil des ministres, accordé les avantages du Code des investissements à une société nigérienne qui compte investir dans la transformation de la canne à sucre dans la zone de Dioundiou.

Idrissa Abacar est un propriétaire de champ et vendeur grossiste de la canne à sucre. Il a son quartier général au marché de Boukoki. « Je suis cultivateur de canne à sucre ; mon champ peut mesurer 2 hectares, dans lesquels je peux faire une récolte de 1000 tiges de cannes à sucre en moyenne, et celle-ci varie en fonction de la saison. Un champ de canne à sucre comme le mien peut coûter 2.000.000 FCFA ou plus en fonction des saisons et de la situation du pays » souligne-t-il. « Actuellement, je n’ai même pas fait la récolte de mon champ. C’est la récolte de mes collègues que j’ai acheté. Je suis revenu vendre et en même temps profiter pour payer les boutures de canne à sucre qui devront servir pour la récolte prochaine », notifie Idrissa Abdou.

En fin connaisseur du marché, Idrissa ne se presse pas. « J’attends que la disponibilité de la canne à sucre soit complètement réduite sur le marché pour procéder à la récolte dans mon champ. Comme cela, je tirerai plus de profit. Présentement si je décide de vendre ma récolte, ça n’aurait pas de valeur. Cette dernière peut être estimée entre 800.000 à 1.000.000 FCFA. La canne à sucre est en abondance sur le marché et coûte moins chère », explique-t-il.

Amadou Garba délégué est un vendeur grossiste. Pour son approvisionnement, il se déplace dans la région de Dosso, précisément dans les villages de Dioundiou, Margou Bene. « En effet, une fois sur place, nous rencontrons les propriétaires des champs avec lesquels nous discutons sur le prix de la récolte entière. On va ensuite procéder à la récolte de la canne, puis la répartition par fagots. Un fagot peut contenir 20 à 30 tiges de cannes à sucre. Certains champs peuvent produire jusqu’à 100 voire 1000 fagots, selon la superficie du champ et la saison. Ensuite nous les faisons monter dans des camions en direction de Niamey », confie-t-il. Les frais de transport étaient de 750 F par fagots. « Actuellement, les camionneurs exigent 1250 F par fagot car ils se plaignent du pont-bascule de Dosso », a-t-il ajouté.

M. Amadou Garba Délégué vendeur grossiste au marché de Boukoki

Les principales difficultés rencontrées dans cette activité saisonnière, se résument, selon Amadou Garba délégué, à l’impraticabilité des routes. « Les transporteurs refusent de se rendre jusqu’aux champs ; ils préfèrent s’arrêter aux bords du goudron par peur de s’embourber. On est obligé de payer des charretiers pour transporter la canne à sucre jusqu’aux camions », a-t-il expliqué.

Hassan est un conducteur de moto tricycle à Niamey. Il se frotte aussi les mains durant cette traite. « Je viens ici chaque matin pour transporter des marchandises pour les commerçants qui viennent se ravitailler en gros », dit-il. Le chiffre d’affaires de ce transporteur varie selon les jours et la demande. « Chaque jour que Dieu fait est différent de l’autre. Donc, souvent je peux faire de cinq à trente tours par jour. Ceci s’explique aussi par l’arrivée d’autres conducteurs de tricycles venus d’ailleurs pour jouir de la traite et aussi de l’abondance de la canne à sucre qui est acheminée sur le marché », a ajouté le jeune conducteur. Le prix est fonction du fagot de canne à sucre et de la distance. « Par exemple, maintenant je m’en vais vers Bobiel avec 15 fagots de canne à sucre en raison de 400 F ou 500 F le fagot », a-t-il notifié.

Un tricycle de transport de canne à sucre

Amadou kabirou Idrissa, commerçant de son état, se remplit pleinement les poches durant cette traite. « Je suis acheteur détaillant de canne à sucre en même temps j’en profite pour chercher quelques contrats pour attacher les fagots avant de regagner mon lieu de vente. Lors du déchargement des camions de canne à sucre, de nombreux fagots se desserrent, ce qui pousse les propriétaires à faire appel à nos services pour les attacher fermement. J’attache un fagot à 50 F et c’est un prix non négociable », a confié Amadou Kabirou.

Quant à Innoussa Garba, il monnaie sa force pour gagner sa vie. Il décharge, avec d’autres dockers, les camions de canne à sucre. « Un camion de 10 t et un mini-camion de 5 t ne peuvent pas transporter le même nombre de fagots. En effet, un camion de 10 peut contenir 1000 fagots de canne à sucre, celui de 20 t quant à lui peut contenir jusqu’à 1500 fagots. Nous déchargeons le camion de 10 t à raison de 15.000 F et celui de 20 t à 20.000 F. Il y a des véhicules qui viennent de Matamey. Ce type de camions sont déchargés à 40.000 F car, ils peuvent contenir jusqu’à 800 fagots de canne à sucre », a-t-il poursuivi.

Les vendeurs ambulants font aussi un véritable business en cette période de traite de la canne à sucre. Abdoul Nafiou, vendeur ambulant, se frotte les mains. « Je vends de la canne à sucre dans les différents quartiers de Niamey. La disparité des prix s’explique par la qualité des produits car, certaines cannes sont pourries et dégradées. En outre, une canne fraîchement récoltée ne peut avoir la même valeur qu’une canne qui est restée longtemps invendue » dit-il.

Moumouni Idrissa  AbdoulAziz (ONEP)
Source : https://www.lesahel.org/