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La production hors aménagement : un potentiel à valoriser

Pour le commun des nigériens, Tillabéri évoque le fleuve et les activités hydroagricoles. Effectivement, il y a un potentiel permettant de songer à une production permanente du riz, c’est-à-dire 12 mois sur 12. Au-delà du potentiel qu’est le fleuve Niger, Tillabéri dispose de quelques retenues d’eau notamment certaines mares permanentes dans plusieurs localités à Banibangou à Ouallam, etc.

La direction régionale de l’Agriculture de Tillabéri est une administration complète où l’ensemble des services du secteur de développement rural sont pris en charge. Dans la filière riz, les stratégies de la direction régionale de l’Agriculture sont exclusivement axées sur la production qui se faisait hors aménagement, c’est-à-dire les sites sur lesquels la production du riz se fait en pèle mêle, sans un aménagement des services compétents.

Selon le Directeur Régional de l’Agriculture (DRA), M. Zakariaou Seydou, Tillabéri peut être considérée comme l’élite ou le lead de la production du riz au Niger, non seulement il y a toutes ces potentialités mais aussi pour une question d’habitude alimentaire et de la pratique agricole. « Nous avons une population dont la production du riz est devenue pratiquement pour elle une activité première et traditionnelle. Nous avons aussi le plus grand nombre des aménagements qui ne font que du riz. En dehors de la production du riz sur les aménagements, nous avons un fort potentiel au niveau des sites non aménagés », explique le DRA de Tillabéri.

Promouvoir la production hors aménagement pour booster le rendement

Les sites de production du riz hors aménagement de la région sont estimés à 29000 ha. Malgré l’entendu de ces superficies, ces sites ont un très faible rendement. Et cela s’explique par diverses raisons, notamment l’insuffisance d’investissement dans les sites, etc.  

Pour M. Zakariaou Seydou, la production du riz hors aménagement peut constituer le point d’appui pour accroître la production du riz au Niger. Etant un acteur de service technique déconcentré, avec des expertises avérées relativement à la production du riz hors aménagement, le directeur régional de l’Agriculture de Tillabéri affirme que la politique de l’Etat « zéro importation du riz au Niger », est possible en mettant en valeur tous les atouts qui existent dans le domaine de la production hors aménagement.

Ainsi, il encourage la valorisation de la production hors aménagement pour diverses raisons : d’abord les facilités et les possibilités d’accroître le rendement qui reste toujours faible. « Dans le maximum des sites de production hors aménagement nous n’avons pas 3 tonnes à l’hectare en moyenne. Il y a des endroits où ça fait moins de 2 tonnes à l’hectare. Or si ce secteur est accompagné facilement on peut remonter à 6, 7 voire l’équivalent des rendements des aménagements hydroagricole. Avec les sites de production non aménagé, nous avons des possibilités de faire des extensions de superficie. De 29.000 ha nous pouvons facilement aller à 40.000, 50.000 ha. Regardez tout au long du fleuve ce sont des opportunités de production du riz. Il y a beaucoup de mares qui sont sous exploitées. Il suffit juste qu’on apporte des appuis techniques et d’accompagner le secteur, faire des extensions. Tout ceci est possible. En mettant en valeur ces atouts, je pense que nous pouvons relever les défis parce qu’au niveau de la production hors aménagement, il est vraiment facile d’aller du simple au double. Si on met tous les appuis nécessaires, on peut booster le rendement. On ne dit pas que la production sur les aménagements est insuffisante. Nos cadres qui travaillent sur les questions de production sur les aménagements ont fait beaucoup d’efforts. Ils sont aujourd’hui à une production de près de 10 tonnes par hectare. Quand on regarde les conditions de production, de travail et d’accompagnement, nous pensons vraiment que le travail fait par nos collègues sur le terrain est à saluer. Mais de l’autre côté aussi nous pensons que pour la mise en œuvre des stratégies nationales et l’atteinte de ses objectifs qui consistent à booster la production, il faut aller vers la production hors aménagement », exhorte M. Zakariaou Seydou, très convaincu des opportunités qui existent à Tillabéri dans la filière riz.

Par ailleurs M. Zakariaou Seydou invite, les jeunes à aimer d’abord le travail, d’aller vers la formation car dans le secteur du riz, il faut une complémentarité. Nous demandons à l’État de faciliter les intrants de la production aux producteurs. Car qui dit production du riz parle de l’utilisation des engrais et tout ce que ça demande comme d’autres éléments de promotion de culture. C’est vrai l’État fait de son mieux, ça il faut le reconnaître, mais nous pensons que ce n’est jamais suffisant, il faut faire plus. Surtout faciliter l’accès de l’engrais aux grands producteurs », encourage-t-il.

Sensibiliser les commerçants pour renverser la tendance

S’agissant de la résistance du riz importé qui continu d’envahir les marchés nigériens, le directeur régional de l’Agriculture indexe les opérateurs. Il estime que la présence du riz importé dans les foyers est un problème d’information et de sensibilisation de la part de nos grands commerçants. « Ce sont des milliards que les commerçants investissent dans l’importation. Si aujourd’hui les grands importateurs du riz acceptent d’injecter le 1/5 de ce qu’ils importent, dans les aménagements et pour accompagner les producteurs, le rendement ou la récolte sera énorme. Je pense que dans le cadre des actions il faut développer cette communication à l’endroit des commerçants et les producteurs. Parfois on se plaint de la mévente du riz local et au même moment les commerçants disent qu’il n’y en a pas… donc, il y a un vide qu’il faut prendre en compte. Quelque part aussi, il faut être réaliste, nous sommes à plus de 22 millions d’habitants, le besoin national en riz est très énorme. Même si dans le cadre de la stratégie on a pour ambition d’aller vers zéro importation du riz, il faut tenir compte de certains facteurs. Les commerçants sont eux qui importent ; ce n’est pas la faute des producteurs. Il y a des moments où nous avons nos magasins pleins de riz mais les commerçants partent à l’extérieur pour en acheter. Un temps, l’État était obligé de prendre un acte pour dire que tout importateur du riz doit obligatoirement payer au moins les 3% de sa quantité à exporter au niveau local », indique le DRA qui invite au respect de la réglementation.

Par Abdoul-Aziz Ibrahim (onep)

Source : http://lesahel.org/