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Production du miel dans le département de Gaya : Un potentiel sous exploité face à une concurrence déloyale

Le département de Gaya est dans une zone sahélo-soudanaise riche en ressources naturelles avec une végétation variée favorable à diverses activités forestières, telle que la production du miel. Cette activité constitue depuis fort longtemps l’apanage des populations du Nord, même si elle est pratiquée presque dans toutes les communes du département. Selon la Direction départementale de l’environnement, le potentiel est assez important, les producteurs de Gaya font du miel pur 100% naturel malgré une forte concurrence déloyale du « frelaté » importé qui envahit le marché au prix beaucoup plus bas.

Les zones propices à la production du miel sont notamment les communes de Gaya et de Bana. L’on y trouve, ainsi, du miel de qualité mais produit de manière artisanale bien que la filière soit en promotion dans le département, épargnée de toute taxe et autorisée sans aucun permis. C’est dire que les investissements font encore défaut, en ce qui concerne le développement et la modernisation de la production. En effet, au cours des deux dernières années, la production contrôlée est de l’ordre de 1.000 litres par an. « Le miel est de qualité mais la production se fait de façon artisanale, elle est du coup faible », explique le Directeur départemental de l’environnement et de la lutte contre la désertification de Gaya, le Lieutenant-colonel Alloké Gilbert.

Dans le nord du département de Gaya, la production se fait sur trois saisons par an avec un cycle de trois mois. Dans deux mois, ce serait la prochaine récolte. C’est une culture, une tradition qui se transmet de génération en génération et nourrit bien son homme. Entre eux, producteurs, il n’y-a aucun problème. Selon Moussa chacun connait sa ruche et reconnait aussi celle de l’autre. La zone de prédilection des abeilles est assez vaste et donc assez d’arbres et de places pour tous

Cependant, « lors de la récolte, les producteurs mettent souvent du feu pour chasser les abeilles. Ce qui n’est pas sans conséquences sur l’environnement, avec tous les risques de feu de brousse qu’ils posent», déplore le Lieutenant-colonel Alloké Gilbert. Il affirme à cet effet, que ses hommes suivent de près les foyers d’activité du miel et veillent au respect des normes écologiques. Les agents de l’environnement mènent la sensibilisation des acteurs. A titre d’exemple, l’on parle d’une récente campagne organisée à Bana et à Yelou avec l’appui d’un projet partenaire du secteur. « Lorsqu’elle est maitrisée, la production du miel ne pose aucun problème à l’environnement », dixit le directeur Lieutenant-Colonel Alloké.

En plus des acteurs qui ne sont pas bien organisés, la filière manque crucialement de partenaires. Et la sous exploitation du potentiel profite au miel importé disponible abondamment sur le marché à 2.000 FCFA ou 2.500 FCFA le litre alors que celui produit localement est à 5.000 FCFA le litre. Sur le marché tous les miels se ressemblent, car n’ayant aucun étiquetage et avec la même forme d’emballage. Pire, les consommateurs qui ne savent pas différencier le pur du frelaté se font arnaquer en payant à 5.000 FCFA du miel mélangé avec de la gomme arabique, de la datte et du sucre. Mais, le miel de Gaya demeure le plus recherché.

Autre difficulté, « la plante utilisée par les paysans pour la confection des ruches en paille est une espèce en voie de disparition dans la zone », ajoute le Lieutenant-colonel Alloké Gilbert, Directeur départemental de l’environnement et de la lutte contre la désertification de Gaya. « Dans certains pays, les producteurs du miel utilisent des ruches modernes beaucoup plus adaptées et plus rentables. Ici, avec l’insuffisance des partenaires et de financements, c’est difficile d’aller vers cette évolution et booster la production », a-t-il indiqué. C’est une activité prometteuse qui pourrait, si elle est valorisée et bien structurée telle qu’il se doit, avoir un fort impact positif sur le développement local. Cette modernisation suppose par ailleurs l’homologation ou la labélisation du miel de Gaya, afin de le démarquer sur le marché tout azimut. Les services compétents relèvent aussi que jusque-là le produit n’ait fait l’objet d’aucune transformation. « Nous jouons notre partition, nous nous attelons à organiser les producteurs et à les encadrer », assure le directeur de l’environnement pour qui la véritable modernisation de la filière viendrait des partenaires et des investisseurs.

Par Ismaël Chékaré, Envoyé Spécial

07 octobre 2021
Source : http://www.lesahel.org/