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Entretien/cas de discrimination à la FSEJ : Une mère porte plainte contre l’université de Niamey

La lutte de peuples volés et martyrisés comme celui du Niger a toujours été, partout dans ce vaste monde, une opportunité macabre pour certains de se faire de l’argent, en faisant le sale boulot, souvent dans une totale insouciance pour le lendemain. Un lendemain dont ils n’ont pas la clé et qui pourrait être un autre jour. Comme en France où des soleils viennent de s’éteindre, le Niger n’échappera pas à ce dogme divin : demain est un autre jour. Or, il se trouve que chez nous, des gens ont, dans certains cas, juré, la main sur le Saint Coran, de ne « jamais trahir ou travestir les aspirations du peuple nigérien » et demandé qu’ils subissent les rigueurs de la loi si, jamais, ils trahissent ce serment. La loi ? Ils l’ont maquillée à leur image de telle sorte que les Nigériens ont l’intime conviction que la justice au Niger, c’est Mahamadou Issoufou.

Voici quelques cas qui montrent que la loi, c’est Mahamadou Issoufou.

Sani Atiya est interpellé et embastillé, loin de son Gobir natal. Le grief est grave. Il est accusé de trafic de drogue, mais curieusement, on le libère sans jamais qu’un juge l’ait vu parce que, simplement, Ibrahim Yacoubou a décidé de soutenir Mahamadou Issoufou au second tour de la présidentielle de février-mars 2016. Sans aucune gêne !

Récemment, le journaliste Baba Alpha, son père et deux autres proches de Malika Issoufou, sont accusés de faux et usage de faux. Omar Sidi, auteur du délit incriminé mais conseiller à la présidence, obtient une liberté provisoire alors qu’elle a été refusée à Baba Alpha et à son père. Les mœurs sont sauves et Malika a désormais la conscience tranquille.

Il y a deux jours à peine, dans le scandale Mukuri, Danté, Assogba et Zarami (un membre du Bureau exécutif du Pnds Tarayya), incarcérés depuis quelque temps, sont également libérés, après une visite de quelques ténors de ce parti, tandis que les autres prévenus gardent prison.

Auparavant, c’est Zakou Djibo, longtemps accusé par Mahamadou Issoufou, d’être le plus grand mal du Niger, qui est « rassuré », puis recruté pour la mobilisation autour de la candidature de Mahamadou Issoufou dès lors qu’il a adhéré au Pnds Tarayya. Et c’est loin d’être terminé.

Lorsque examinez l’autre côté de la médaille, il est aussi vilain que la face, ignoble, qui vient d’être présentée, faisant découvrir l’injustice infligée à des citoyens auxquels, objectivement, on n’a rien à reprocher, mais que l’on a jetés en prison en raison de leur appartenance politique. Saïdou Bakari, Malla Ari et Idé Kalilou ont payé de leur liberté leur opposition à ce pouvoir inique. Ils gardent prison depuis des mois, exactement comme dans un régime d’exception où on vous prend, vous jette en prison sans aucune justification.

Voici tant de cas, multiples, qui prouvent à suffisance que la loi au Niger, c’est Mahamadou Issoufou. Ceux qui s’y plient sont épargnés de la prison ; ceux qui s’y opposent savent à quoi s’en tenir. Tel est le Niger de Mahamadou Issoufou. Telle est la loi au Niger, dictée et exécutée selon la volonté des tenants du pouvoir.

Mais, il y a, malheureusement pour eux, une autre loi, non visible mais plus implacable que celle qu’ils incarnent si mal. Une loi qu’ils ont, soit méprisée, soit ignorée, se faisant ainsi adeptes invétérés de l’existentialisme d’un certain Sartre. Cette loi est lente à se manifester, mais elle finira toujours par faire plier les plus durs, les plus caïds. Gare, alors, à ceux qui, dans l’indifférence de l’intérêt général, dans le mépris de la liberté des autres, dans l’insouciance d’un lendemain dont ils n’ont pas la clé, ont régulièrement agi à perpétrer des délits pour contribuer à l’assise et à la promotion d’un parti-Etat.

Qu’ils aient succombé à la séduction maléfique de l’argent ou qu’ils l’aient fait de tout cœur parce que partageant cet idéal de règne sans partage et sans fin que caresse Mahamadou Issoufou, le résultat est le même : ils ont contribué à enfoncer le Niger dans les méandres d’un passé sombre et peu glorieux. Autant ils savent parfaitement qu’ils sont en train, par leurs pouvoirs du moment, d’agir à consolider un pouvoir inéquitable, injuste et insoutenable ; autant, ils doivent savoir dès à présent qu’ils paieront, un jour, le prix de leurs forfaitures.

Qu’ils soient juges, hauts commis de l’État ou encore représentants des Forces de l’ordre, il est préférable de savoir raison garder et agir conformément aux lois. Car ceux qui vous donnent des injonctions à exécuter, particulièrement lorsqu’elles sont manifestement illégales, ne seront pas toujours là pour vous tirer d’affaire. Au contraire, dans une situation de reddition des comptes obligée, ils auront tendance à nier toute responsabilité dans les actes que vous avez posés.

Avis, donc, à ceux qui ont régulièrement exécuté des injonctions politiques, sans se rendre compte que la fin ne justifie pas toujours les moyens et que la force, la brutalité et l’oppression en l’occurrence ne permettent pas forcément de s’imposer à la volonté populaire. Mahamadou Issoufou n’a manifestement rien d’un bon élève. Il n’a pas retenu ou pas voulu retenir, que les coups de haches et de manchettes, même très virulents, n’ont jamais eu raison de la démocratie nigérienne, du goût de liberté et de justice des Nigériens. Amasser les ressources de l’État pour en faire un trésor de guerre ne permet, tout au plus, que d’acheter la conscience de quelques aventuriers en quête de subsides. Ça ne permet pas d’anéantir toutes les volontés et toutes les forces — et Dieu seul sait qu’elles sont nombreuses et indomptables —qui donneraient tout pour défendre le NIGER. Le Niger tel que le veulent l’écrasante majorité de ses filles et de ses fils, c’est-à-dire un Niger de concorde, de justice et de démocratie véritable, empreinte de tolérance et de respect mutuel entre adversaires.

Mahamadou Issoufou n’a, manifestement, rien retenu du passé et sa volonté, clairement exprimée à travers le conseil des ministres du jeudi 27 avril 2017, est incontestablement de devenir ce que laissaient entrevoir, déjà, au moins trois de ses actes forts : les 52 jours de grève illimitée lorsqu’il était Premier ministre de Mahamane Ousmane ; le coup d’éclat populaire qu’il a dirigé pour faire sortir Sanoussi Jackou des locaux de la Police judiciaire où il était gardé à vue et enfin le hold-up électoral de février-mars 2016. La modification demandée de l’article 47 de la Constitution, entre autres, ne traduit pas autre chose que la perversion achevée d’un pouvoir fortement contesté mais qui cherche les moyens, s’il le faut au prix fort, d’imposer une démocratie taillée sur mesure dans laquelle le Grand timonier dicte les règles de conduite des citoyens et détermine qui doit jouir de ses droits et qui doit en être privé.

Pourtant, rien n’est encore écrit et demain peut être un autre jour. Alors, gare à ceux qui ont suivi ou qui vont suivre la voie de la cupidité et de la bêtise en exécutant des ordres manifestement illégaux.