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Invité de l'Onep : M. Mayaki Maikolanché, président de la Commission Nationale de gouvernance au Mécanisme Africain d’Evaluation par les Pairs (MAEP)

Le MAEP, on le sait, mise sur le partage et la diffusion des meilleures pratiques, mais également la rectification des déficiences en matière de gouvernance et de développement socio-économique dans les Etats membres de l’Union Africaine. Quelles sont les motivations qui sous-tendent l’adhésion du Niger à ce Mécanisme ?

Dans le cadre du MAEP, chaque pays est évalué conformément aux valeurs contenues dans la déclaration de l’UA, sur la gouvernance démocratique, sur la gouvernance politique, sur la gouvernance économique et sur la gouvernance d’entreprise. Parce qu’au fond, le MAEP est là pour répondre au défi du développement du continent africain, et au défi de l’intégration. Il s’agit fondamentalement d’améliorer le bien –être des populations africaines. L’évaluation doit être faite conformément à ces valeurs. Le MAEP a des principes, qui sont l’appropriation nationale et le leadership ; ça veut dire que vous et moi, nous sommes tous des citoyens d’un même pays, et nous sommes tous responsables. Et nous devons tous nous impliquer ; car ce n’est pas l’affaire d’un gouvernement, d’un ministre ou du Président de la République. Le cadre du MAEP est un cadre de dialogue, et d’analyse. Et tout ce qui n’est pas consensuel n’est pas accepté par le MAEP. Toute approche, ou toute observation qui est jugement de valeur ou partisane n’est pas acceptée par le MAEP. Dans la première phase, tous les Nigériens, où qu’ils se trouvent, et quelque soit leur confession religieuse, quelque soit leur niveau de vie, et quelque soit leurs lieux d’habitation, quelque soit leur métier, ou qu’ils soient chômeurs, ils seront au courant du processus MAEP au Niger. Chacun aura la liberté de dire ce qu’il pense. Mais il faut justifier pourquoi vous le dites. Le processus doit être participatif et inclusif. Aucun citoyen, aucun acteur ne doit être laissé sur la route. Chacun doit pouvoir s’exprimer, et c’est à lui de fonder ce qu’il dit. Le MAEP fait appel aussi aux Instituts Techniques de Recherches (ITR) pour collecter les données, les traiter et faire des analyses ; il faut des spécialistes. Et on exige que le processus soit crédible. Il faut qu’il soit transparent. Il n’ya rien à cacher car il ne s’agit pas de juger quelqu’un. L’originalité du MAEP est que c’est un cadre de dialogue et d’analyse qui permet aux citoyens d’un pays de réfléchir sur les problèmes de leur pays, sur ce qui marche dans leur pays, et sur ce qui ne marche pas. A l’issue de cela, c’est de dresser le bilan de la situation du pays, et de se dire qu’est-ce que nous allons faire pour pouvoir résoudre nos problèmes.

Quelles sont les principales thématiques privilégiées par le système d’évaluation du Mécanisme Africain d’Evaluation par les Pairs ?

Quatre piliers constituent l’essence du MAEP. D’abord c’est la gouvernance démocratique et politique, la gouvernance et la gestion économique, la gouvernance d’entreprise et le développement socio économique, référence faite au développement durable. Ce sont les quatre dimensions du MAEP qui renvoient à la gouvernance. Donc c’est sur ces facteurs qu’il faut agir pour faire sortir nos pays de cette situation de sous développement.

Pouvez-vous nous édifier par rapport au processus de l’auto-évaluation tel que conçu à travers le MAEP, notamment à travers ses différentes étapes ?

Nous sommes aujourd’hui dans la phase d’auto évaluation du Niger. Cette phase peut être scindée en plusieurs étapes. Dans cette phase, il ya ce qu’on appelle la sensibilisation et l’information. Bientôt, on va vous convoquer, et vous allez voir d’une manière ou d’une autre, vous serez tous au courant. Les cibles primaires, les citoyens, les médias, les cibles secondaires, les paysans, les éleveurs, les ruraux, chaque nigérien où qu’il se trouve sera au courant que le processus MAEP a été déclenché au Niger. C’est la première phase, et elle est critique et capitale pour la réussite. La stratégie de communication est très importante. C’est fondamental. Chaque citoyen doit être informé. Cela revient à la question de l’appropriation nationale. On ne peut pas envisager le processus MAEP si les Nigériens ne sont pas au courant. Quelque soit notre position il faut que nous soyons au courant. Après la phase de sensibilisation, nous rentrons dans les étapes techniques. Il ya ce qu’on appelle le questionnaire MAEP qui est un référentiel. Chaque pays doit adapter son questionnaire MAEP à ses propres spécificités et donc à ses réalités nationales. Il faut aussi recruter les ITR, et même les former ; former les enquêteurs. On considère que c’est la deuxième étape du processus d’auto évaluation. Après vient la phase de collecte des données, la recherche documentaire et la collecte des données par voie d’enquête. La quatrième phase est ce qu’on appelle la phase de rédaction des rapports thématiques. Chaque thématique va faire l’objet d’un rapport d’auto évaluation pour le Niger. Et enfin il y aura un rapport de consolidation, qu’on appelle rapport général d’auto évaluation du Niger. Après avoir rédigé ces rapports thématiques et le rapport général d’auto évaluation il faut aller vers les Nigériens pour qu’on leur dise : est-ce que ce qu’on a dit est d’eux? Est-ce que c’est ce qu’ils ont dit ? Est-ce qu’on n’a pas tronqué, dénaturé, ou pervertit leurs idées. Il doit y avoir des ateliers, même au niveau communal, au niveau des départements, au niveau des régions, et un atelier national pour que les Nigériens s’assurent que ce qu’ils ont dit c’est ce qui est transcrit dans le rapport. C’est la fin de la phase d’auto évaluation du Niger. C’est ce document qui est transmis au Secrétariat continental du MAEP, lequel va saisir un panel d’Experts africains qui, sur la base de ce document va faire une revue pays. Et c’est là qu’on va rentrer dans la phase d’évaluation du Niger. Une fois que les Experts sont désignés, ils vont prendre ce document, ils vont l’étudier, et ils vont venir faire une mission de trois à quatre semaines au Niger pour vérifier si réellement ce rapport d’auto évaluation reflète la situation du Niger ; est-ce qu’il reflète ce que les Nigériens ont dit ?. La question de la crédibilité et de l’intégrité va être vérifiée. A la fin, les Experts vont faire leur rapport qu’ils transmettent au Président de la République du Niger. Le gouvernement du Niger fait ses propres observations qui sont annexées au document. Nous souhaitons que le Président de la République du Niger puisse présenter le rapport du Niger en janvier 2020 au Forum des Chefs d’Etat membres du MAEP.

L’adoption du système d’auto-évaluation par le MAEP, peut-elle permettre de résorber certaines insuffisances constatées dans l’évaluation des pays, comme c’est le cas avec le Rapport sur l’IDH et autres modes d’évaluations ?

L’intérêt du MAEP est de renforcer ce qui est positif et pour tous les problèmes qui ont été identifiés on doit élaborer un plan national d’action pour corriger les déficiences constatées et observées. Et tous les deux ans dans le cadre de l’évaluation périodique, le Niger est évalué pour savoir par rapport aux problèmes qui ont été identifiés si les Nigériens ont mis des solutions et qu’est-ce que cela a donné ?. Le MAEP permet d’échanger les expériences, les pratiques entre les pays africains. C’est un exercice dans lequel il faut être sérieux.

Réalisée par Assane Soumana et Oumarou Moussa(onep)

17 mai 2019
Source : http://lesahel.org/