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Invité de l'Onep - M. Amadou Harouna, Directeur général de l’Agence du Barrage Kandadji : «Les travaux démarreront effectivement au plus tard en novembre 2018»

Le contrat des travaux a été signé depuis le 28 juin 2018 et l’entreprise a d’ores et déjà été invitée à prendre les dispositions nécessaires au démarrage des travaux.

Un temps, le projet Kandadji semblait totalement dans l’impasse après la rupture avec l’entreprise russe ZVS suivie d’une longue période de léthargie. Peut-on considérer cette parenthèse comme un lointain malheureux épisode et dire que cette fois-ci, la marche vers la réalisation du barrage est désormais inéluctable ?

A la vérité, après la résiliation du contrat de l’Entreprise ZVS, il n’y a pas eu de léthargie, comme beaucoup le pensait. Des efforts importants ont été déployés pour rendre irréversible la construction du barrage. Vous pouvez croire que tous les acteurs se sont fortement engagés. Peut-être que dans l’intervalle de temps, la communication a été timide. Mais

sachez que pendant cette période, les dossiers techniques ont été revus, des   financements complémentaires ont été mobilisés, le cadre institutionnel de mise en œuvre du Programme a été amélioré, la réinstallation des populations a été prise à sa juste importance et des travaux préparatoires ont été réalisés sur financement propre de l’Etat.

Aujourd’hui, avec la ferme volonté des Autorités au plus haut niveau de notre pays, l’adhésion forte des populations, l’engagement ferme des partenaires techniques et financiers et la démarche participative appuyée d’une communication soutenue, la marche vers la réalisation du barrage est effectivement inéluctable.

Quelle garantie avez-vous de la part de l’entreprise chinoise pour la concrétisation de ce projet ?

Préalablement à la signature du contrat, l’Agence du Barrage de Kandadji accompagnée du Maitre d’œuvre, Bureau d’Ingénieurs Tractebel, a procédé aux vérifications nécessaires relatives à la qualification et aux capacités de l’entreprise CGGC.

Ces vérifications ont été effectuées au cours des visites sur le terrain des références présentées par CGGC dans sa proposition technique. A l’occasion de ces visites, l’authenticité des expériences présentées par CGGC dans son offre, ainsi que les capacités techniques et financières ont été prouvées et confirmées par les Maitres d’ouvrage pour lesquels l’entreprise a réalisé les travaux. Il faut savoir que l’entreprise a une expérience solide en la matière. Elle a eu à réaliser des travaux de barrages beaucoup plus importants que ceux de Kandadji et dispos des capacités financière et technique importantes.

Est-ce que le Niger a pris suffisamment de garde-fous, sur la base des leçons du passé, pour éviter une autre déconvenue aux Nigériens ? Si oui, comment ?

Notre ambition est de construire le barrage conformément aux règles de l’art et dans les meilleurs délais. Ainsi, toutes les actions que nous avons entreprises et celles que nous entreprendrons tiendront compte des leçons tirées dans le but d’éviter une déconvenue, comme vous le dites. Concernant précisément le choix de l’entreprise, je voudrais souligner qu’un bureau d’études qualifié a réexaminé le dossier d’avant-projet détaillé et repris le dossier d’appel d’offres. Puis, un panel d’experts indépendant de très haut niveau a examiné ces dossiers avant le lancement de l’appel d’offres. Le Comité technique d’analyse des offres aussi a bénéficié de l’appui des Experts du Maitre d’œuvre et de l’Assistance technique comme personnes ressources.

Enfin, comme je l’ai indiqué tantôt, des vérifications importantes sur les capacités techniques et financières de l’entreprise retenue ont été effectuées avant l’adjudication définitive. Je peux vous assurer que les PTF aussi ont bien examiné la proposition d’adjudication en tenant compte de l’expérience vécue.

Pouvez-vous aujourd’hui avancer éventuellement une date pour le démarrage des travaux ?

Le marché étant approuvé depuis le 28 juin 2018, un ordre de service a été notifié à l’entreprise pour procéder à son enregistrement et à la mise en place des garanties nécessaires au démarrage des travaux. La remise du site à l’entreprise a été effectuée le 16 août 2018. Dès lors, l’entreprise dispose de trois (3) mois pour se mobiliser complètement ; les travaux devront effectivement démarrer au plus tard en novembre 2018.

M. le Directeur Général, la construction du barrage nécessite le déguerpissement, la réinstallation et le dédommagement des populations vivant sur l’emprise du futur barrage. Où en est-on ?

Je voudrais rappeler, une fois de plus, que la réinstallation des populations constitue la principale préoccupation dans la mise en œuvre du Programme, non pas parce que les populations s’y opposent, mais parce que la réinstallation doit être conçue et exécutée de façon à éviter les impacts négatifs. Elle exige des consultations préalables et une compensation juste et équitable. Le processus de réinstallation demande du temps pour bien être mis en œuvre: planification (recensement, Plan d’Action de Réinstallation, coûts); administration de la compensation; constructions de sites/logis et mesures de rétablissement des activités économiques.

Il faut veiller à éviter un décalage important entre le chronogramme de réinstallation et celui des travaux de construction. Dans cette perspective, compte tenu du nombre important des populations à réinstaller, deux groupes ont été formés. Le premier concerne les populations qui seront impactées pendant l’exécution des travaux de construction du barrage, le second concerne les populations situées dans le réservoir de la retenue d’eau ; il sera impacté lors de la mise en eau du barrage.

Les populations du premier groupe sont complètement réinstallées ; ce qui permettra donc l’exécution des travaux sans entrave. Il faut cependant avouer qu’une petite partie de ces populations n’a pas entièrement reçu toutes les indemnisations. Je peux confirmer que les dispositions sont prises pour régler cette désobligeante situation au plus tard au cours du mois de septembre 2018.

A part cela, nous n’avons plus de contentieux lié aux indemnisations. Un audit de la réinstallation a été réalisé en 2016 pour tirer les leçons afin de mieux aborder la réinstallation du second groupe.

La réinstallation de la première vague a coûté environ 30 milliards de francs CFA. Ce montant a couvert plusieurs volets. Il convient de noter qu’à l’issue de l’audit de cette réinstallation, la Banque mondiale a accepté de financer des activités pour améliorer les conditions de réinstallation. Cette bonification, en cours de mise en œuvre, coûtera environ 9 milliards de CFA.

Vous aviez reçu récemment deux missions, à savoir une de la banque mondiale et une autre de la Banque africaine de développement. Que faut-il en retenir ?

Effectivement, une mission de la Banque Africaine de Développement a séjourné à Niamey du 4 au 17 mars 2018 en vue de procéder à l’achèvement de la première phase du programme «KANDADJI» de régénération des écosystèmes et de mise en valeur de la vallée du Niger (PROGRAMME KANDADJI) ainsi qu’à la pré-évaluation du nouveau financement d’un projet d’appui à ce programme.

En ce qui concerne la dernière mission de la Banque mondiale, elle a séjourné au Niger du 28 Mai au 2 juin 2018 pour appuyer la mise en œuvre du programme. Les objectifs de la mission étaient d’échanger sur l’état d’avancement du Programme et formuler des recommandations pour accélérer sa mise en œuvre dans le respect notamment des mesures de sauvegarde environnementale et sociale. Un accent particulier a été mis sur la mise en œuvre du programme de développement local, la finalisation du Plan de réinstallation des populations de la 2ème vague et la communication. Il faut ajouter que des missions conjointes de tous les PTF sont souvent organisées et permettent de coordonner les activités de tous et de prendre des mesures concertées en vue d’accélérer la mise en œuvre du Programme. Je voudrais saisir l’occasion pour remercier les PTF de leur disponibilité constante pour l’accompagnement du Programme Kandadji.

25 août 2018
Source : http://lesahel.org/