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Invité de l'Onep : Moustapha Kadi Oumani, auteur du livre « Itinéraire d’un combat» : « J’ai examiné et disséqué les rapports entre nos partenaires privés et nos ressources naturelles en appréhendant le niveau des difficultés que le Niger a injustement vé

Moustapha Kadi Oumani, où situez-vous « Itinéraire d'un combat » dans votre production littéraire et, en quoi ce livre peut-il être utile aux Nigériens?

Après une vie associative bien remplie, il est vital de contribuer à éviter les spectacles de mauvais goût. Voyez-vous, le regard et le comportement de certains partenaires, blessent parfois nos cœurs. Mais, le plus important, c’est ce que vous avez dit : en quoi ce livre peut-il être utile aux Nigériens? Dans cette question, je ressens à la fois de l’enthousiasme et de la perplexité et, de ce fait, j’ai souhaité promouvoir la littérature nigérienne en lui donnant la place qu’elle mérite. Je pense bien sûr à nos aînés qui ont tracé la voie. En réfléchissant sur la situation globale de notre pays, j’ai examiné et disséqué les rapports entre nos partenaires privés et nos ressources naturelles en appréhendant le niveau des difficultés que le Niger a injustement vécu. Si j’ai accepté volontiers de faire ce travail avec tous les risques que vous connaissez, c’est pour donner une sorte de signal d’alerte et tenter de rééquilibrer pacifiquement la collaboration, d’autant plus que les enfants du Niger ne peuvent plus continuer à observer la manière par laquelle leurs richesses sont utilisées ou dilapidées. Il ne s’agit pas d’un choix volontaire, mais d’une tentative de rattrapage du temps perdu. Je suis convaincu que cet ouvrage enverra un message fort à nos co-équipiers. Comme vous le savez, j’ai toujours été habité par la justice sociale et l’amour de la patrie. Par exemple, Victor Hugo n’écrit pas pour faire passer un simple message. Il y a d’autres gens qui se battent pour la République, et qui font que ses écrits ont un impact. Toute modestie gardée, c’est quelque chose que nous tirons de notre culture. Cela fait partie des projets patriotes que nous portons tous et qui voient le jour quand les conditions sont réunies. Par devoir et rectitude morale, j’ai souhaité parler de mon combat au sein de la société civile. Le but visé est de mettre fin à la déstabilisation quasiment permanente de notre pays afin qu’il s’ouvre définitivement aux valeurs républicaines et démocratiques. Dans mes investigations, j’ai relevé, pas sans surprise, la complexité dans la prise de décisions, l’importance des traits de caractères des hommes politiques, les rapports profondément sournois entre les dirigeants de la France et du Niger et la façon dont les événements se précipitent si les intérêts de la Métropole ne sont pas garantis. Ces sujets qui suscitent de vifs intérêts, ont marqué ma vie et continuent à interpeller ma conscience. Au bout du compte, il s’agit pour moi de partager avec mes frères et sœurs des informations utiles qui ne doivent pas tomber dans l’oubli. Par conséquent, il faut les écrire, sans quoi elles vont continuer à nous encombrer la mémoire. Le livre « Itinéraire d’un combat » tente de dérouler comment se déploient les démarches et échanges de correspondances sur les matières stratégiques. Mes enquêtes m’ont permis de déchiffrer le cynisme flatteur des anciens responsables d’AREVA, groupe qui vient de changer son boubou argenté par une nouvelle appellation dénommée Orano, nom de façade de sa refondation. La raison fondamentale pour laquelle j’ai écrit ce livre, résulte du sentiment d’apporter ma part contributive à l’édification de notre cité commune en cherchant à dissiper les incompréhensions partant d’un proverbe géorgien : « Bois et mange ce qui est à toi, mais respecte ce qui est à moi ». C’est un engagement citoyen que j’assume pour aider mon pays. Maintenant, l’urgence réside dans l’établissement des rapports d’égal à égal, seule manière de sortir d’un système qui marche en dépit du bon sens. Et, c’est un terrain que doivent prospecter nos dirigeants pour le salut de notre pays. Il s’agit de courage politique.

Dans « Itinéraire d'un combat » vous avez choisi de faire des récits des situations que vous avez vécues en tant qu'acteur, mais aussi de partager le fruit de vos enquêtes, et de vos analyses sur des sujets assez sensibles. Pourquoi avoir choisi cette option?

C'est une question intéressante et cela demande beaucoup d’attention et de réflexion. Le choix de cette option, s’est imposé de lui-même afin de me permettre de faire un bilan précis. Je ne pouvais traduire mes émotions et sentiments qu’en traitant à la fois des sujets et événements passionnants dans des domaines divers. Aujourd’hui, les besoins et usages en matière d'information évoluent, j’ai voulu déplacer mon engagement citoyen sur un autre terrain et dans plusieurs domaines. En effet, si j’ai choisi cette option c’est parce que le combat politique devenait trop vain à mon goût. En général, dans une société le processus de prise de conscience peut être transmis à travers plusieurs canaux. Dans ce cadre, le choix que j’ai fait contient de multiples formes d'argumentations qui peuvent transformer le Niger. Je me suis engagé dans cette voie pour ne pas être spectateur, je veux agir. C’est assez effrayant de voir certains accords multilatéraux maintenus nonobstant tous les progrès réalisés. A l’évidence, ma méthode échoit dans la transformation des maux qui hypothèquent gravement l’avenir de notre pays. L'écrivain a toujours offert à ceux qui veulent bien le lire une vision particulière sur son opinion par rapport aux questions sensibles. Il contribue à éclairer et à modifier les appréhensions de la communauté. Autrement dit, l'originalité de ma démarche consiste à rendre publiques les angoisses de la majorité des Nigériens, sans porter des gangs. Mon engagement inlassable à cette tâche, vise à exposer les facteurs déstabilisants de notre jeune démocratie tout en espérant que l’ouvrage atteigne son but, en assistant mes compatriotes à tirer les leçons du passé pour mieux faire face aux défis du moment. D’une certaine manière, j’ai également jeté un regard critique sur la gestion de nos relations avec nos alliés, mais assorti de propositions dont j’espère que nos dirigeants en tiendront compte comme d’un apport d’un fils du pays qui sait la dure tâche qu’est la leur. Car ils luttent à armes inégales avec ceux qui tirent les ficelles du marché mondial. Ce livre doit notamment contribuer à réveiller les consciences endormies au moment où nous ressentons la pression des citoyens à s’intégrer dans l’espace public. Comme l’exprimait Albert Einstein, « pour résoudre un problème, il ne faut pas continuer dans les mêmes façons de penser qui ont fait surgir le problème…». Mieux, cet ouvrage met le lecteur au cœur de l’action pour comprendre ce qui se passe dans son milieu afin de prendre son destin en mains. Je n’écris pas sans vocation. Je construis à travers les mots. En général, quand je décide de travailler sur des thèmes qui bouleversent la sensibilité humaine, je préfère conduire minutieusement des enquêtes dans plusieurs pays. C’est le signe qu’une conscience citoyenne se développe au Niger. Vous avez tous observé depuis la sortie de ce livre la compréhension sur les thématiques abordées, a changé. En tout cas, c’est mon ressenti quand je parle à ceux qui ont bien voulu me faire l’honneur de lire mon ouvrage. Je voulais donc marquer d’un signal fort l’attention des responsables du monde entier en leur faisant comprendre que malgré le 4ème rang mondial que l’uranium nigérien occupe, jusque-là, les bénéfices sont à un sens unique et dans le mépris le plus complet.

Réalisée par Oumarou Moussa(onep)

1er juin 2018
Source : http://lesahel.org/