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Entretien avec Madame Ramatou Hama, directrice du Complexe Scolaire Communautaire Decroly:«Le système des écoles Decroly répond parfaitement à la prise de conscience des parents quant à leur implication dans la gestion et le fonctionnement de l'école

De ce fait, je rentre au pays avec l'espoir de créer une école Decroly convaincue que cette méthode pédagogique peut s'adapter à l'enfant dans son milieu, une méthode qui demande peu de moyens, surtout pour un pays comme le nôtre. Et c'est finalement en mai 2008 que le Ministère de l'Education a approuvé la création d'une école dénommée Ecole Decroly au Niger pour une période expérimentale de 6 ans. Elle a été inaugurée officiellement le 3 décembre 2008. Elle a débuté avec deux sections : deux classes jardin d'enfants et une classe primaire d'un effectif de 120 élèves. En 2012, l'école comptait déjà 6 classes et le nombre d'élèves est de 240, ce qui représente un doublement en 4 ans, à savoir que le taux de fréquentation s'élève à 99%. Il convient de savoir que les écoles Decroly à Bruxelles et au Niger entretiennent, de manière remarquable, des accords de partenariat dans les domaines de la pédagogie, de la formation des enseignants et des stages.

Mais Madame, qu'est-ce qui fait la spécificité des écoles Decroly par rapport aux autres écoles ?
En fait, la spécificité de notre école, c'est la participation des communautés dans sa gestion et son fonctionnement. C'est une pratique qui est monnaie courante dans plusieurs pays, car l'Etat à lui seul ne peut pas prendre en charge l'éducation de tous ses fils. Il faut nécessairement l'implication, même partielle, des parents à laquelle s'ajoutent les contributions des ONG, à l'exemple de la Fondation Guri Vie Meilleure.
Par ailleurs, il convient de dire qu'à l'école Decroly, les communautés interviennent dans plusieurs actions, à savoir la prise en charge des enseignants communautaires et du personnel auxiliaire, la construction des classes, l'achat du mobilier, la cantine scolaire, etc.
En définitive, chaque citoyen doit pouvoir contribuer aux efforts de l'Etat, selon sa compétence et ses moyens. L'enseignement est une source inépuisable; les parents sont indissociables dans l'œuvre d'éducation, tout comme les partenaires sont incontournables. Ils doivent donc, tous ensemble, conjuguer leurs efforts pour une éducation de qualité.

Pouvez-vous expliquer à nos lecteurs la signification du nom de votre école...
Ovide Decroly est le représentant belge incontournable de l'Education nouvelle. Dans ses deux écoles expérimentales créées en 1901 et en 1907 à Bruxelles, il a mis à l'épreuve les moyens de changer l'ensemble du système scolaire, sachant que les mêmes procédés éducatifs seront utilisés dans l'enseignement spécial et dans l'enseignement ordinaire. Pour tout dire, son œuvre témoigne en permanence des liens entre la pratique et la théorie. Decroly est d'abord un évolutionniste, une évolution qui s'occupe de l'enfant et qui ne peut être dissociée du milieu.

Vu le taux de fréquentation dont vous venez de parler tantôt, on a l'impression que les écoles Decroly suscitent un engouement certain chez les parents. Pouvez-vous nous faire une situation succincte de l'évolution du Complexe Scolaire Decroly, de sa création à aujourd'hui ?
C'est une évolution remarquable qui s'explique par l'intérêt permanent qu'accordent les parents d'élèves à l'école, au regard bien entendu des résultats obtenus. Au CFEPD, de 2013 à 2016, nous avons toujours obtenu une réussite de 100%. Concernant les effectifs, il a été enregistré, au niveau du primaire, 527 élèves en 2016-2017, alors que nous avons débuté avec un effectif de 50 élèves. Le pourcentage des filles est de 55%. S'agissant du jardin d'enfants, de 70 élèves, le nombre est monté à 253, dont 54% de filles.
Ces chiffres parlent d'eux-mêmes pour illustrer les efforts entrepris par l'école dans la scolarisation de la jeune-fille.

Madame la directrice, compte tenu de l'intérêt des parents d'élèves pour ce système scolaire, qu'envisagez-vous pour satisfaire les besoins ?
J'aimerai vous dire d'abord que la première phase d'expérimentation a pris fin en juin 2014. Elle a été suivie d'une phase relative à l'évaluation sur place et d'une autre phase d'évaluation par nos partenaires de l'école de Bruxelles. A l'heure actuelle, nous sommes dans la phase de capitalisation et de consolidation des acquis qui a débuté en octobre 2014 et qui prendra fin en juin 2020.
Ce qui m'amène à vous dire que nous avons, entre autres projets, la création d'un collège ; la création d'écoles primaires et de jardins d'enfants Decroly aussi bien dans les quartiers de la capitale que dans les chefs-lieux des régions. Mais ce projet ne verra le jour qu'une fois que nos partenaires, à tous les niveaux, nous auront apporté leurs appuis.
Le système des écoles Decroly répond parfaitement à la prise de conscience des parents quant à leur implication dans la gestion et le fonctionnement de l'école communautaire.

Pour terminer, dites-nous Madame la directrice, le sentiment qui vous a animée lors de la visite de la Première Dame dans votre établissement...
J'avoue avoir été profondément réconfortée et encouragée à poursuivre inlassablement la noble mission qui m'est assignée en tant qu'enseignante de formation. Cette visite est un témoignage concret de l'intérêt sans cesse grandissant que la Première dame accorde au domaine de l'enseignement primaire, à l'éducation des enfants de manière générale.
Aussi, en plus de mes chaleureux remerciements au nom du personnel de l'école, des parents d'élèves et des élèves, c'est l'occasion de témoigner, une fois de plus, ma profonde reconnaissance à la Première dame Aïssata Issoufou Mahamadou et à la délégation qui l'a accompagnée au cours de cette visite dont les retombées ont été appréciées par l'Ecole Decroly qui a bénéficié d'un important lot d'ordinateurs qui permettra à nos élèves d'être au niveau du monde de la technologie. Le geste de la Première dame est un exemple concret à suivre, c'est la résultante de l'intérêt qu'elle porte à l'endroit du scolaire nigérien. Une telle volonté est à magnifier, surtout dans le contexte socio-économique de notre pays.

Réalisée par Tchirgni Maïmouna
12 février 2017
Source : http://lesahel.org