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La farandole des livres au Niger : “J'ai ouvert ma librairie pour mes filles” (Binta Tini)

En octobre 2016, dans le cadre des mesures d’assainissement de la ville de Niamey, nous sommes sommés de libérer les locaux (le terrain appartenant à la Communauté urbaine Mairie de la ville de Niamey) en 48 heures et nous avons donc aménagé la librairie dans une villa au quartier terminus.

En février 2017, nous avons pris la décision de construire sur le même terrain un bâtiment définitif dans lequel nous sommes depuis le 10 septembre 2017.
Quelles sont les spécificités historiques du marché du livre au Niger ?

Binta Tini : Le marché du livre au Niger, est l’apanage de certains Libraires/éditeurs, notamment pour les ouvrages au programme dans le système scolaire nigérien. Ces libraires ont à eux seuls l’essentiel du marché de livres (fournis par les grandes imprimeries de Niamey).
À ce jour, à quelles problématiques faites-vous face ?
Binta Tini
: Je citerai 3 problématiques. D'abord, il est devenu assez difficile de passer de petites commandes via Saga Air car pour bénéficier du tarif préférentiel le seuil minimum est passé de 50 kg à 75 kg depuis juillet 2017.

Ensuite, la concurrence effrénée des libraires/éditeurs à laquelle je dois faire face, lors de certains appels d’offres, car les prix qu’ils proposent pour leurs propres ouvrages sont bien en dessous du prix d’achat même avec la remise libraire. Enfin, certains libraires qui continuent à faire des photocopies de livres.

Comment établissez-vous votre sélection d’ouvrages mis en avant ?
Binta Tini
: Je sélectionne les ouvrages en me basant sur les demandes de la clientèle, mais je passe également commande lors des promotions d’ouvrages Jeunesse et bien sûr, je donne une place importante à la littérature africaine et plus particulièrement nigérienne.

Quelles sont vos relations avec les distributeurs ?
Binta Tini : J’ai de très bonnes relations avec les distributeurs, qui n’hésitent pas à me faire des sur-remises sur simple demande quand j’ai des commandes à passer pour des évènements culturels.

Que vous apporte le réseau de l’AILF ?
Binta Tini : Il me permet de me faire connaître davantage : je suis souvent contactée par des éditeurs qui disent avoir pris connaissance de ma librairie sur le site de l’AILF. De plus, on a tout ce dont on a besoin comme informations sur les aides dédiées aux libraires, sur la Caravane du Livre et de la lecture et sur le monde culturel… etc.

Quel regard portez-vous sur l’industrie du livre ?
Binta Tini : Un regard un peu mitigé, en raison de l’expansion du livre numérique et la place qu’il commence à occuper dans nos sociétés. Pour ma part, j’espère que le livre imprimé ne sera pas négligé pour autant.

Vous venez de fêter les 10 ans de votre librairie, quel bilan pouvez-vous dresser au bout de 10 ans d’activité.
Binta Tini : Au bout de ces 10 ans, j’ai acquis davantage d’expérience grâce à ma participation à diverses rencontres et séminaires. J’ai la chance également d’être constamment sollicitée pour participer à divers évènements culturels qui me permettent de me positionner en tant qu’actrice culturelle dans mon pays.

Et par-dessus tout, ma librairie est dans des locaux définitifs, bien adaptés qui sont dorénavant ma propriété.

25 novembre 2017
Source : https://www.actualitte.com/