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Interview de Dr. Hadiza Jackou, Coordinatrice du Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) : Plus de 13 millions de moustiquaires imprégnées ont été distribuées en 3 ans

La distribution de masse de 3 465 597 Milda en campagne a concerné en 2017 les régions de Dosso, Diffa et Tillaberi ; celle de 2016 , la région de Niamey avec 629 137 moustiquaires et en 2015, nous avons couvert les régions de Maradi , Tahoua et Zinder avec 5 715 724 moustiquaires. Pour 2017, la distribution des moustiquaires en routine pour les femmes enceintes, sur toute l’étendue du territoire a concerné 746 800.

Nous organisons également la prévention chez les enfants de 3 à 59 mois pendant la saison des pluies . Les campagnes de la Chimio prévention du paludisme Saisonnier (CPS) consiste à administrer aux enfants de 3 à 59 mois des médicaments contre le paludisme à raison de 3 jours de traitement par mois pendant 4 mois. Cette campagne est couplée au dépistage de la malnutrition et a concerné 2 767 644 enfants de 3 à 59 mois des régions de Maradi, Zinder, Tillaberi, Dosso, Tahoua et Diffa. Nous débutons le 4ème passage à partir du 20 octobre .

Par ailleurs, nous développons des activités de sensibilisation à travers les média notamment les radios communautaires avec lesquelles nous signons des contrats de prestations. Cette année, nous travaillons avec 81 radios communautaires, 8 radios au niveau des régions et 3 Télévisions pour la diffusion des spots de sensibilisation dans le cadre de la lutte contre le paludisme. Ces activités de sensibilisation des populations se font également dans les formations sanitaires à travers des focus groups, des réunions de mobilisation sociale, les caravanes de sensibilisation.

Dans le cadre de la lutte contre les vecteurs, nous avons des activités de lutte anti larvaire avec les Bio larvicides et des pulvérisations extra domiciliaires dans les quartiers. Une convention de partenariat lie le Niger avec le laboratoire LABIOFAM de la République de Cuba pour la mise en œuvre des activités de lutte anti larvaire par l’utilisation des bio larvicides dans 4 régions de notre pays. Dans le cadre de la mise en œuvre de ces activités, il y a eu en Août 2017 le traitement des gites larvaires de trois Districts sanitaires de la région de Dosso, à savoir Dosso, Doutchi et Boboye. En Septembre 2017, ces activités ont concerné toutes les 5 communes de la région de Niamey. Ces mêmes activités se poursuivent actuellement dans toutes les communes et ce jusqu’au 23 Octobre 2017.

Nous avons également mis à la disposition des formations sanitaires et au niveau communautaire des intrants pour la prise en charge des cas de paludisme, à savoir les Combinaisons Thérapeutiques à base d’Artéminisine (CTA), les Tests de Diagnostic Rapide (TDR) , l’Artésunate injectable et le traitement intermittent de la sulfadoxine pyrimethamine chez les femmes enceintes

Un traitement contre le paludisme appelé KAF 156 aurait été testé dans certains pays d’Afrique et d’Asie : représente-t-il la panacée tant attendue ?
Dans le cadre de la recherche pour de nouveaux traitements du paludisme, l’institut de recherche Medicines for Malaria Venture (MMV) et le laboratoire Novartis ont lancé récemment une étude clinique en Afrique pour tester l’efficacité de KAF156, un candidat-médicament antipaludéen de nouvelle génération ayant le potentiel de traiter les souches pharmaco résistantes du parasite du paludisme. L’étude testera l’efficacité de KAF156 en combinaison avec une nouvelle formulation améliorée de l’antipaludéen luméfantrine. Le premier centre d’étude est opérationnel au Mali et sera suivi au cours des prochains mois par seize centres supplémentaires à travers neuf pays d’Afrique et d’Asie. L’étude clinique a démarré début août courant chez des adultes atteints de paludisme et doit être étendue aux adolescents et aux enfants dans neuf pays d’Afrique et d’Asie au total. KAF156 a le potentiel d’éliminer l’infection palustre, y compris les souches résistantes, ainsi que de bloquer la transmission du parasite responsable du paludisme. Les résultats de l’étude de phase II ont démontré que la molécule est puissante et agit rapidement sur les différentes étapes du cycle de vie du parasite, éliminant rapidement les parasites P. falciparum et P. vivax.

Qu’en est-il de la résistance des vecteurs aux insecticides et des parasites aux antipaludiques ?
Au Niger comme dans tous les pays de l’Afrique sub saharienne, les moustiques ont développé une résistance aux insecticides utilisés en santé publique, ce qui constitue un grand défi pour la lutte contre les vecteurs. Au Niger, le PNLP mène le suivi de cette résistance dans plusieurs Districts Sanitaires et un Plan National de Suivi et Gestion de la Résistance des Vecteurs aux Insecticides a été élaboré pour une meilleure gestion de cette résistance conformément aux recommandations de l’OMS. En ce qui concerne la résistance des parasites aux anti paludiques, une étude sur l’efficacité thérapeutique des médicaments antipaludiques que nous utilisons dans nos formations sanitaires est en cours dans les Districts sanitaires de Dogon- Doutchi et Boboye en collaboration avec le Centre de Recherche Médicale et Sanitaire (CERMES) et la Faculté des Sciences de la Santé de l’Université Abdou Moumouni de Niamey.

Nous savons que le paludisme est beaucoup tributaire en Afrique des problèmes de salubrité et d’assainissement : y a-t-il un programme articulé de lutte entre services compétents ?
La lutte contre le paludisme est une affaire de tous. Les services compétents seuls ne peuvent pas venir à bout des problèmes de salubrité et d’assainissement. Les populations doivent faire un effort pour garder un environnement propre et salubre et collaborer avec les services compétents, à savoir les services d’hygiène et de l’assainissement du ministère de la Santé publique ; les services déconcentrés d’hygiène et d’assainissement au niveau des régions, départements et communes, le ministère de la Ville et de la salubrité publique et, pour la ville de Niamey, le Haut-commissariat au Programme Niamey NYALA. Nous devons tous travailler main dans la main dans notre propre intérêt et ceux des générations futures à qui nous devons laisser un pays débarrassé de tout fléau et où il fait bon vivre.

Vous avez entrepris ces jours-ci une opération de démoustication dans la ville de Niamey : dites-nous-en un peu plus.
Dans le cadre du partenariat, le ministère de la Santé publique à travers le PNLP et le Haut-commissariat au programme Niamey NYALA et la ville de Niamey, avec l’appui de la coopération cubaine, a démarré depuis le mois de septembre 2017 une vaste campagne de démoustication dans les 5 communes de la ville de Niamey et ce jusqu’en Novembre 2017. Cette activité consiste au traitement des gites larvaires (caniveaux, fosses septiques, eau stagnante,...), la pulvérisation d’insecticide dans les différents quartiers ; le tout sera couronné par un traitement aérien au niveau des rizières et sur les rives du fleuve. Sur 86 quartiers prévus pour la région de Niamey, 66 soit 76,74% ont été traités avec les bio- larvicides et 69 soit 80,23% avec la pulvérisation extra domiciliaire. La Densité Larvaire avant traitement des gites larvaires au niveau de la région de Niamey est de 1592 larves/m2 en Septembre 2017. La mortalité des larves de moustiques était de 100% 24 heures après l’application des bio larvicides et 96,6% 21 jours après le traitement des gites larvaires. 15074 gites larvaires ont été traités avec les bio larvicides dans les 5 communes de la région de Niamey. Quant à la pulvérisation extra domiciliaire d’insecticide, 780 139 habitants, soit 76.7 % de la population de la région de Niamey ont été protégés contre les piqûres de moustiques pour la phase de Septembre.

Réalisée par Sani Soulé Manzo(onep)
27 octobre 2017
Source : http://lesahel.org/