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M. Oumarou Issoufou , Président du Conseil Régional de Tillabéri : « La première condition pour relancer les activités économiques, c’est l’amélioration de la situation sécuritaire dans notre région »

Le développement du capital humain, l’amélioration de l’accès aux services sociaux de base, la promotion de la bonne gouvernance et la transformation de l’économie locale sont les grandes lignes retenues par le Conseil Régional de Tillabéri pour répondre aux aspirations des populations. Dans cette interview, le président du Conseil Régional de Tillabéri, M. Oumarou Issoufou aborde plusieurs questions relativement à la vie de la région notamment les potentialités et les opportunités économiques, les défis actuels, les perspectives, etc. 

M. le Président, quelles sont les grandes lignes du programme retenu par le Conseil Régional pour insuffler une dynamique de développement économique, social et culturel au niveau de votre région ?

Merci à l’ONEP pour cette opportunité ! Parler des grandes lignes du programme de développement de notre conseil m’amène effectivement à préciser que nous avons adopté notre plan de développement régional le 29 décembre passé. L’élaboration de ce document nous a permis de dégager des pistes devant aboutir à un mieux-être de nos populations. Ces pistes sont matérialisées en axe de développement. Avant l’élaboration de ce document, nous avons procédé d’abord à un diagnostic. Et il s’est avéré que ce diagnostic a relevé certaines difficultés et faiblesses notamment en matière d’accès aux services sociaux de base. Nous avons relevé assez de problèmes. Et l’analyse de ces problèmes et les réflexions qui ont été menées dans le sens de trouver des solutions, nous ont conduits à dégager quatre axes de développement que nous pouvons considérer comme des pistes allant dans le sens d’assurer ou d’insuffler une dynamique de développement durable à la région. Le premier axe est relatif au développement du capital humain. Le capital humain en réalité englobe le développement des infrastructures sociales dans les domaines de l’éducation, l’assainissement, la santé, l’hydraulique, etc. Comment améliorer l’accès de nos populations à ces différentes offres de services. Le deuxième axe, c’est la promotion de la bonne gouvernance. Pour que tous ces problèmes réunis en différents domaines puissent être résolus, il faut que nous pensions à améliorer la gouvernance. Le troisième axe porte sur  la promotion de la paix et la cohésion sociale. Comme vous le savez notre région connaît depuis quelques temps une crise sécuritaire, Dieu merci aujourd’hui, on peut noter une amélioration de la situation. Mais nous nous sommes dits que le défi est là. Il faut que nous y pensions. Cet aspect sécuritaire est une spécificité de notre région que nous vivons. Et enfin le 4ème axe concerne la transformation de l’économie de la région. Comme je le disais tantôt nous avons relevé une mauvaise performance du secteur économique et nous avons pu identifier des actions allant dans le sens de dynamiser ces différents secteurs.

Quelles sont les potentialités et les opportunités économiques sur lesquelles vous comptez vous appuyer, au niveau du Conseil Régional, pour relever le pari de la relance de l’activité socio-économique dans la Région ?

Nous sommes en train de nous mobiliser pour effectivement contribuer à un retour de la paix dans notre région. La première condition pour rélancer les activités économiques, c’est l’amélioration de la situation sécuritaire dans notre région. Et nous nous y attelons avec les principaux acteurs, les autorités compétentes pour que la paix revienne. Cela dit, les principales potentialités sur lesquelles nous allons nous appuyer sont : les ressources naturelles, le capital humain pour travailler ces ressources, notre zone pastorale, etc. Nous allons faire de l’irrigation un levier de développement afin de favoriser ou accroître les revenus de nos populations. Le secteur de l’élevage constitue une de nos opportunités sur lesquelles nous voulons bien nous appuyer pour amorcer le développement de la région.

Quels sont les défis et les contraintes majeurs qui contrarient les actions de développement au sein de la région ?

Ce qui contrarie les actions de développement de notre région, c’est d’abord l’insécurité. Comme je le disais tantôt, aujourd’hui nous avons des marchés qui sont fermés, la mobilité est entravée. L’insécurité a porté un coup aux échanges commerciaux. Vous savez, aujourd’hui dans certaines zones il y a un vol d’animaux qui est devenu récurrent. Ce qui fait que le secteur de l’élevage a pris un coup. Il y a aussi certaines difficultés telles que le problème de la main-d’œuvre pour accompagner les politiques de développement notamment la main-d’œuvre qualifiée. Nous avons beaucoup de jeunes mais malheureusement qui ne sont pas qualifiés. Il va falloir que nous mettions l’accent sur la formation des jeunes, surtout la formation professionnelle. Il y a aussi un autre handicap, qui est l’insuffisance de la participation de la diaspora dans les activités économiques au niveau de la région. La diaspora ne participe pas dans le processus de développement de la région comme nous l’aurions souhaité. Et là, nous allons initier des actions et des activités allant dans le sens de mobiliser cette diaspora afin qu’il y ait un flux de capitaux pour essayer de dynamiser davantage les activités économiques.

Quels sont les principaux partenaires techniques et financiers qui viennent en appui aux actions de développement de la région, et quelles sont les initiatives prises pour mobiliser les investisseurs ?

Par rapport aux partenaires, Dieu merci nous en avons plusieurs, notamment des projets et programmes qui nous accompagnent tels que le Projet Communautaire de Relèvement et Stabilisation au Sahel PCRSS, le Projet d’Appui aux Réfugiés et Communauté d’Accueil, la Coopération Allemande. Nous avons le PICCT qui nous a dotés de ce siège. Je profite de l’occasion pour saluer cette coopération féconde entre la coopération allemande et le Conseil Régional de Tillabéri. Nous avons également la coopération française à travers l’AFD qui est un partenaire privilégié de la région. Mais nous avons pratiquement tous ceux qui viennent dans la région de Tillabéri parce que nous capitalisons les interventions de tout le monde conforment à notre vocation qui consiste à favoriser le développement socio économique culturel de la région.

Monsieur le Président, parlons de la décentralisation qui est considérée comme une alternative crédible au rapprochement de l’administration des administrés ainsi que pour le transfert de la gestion par les populations de leurs propres affaires. Quelle est votre appréciation sur le niveau actuel du processus de la décentralisation au Niger ?

Mon jugement ou mon appréciation sur le niveau actuel du processus de la décentralisation, je dirais que c’est un processus qui suit son cours. Il y a eu quand même des acquis notamment : la mise en place des différents conseils élus, l’alternance au niveau de différentes circonscriptions décentralisées, la mise en vigueur des dispositions juridiques régissant le processus de décentralisation à savoir les différentes lois, les décrets, etc. y compris le code général de la décentralisation. Ce sont des acquis indéniables ! Un autre acquis important qu’il faut souligner, c’est le transfert de certaines compétences aux communes et aux régions notamment dans le domaine de l’hydraulique, la santé l’environnement, l’éducation etc.

Quels sont les perspectives de développement que porte le Conseil Régional au profit de la population ?

Les perspectives je les ai déjà énoncées plus haut à travers les quatre axes du plan de développement régional. Maintenant tout ça est conditionné par le retour de la paix et la stabilité. Nous prions Dieu pour que la paix revienne dans la région de Tillabéri. Si les conditions les permettent nous avons des belles perspectives, notamment dans le domaine minier. Vous savez, il y a plusieurs permis miniers qui ont été octroyés au niveau de la région de Tillabéri. Notre région devrait même avoir une autre mine industrielle d’exploitation d’or avec le Turcs, mais malheureusement l’insécurité n’a pas permis le démarrage de cette exploitation. Nous avons le Barrage de Kandadji, un programme assez structurant, etc. à travers lequel beaucoup de nos villages et villes seront électrifiés, des aménagements hydro-agricoles et un sentier pour les hippopotames seront construits. Avec ce Barrage, nous aurons une stabilité du débit du fleuve Niger. C’est vraiment tout un écosystème nouveau qui va être créé au niveau de la région de Tillabéri. Nous avons également comme perspective, la création des zones économiques régionales dans le cadre du PDES et le développement de l’irrigation. Nous avons déjà des projets dans ce sens qui sont prêts à accompagner les populations. Il y a plusieurs autres projets pour redynamiser et moderniser le secteur de l’élevage. L’un dans l’autre, nous restons optimistes et nous pensons qu’avec le retour de la paix, il y aura un changement qui va améliorer les conditions de vie des populations.

Je voudrais rassurer la population de Tillabéri, qu’elle a élue des femmes et des hommes dévoués au développement de cette région. Ainsi, j’appelle la population à apporter sa contribution à aider l’État, les collectivités à travers l’information, et à ne pas se laisser abattre par cette situation qui sera un jour derrière nous. Et enfin j’appelle la population à rester debout pour tirer le meilleur profit des différentes interventions des projets et programmes qui sont en cours dans la région. Dieu merci il y a assez de projets qui interviennent et beaucoup s’annoncent. Maintenant il revient aux populations de se tenir prêtes pour pouvoir profiter et exploiter ces opportunités afin d’amorcer le développement durable de notre région et favoriser le changement pour une amélioration de leurs conditions de vie.

Par Abdoul-Aziz Ibrahim, ONEP Tillabéri

Source : http://www.lesahel.org