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Dr Haboubacar Maman Manzo, Conseiller principal du Premier ministre, Chef du département Economie rurale et Environnement : «Nous avons besoin de faire une agriculture qui soit un métier, qui produise de la richesse et qui permet donc à celui qui la prati

M. le Conseiller, l’économie rurale est une des pierres angulaires de la Déclaration de Politique Générale du Gouvernement. Qu’est-ce qu’englobe ce terme et pourquoi l’économie rurale a autant d’importance pour les autorités ?

L’économie rurale, de manière générale, c’est l’ensemble des sciences sociales qui  s’occupent, qui étudient la vie rurale et tout ce qui la rythme, l’anime. Et quand on parle de la vie rurale, il faut la situer dans l’espace, donc dans des territoires qui ont comme principales activités l’Agriculture, avec grand A. Donc, une vie autour de l’activité principale du pays qui est l’agriculture, mais également les autres activités connexes comme l’élevage, la pisciculture, l’apiculture, tout comme ça peut-être tout simplement des voies qui entourent les gens. En tout cas, c’est un cadre de vie qui est rural et qui est essentiellement garni de toutes les ressources naturelles.

Quand on parle d’une vie en pleine nature, avec autant de ressources naturelles, il y’a un besoin de les mettre en valeur, de les exploiter et surtout, de faire en sorte que ça crée une plus-value à l’être humain afin de lui permettre d’améliorer ses conditions de vie. Ces ressources se trouvent à l’état brut, donc elles ne sont pas mises en valeur. Alors, l’économie rurale, non seulement s’occupe de cette vie rurale et tout ce qu’il y’a dans ce monde rural, mais également elle va étudier les comportements des acteurs qui sont dans ce milieu et les relations qu’il y’a entre eux et tout ce qui va aller dans le sens de promouvoir ces relations. C’est cela qui donne aussi la possibilité à l’économie rurale d’aller étudier par exemple les différentes activités, les marchés, les relations entre les acteurs, que ça soit des relations de travail, commerciales, de complémentarité ou même de substitution.

Dans le cadre de la DPG, qu’est-ce qui est fait au Niger pour une plus grande résilience de l’économie rurale, surtout après les fléaux climatiques qui ont négativement impacté l’économie agricole du pays, premier secteur d’occupation des populations ?

L’économie rurale c’est avant tout 80 voire 85% de la population active qui est dans ce secteur. C’est la principale source de revenus d’abord, mais également de richesse pour les populations, les 85% de la population qui vit en milieu rural, qui est rurale, qui pratique des activités rurales.

Donc c’est tout à fait normal que les autorités lui accordent une place de choix dans leurs politiques, dans leur gouvernance. C’est en cela que les autorités actuelles ont carrément décliné un axe, d’abord c’est un grand chapitre dans le programme de renaissance acte III du Président de la République, Chef de l’Etat. C’est un grand chapitre qui est dévolu au développement rural et la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Ce chapitre a été décliné de manière opérationnelle dans la déclaration de politique générale du Premier ministre, Chef du gouvernement, et a un axe spécial, le numéro 4 qui vise la modernisation du monde rural. Donc, ça c’est vraiment la grande place qu’occupe l’économie rurale dans les grandes orientations, dans les grands cadres institutionnels de notre pays et de la gouvernance actuelle.

Pour être plus concret, dans cette Déclaration de politique générale, d’abord tout en consolidant et en avançant, nous avons 7 programmes phares. Ces programmes phares sont porteurs et ont des avantages comparatifs en termes de développement rural et de modernisation du monde rural. Ces 7 programmes phares sont le programme riz, niébé, canne à sucre, oignon, moringa et bétail/viande et volaille/pintade. Voilà les 7 grands programmes phares sur lesquels les autorités actuelles se basent pour la conduite de la gouvernance rurale, de la gouvernance agricole de notre pays pour ce mandat du Président de la République, Chef de l’Etat. Les autorités actuelles accordent beaucoup d’intérêt et d’attention au secteur du monde rural, un secteur précurseur, pourvoyeur de richesses, d’emplois, et surtout de prospérité pour nos populations, surtout les plus nombreuses qui sont les populations rurales.

En tant que chef du département économie et environnement au cabinet du Premier ministre, quelle appréciation faites-vous du développement des pôles agro-industriels en cours au Niger ?

C’est une variante de toutes les orientations données par les autorités actuelles. Les pôles agro-industriels par essence, c’est un certain nombre d’activités qu’on aimerait développer et qui vont inclure plusieurs maillons complémentaires qui permettent d’avoir une plus-value. Ici, l’ingénieuse idée est d’aller vers l’implication, à la fois des ruraux, mais aussi du secteur privé et de l’Etat qui va veiller à ce que les différents maillons à travers les différents acteurs, se complètent et mutualisent leurs  expertises, leurs connaissances, et surtout leur savoir-faire pour développer des chaines de valeur et gagner en revenus, en bénéfices, en développement, mais surtout aussi de créer des cadres de vie meilleurs et des conditions de vie favorables à un développement durable.

Est-ce, pour vous, la réponse adéquate aux impératifs actuels et futurs de maîtrise et de modernisation des sols fertiles et des ouvrages hydro-agricoles au Niger ?

Bien sûr! Bien sûr! Mais il n’y a pas que ça. Les pôles agro-industriels, c’est d’abord le fait d’aller relever le petit producteur ou le petit éleveur dans ce qu’il a déjà comme résilience, dans ce qu’il fait comme activité. C’est de le relever et de le pousser à produire plus pour profiter au mieux de sa propre production. C’est aussi une manière de l’intégrer dans le circuit commercial. Aujourd’hui, vous savez très bien que nous ne devons pas nous contenter seulement de produire pour subvenir à nos besoins alimentaires. Nous avons besoin de faire une agriculture qui soit un métier, qui produise de la richesse et qui permet donc à celui qui la pratique de vivre dignement de ce qu’il fait comme métier.

Nous devrons aller vers une activité qui soit rentable à tout point de vue. Qu’elle soit rentable d’abord pour l’environnement, parce qu’il ne sert à rien aujourd’hui de perpétuer cette pratique d’agriculture extensive à la daba. Nous avons besoin de produire en qualité, mais aussi en quantité, non seulement pour satisfaire nos propres besoins, mais également dégager des excédents qui vont nous permettre de rentrer dans le processus de transformation, d’industrialisation, et faire en sorte que ce que nous avons dans nos terroirs, soit aussi recherché et soit envié par d’autres. Les pôles agro-industriels sont avant tout des ouvertures pour que nous incitions nos producteurs à transformer leurs pratiques agricoles.

Quelles sont les mesures prises pour faire bénéficier le monde rural, de ces investissements publics et privés surtout les zones affectées par la crise sécuritaire ?

Les zones qui vont être mises en valeur, de manière efficace, seront certainement des zones de grande sécurité. Les gens auront plus d’assurance à aller travailler que d’aller dans une zone où il n’y a rien comme activité. Donc, l’implémentation des pôles agro-industriels est certainement un élément qui va permettre davantage de sécuriser nos zones rurales. Bien sûr qu’à travers les zones agro-industrielles, nous avons peut-être besoin de gros investissements. Mais je pense que même sur la base des catégories de producteurs que nous avons actuellement, qui sont majoritairement des exploitations familiales, nous pouvons aussi mettre en place les premiers maillons agro-industriels. C’est de là qu’on peut partir en impliquant ces producteurs avec leur savoir-faire dans des mécanismes qui vont leur permettre de mutualiser leurs efforts et de créer de grands cadres. Ce qui permettra non seulement d’aller vers l’autosuffisance alimentaire, mais surtout et aussi de reverser l’excédent vers la transformation et le développement agro-industriel.

Quelle sera la principale orientation de l’économie rurale en général, et de l’économie agricole en particulier, en cette nouvelle année budgétaire 2023 ?

Ce qui est important c’est de voir comment est-ce qu’il y’a une anticipation par rapport à toutes ces perspectives heureuses et ce que les autorités ont inscrit dans leurs programmes. Je voudrai saluer ici les initiatives qui sont prises par le gouvernement en ce qui concerne, par exemple, l’importation de matériels agricoles et des intrants. Le dernier budget de l’Etat contient des mesures incitatives pour aller vers cette modernisation du monde rural avec des mesures de détaxation qui ont été prises. C’est salutaire parce que notre agriculture a besoin de gros investissements, surtout dans l’acquisition de matériels.

Par Souleymane Yahaya(onep)

Source : http://lesahel.org/