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Interview du Directeur de la Météorologie Nationale : «La baisse de température est due à l’inclinaison et l’exposition périodique de notre planète, la terre, par rapport au soleil (…), mais c’est un phénomène naturelle», déclare Katiellou Lawan Gaptia

Pays sahélien, le Niger compte trois saisons, à savoir la saison sèche et froide, la saison chaude et la saison pluvieuse. Même si la saison chaude est la plus redoutée des sahéliens en général et des Nigériens en particulier, la saison froide n’en n’est pas moins redoutée avec ses spectres de froid, de poussières, de brumes et autres  brouillards, qui impactent beaucoup sur les activités humaines. Dans cet entretien, le Directeur de la Météorologie Nationale, M. Katiellou Lawan Gaptia, décline les tenants et aboutissants de ces variations climatiques et météorologiques.

M. le Directeur, depuis quelques jours, on constate une baisse importante de température, sur presque l’ensemble du pays. Qu’est-ce-qui explique cette situation ?

Je dois tout d’abord dire que la baisse de température, en cette période, est un phénomène tout à fait naturel, car dû à l’inclinaison et l’exposition périodique de notre planète, la terre, par rapport au soleil. Avec un climat tropical, le Niger dispose de trois saisons dont la saison sèche et froide, une saison chaude et une saison pluvieuse. Il a une température variant généralement entre 17 et 41 degrés Celsius et est rarement inférieure à 15 degrés ou supérieur à 43 degrés Celsius au cours de l’année. Cependant on constate ces derniers jours à Niamey, une variation de température : basse la nuit et plus ou moins élevée le jour. Pendant les mois de décembre, janvier et février, la saison sèche froide persiste toujours. Donc c’est normal que nous puissions avoir ce changement brusque de temps au cours de la journée. Par rapport aux températures que nous sommes en train d’observer en ce moment, nous pouvons bel et bien dire que nous sommes dans une phase de transition entre la saison sèche froide et la saison sèche chaude. En effet, la saison sèche froide est une saison s’étendant sur 6 mois (Octobre à Avril). De décembre à février, les températures avoisinent les 30°C car le ciel est tout le temps dégagé et donc le soleil présent. Notons que, les températures des jours passés étaient en légère hausse par rapport à la moyenne nationale sur les régions de Dosso, Niamey et Tahoua. On sent déjà en cours de journée cette variation de température. D’ici fin février, début mars, nous allons vraiment constater que la température va changer et surtout la température de la matinée. Nous allons commencer à sentir un peu de chaleur et ça annonce véritablement l’installation de la saison sèche chaude. En hiver, ce qu’il convient d’appeler chez nous, la saison sèche-froide, il fait beau, même si le soleil peut être voilé par la poussière que soulève l’harmattan, une poudre fine qui rend le ciel blanc et pénètre partout. Le Niger du centre-sud est l’une des zones les plus touchées par l’harmattan de tout le Sahel.

Et comment se manifeste cet harmattan ?

Au Niger, l’harmattan s’installe progressivement à partir de novembre. Il est caractérisé par des températures froides (la nuit). Et, de jour comme de nuit, un vent sec accompagné de poussière souffle sur le pays. En fait, déjà que le sol est sec, les particules de sable sont suffisamment légères pour être entrainées dans l’atmosphère. Donc lorsqu’il y a un renforcement de vent en surface, c’est toujours accompagné d’un soulèvement de poussière. C’est ce qui explique notamment le fait qu’il y a beaucoup de poussière en suspension dans l’atmosphère et autre brouillard. Il faudrait également rappeler que cette poussière provient en grande partie de la dépression du Bodélé située au nord du Tchad. Aussi, cet harmattan souffle du centre du Sahara, soulevant des nuages de poussière et obscurcissant le soleil, surtout en janvier. Au sommet de l’Aïr, sur le mont Idoukal-n-Taghès, qui mesure 2.022 mètres de haut, les gelées nocturnes sont fréquentes. Cette dépression est tout simplement considérée comme l’endroit le plus poussiéreux du monde, car elle engendre plus de 120 millions de tonnes de poussière par an, selon les spécialistes. Dans le reste de l’année la chaleur règne dans le nord, au moins à basse altitude. Les maximales se situent autour de 40 degrés d’avril à septembre, et les records sont autour de 50 degrés.

En été, les heures de soleil diminuent un peu à cause de la mousson, et août est le mois le moins ensoleillé. À Niamey et dans d’autres endroits du sud, aussi les températures suivent un régime différent que dans le nord. L’hiver est plus chaud, si bien que les maximales dépassent les 30 degrés même en janvier, parfois il peut faire froid la nuit, bien que la température n’atteint pas zéro degré comme dans le nord, mais tout au plus 7/8 °C. Le réchauffement du printemps est rapide et intense, tant et si bien qu’en mars la température atteint les 40 degrés, et en mai elle peut dépasser les 45°C, mais ensuite la mousson, apportant les courants et les nuages de l’océan, abaisse les températures estivales, bien qu’au prix de l’augmentation de l’humidité : en août les maximales retournent à 33 degrés comme en hiver, même si les minimales sont plus élevées et le taux d’humidité rend la chaleur étouffante. Après la mousson, il est temps pour un retour de la chaleur torride, avec 37/38 degrés en octobre et en novembre, avant l’hiver, qui apporte un peu de fraîcheur, au moins pendant la nuit.

A cette situation s’ajoute des suspensions de poussières et de brouillard dans l’atmosphère. Quelles en sont les raisons ?

En effet, en plus du froid (baisse de température), en saison sèche-froide, on note la présence d’une brume sèche et de l’harmatan, un vent sec et poussiéreux qui vient du Sahara et qui souffle de fin novembre au mois de mars. C’est notamment le cas à Niamey depuis le début de la semaine passée avec la présence d’une suspension de poussière sur Niamey. C’est un phénomène qui touche toutes les régions du Niger du nord jusqu’au sud en passant par l’est et l’ouest du Niger. Donc celles qu’on a vu ces derniers jours, c’est de la poussière qui provient du nord, de la partie désertique du Niger. Nous sommes actuellement dans la saison sèche et froide, donc c’est une période où il y a la prédominance de l’harmatan. Un vent du nord qui descend vers la partie sud et jusqu’à l’ouest du Niger. Il faut noter que cette poussière n’est pas sans conséquences surtout sur la visibilité.

Jusqu’à quand, pensez-vous perdureront ces conditions de froid, de poussière et de brouillards ?

En effet, en cette période, la visibilité est réduite et de façon beaucoup plus notable sur la partie Est du Niger. Au nord vers Agadez et Bilma, la vision est réduite jusqu’à 800 mètres. A Niamey elle varie entre 600 et 800. D’autres vagues de poussière se sont soulevées à partir de l’Ouest du Tchad à partir du Mercredi (17 février), il y avait une 2ème couche qui s’est soulevée à partir de l’Ouest du Tchad. La couche de Bodélé qui s’est réactivée a soulevé de la poussière qui a déjà commencé à couvrir la partie Est de Diffa. La poussière est actuellement au niveau de Zinder et est en train d’avancer pour toucher déjà Maradi et Tahoua. Et la visibilité est passée à moins de 200 mètres. Pour les poussières elles peuvent perdurer jusqu’à jeudi prochain et globalement cette situation devrait normalement continuer jusqu’en février prochain. En attendant, les Nigériens se protègent comme ils peuvent.

Quelles sont les dispositions à prendre pour s’en protéger ?

Même si je ne suis pas spécialiste en matière de santé, je pense qu’il est nécessaire de prendre certaines dispositions pour se protéger de ces phénomènes, tout à fait naturels. Il faut absolument se protéger, parce que c’est dans la poussière qu’il y a les germes qui sont, par ailleurs, les principales causes des maladies respiratoires pendant cette période particulièrement chez les enfants et Les personnes âgées. Les maladies les plus craintes, en cette période sont notamment les difficultés respiratoires, le rhume, la toux, la fièvre persistante, pour ne citer que ceux-là. En fait, les enfants sont fragiles, ils sont les plus touchés par le froid et ont plus que jamais besoin de soins et de protection par leur parents. Je pense que, les parents doivent donner des soins particuliers à leurs enfants en ce moment de fraîcheur et de poussière. Pour mieux protéger les enfants contre ces maladies, il est indispensable de ne pas les laisser sortir de la chambre, d’éviter de les laver tous les jours, il faut utiliser de l’eau tiède pour leur bain, éviter de leur donner tout ce qui est frais et les couvrir avec des habits lourds et protecteurs (blousons, bonnets, chaussettes, etc.), bien les allaiter s’ils sont des bébés. Enfin, je pense que, dès que leurs progénitures présentent des signes de ces maladies, les parents doivent les amener dans les centres de santé les plus proches afin de recevoir, le plus vite possible les soins nécessaires.

Interview réalisée par Mahamadou Diallo(onep)

Source : http://www.lesahel.org