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Interview : M. Madougou Ibrahim, Secrétaire Général de la Fédération des Organisations Patronales du Tourisme et de l’Hôtellerie du Niger (FOPATH-Niger)

Monsieur le secrétaire général, quel rôle joue concrètement la Fédération des Organisations Patronales du Tourisme et de l’Hôtellerie du Niger (FOPATH-NIGER), dans ce secteur d’une importance capitale pour notre pays ?

La Fédération des Organisations Patronales du Tourisme et de l’Hôtellerie du Niger (FOPATH-NIGER) est une structure associative patronale qui regroupe plusieurs associations patronales du secteur du tourisme et de l’hôtellerie qui sont : l’Association

Patronale des Etablissements d’Hébergement, de Restauration et d’Evènementiel (APEHRE-Niger), comprenant les hôtels, les autres formes d’hébergement, les restaurants, le tourisme et les évènementiels ; l’Association Patronale des Etablissements de Loisirs et de Divertissements (APELD-Niger) comprenant les bars, les boites de nuit, les salles des jeux et les casinos et l’Association Patronale des Etablissements de Voyages de tourisme et Location de Voitures (AP/EVOLOV-Niger), comprenant les agences de voyage et de location de voitures, les concessionnaires de chasse et de pèche et les Associations de guides. Le rôle de notre Fédération est d’assurer la défense des intérêts matériels et moraux des entreprises membres des associations qui la composent. Ainsi, elle assiste les associations patronales du tourisme et de l’hôtellerie du Niger en leur apportant un appui technique qui les mettent en valeur, en favorisant leur développement économique. FOPATH-NIGER représente, promeut et défend les intérêts des acteurs, initie et renforce les relations de coopérations touristiques entre les organisations professionnelles des autres pays.

Elle fournit également aux organisations patronales nationales les services et informations nécessaires pour faciliter de bonnes prises de décision en faveur des intérêts de la profession ; mutualise les moyens et actions de promotion touristique du pays sur les marchés émetteurs de touristes ; défend auprès des pouvoirs publics nationaux, de l’UEMOA et des autres Institutions Communautaires et Internationales les intérêts de la profession dans les domaines de la fiscalité, la normalisation, la règlementation et soutenir la mise en œuvre de politiques d’investissements adaptées à l’activité. Aussi, elle encourage au niveau de chaque région, l’organisation de campagnes d’information, de sensibilisation et d’éducation des populations d’accueil dans le cadre du tourisme durable, promeut les valeurs économiques et sociales du tourisme, comme facteurs essentiels d’intégration régionale et sous régionale, la densification de l’économie nationale, de circulation de biens et services et faire du Niger un pôle touristique attractif en Afrique et crée un cadre de concertation, de dialogue, d’échange, d’initiative et de proposition pour prendre en charge collectivement l’ensemble des problèmes liés au développement et à la promotion du tourisme durable sur toute l’étendue du territoire national, dans un contexte international caractérisé par la mondialisation et la globalisation des échanges. Elle crée, initie, administre et finance ou subventionne des activités à caractère touristique ou professionnel.

La pandémie de la Covid-19 a perturbé certains secteurs d’activité notamment celui dans lequel vous exercez à savoir le tourisme et  l’hôtellerie, quel est l’impact  de  cette pandémie  sur ce secteur ?

A l’échelle mondiale, le secteur du tourisme et de l’hôtellerie reste celui qui a été le plus durement et massivement touché, et son impact découle de la mise en œuvre des nombreuses mesures de restrictions que notre pays à l’instar des autres pays du monde a été amené à prendre notamment : fermetures des frontières (terrestres et aériennes) ;

Interdictions des rassemblements (réunions, séminaires, ateliers, etc….) ; fermetures des lieux publics (restaurants, bars, bars dancing, etc…) ; Interdictions de voyager ; état d’urgence sanitaire. Les conséquences de toutes ces mesures se sont traduites par une diminution voire un arrêt de travail des entreprises du secteur.

« L’accompagnement de l’Etat a consisté à mettre en place une ligne de crédit de 150 milliards au niveau de certaines banques de la place ; mais les conditions d’accessibilité à ces fonds ont fait que la grande partie du montant est resté au niveau de ces banques »

Monsieur le secrétaire général, quelles sont les actions que vous avez entreprises en tant que professionnels du domaine pour  faire face à cette situation ?

Bien sûr, pour faire face à cette situation, plusieurs solutions ont été expérimentées par les chefs d’entreprises du secteur, les solutions envisagées dans un premier temps sont celles tendant à réduire aux maximums les charges d’exploitations des entreprises notamment : les charges salariales, en optant pour la mise en chômage technique d’une certaine catégorie du personnel des entreprises. Puis, la pandémie perdurant et l’aide de l’Etat se faisant toujours attendre, d’autres ont préféré purement et simplement procéder à la fermeture de leurs établissements. Devant un tel drame, en tant que structure associative, nous avons adressé un mémorandum en quatre points au Premier Ministre pour sauver le secteur, dont le plus important et sur lequel nous avons fondé nos espoirs et qui de la part même des spécialistes peut sortir le secteur du creux de la vague est le point relatif à une subvention à apporter aux entreprises du secteur. A la place de cette subvention, l’Etat a plutôt mis en place deux lignes de crédits, l’une de 50 milliards pour les petites et moyennes entreprises et l’autre de 100 milliards au profit des grandes entreprises. Mais, là où la mise en œuvre de cette mesure a échouée, c’est que ces 150 milliards, appelés aussi fonds COVID ont été placés dans des banques commerciales de la place qui ont fixé des modalités à leurs accès conformément aux conditions qui caractérisent leur gestion. A la fin de l’opération, même le tiers de ces fonds n’a pu être consommée et aujourd’hui, toute notre bataille vise à ce que l’Etat reprend en main cette opération et fixe des conditions plus favorables de sorte que ces fonds soient accessibles aux entreprises du secteur.

L’Etat a promis d’accompagner certains secteurs durement affectés, qu’en est-il de cette promesse  au niveau de votre secteur?

Comme je l’ai dit tantôt, l’accompagnement de l’Etat a consisté à mettre en place une ligne de crédit de 150 milliards au niveau de certaines banques de la place ; mais les conditions d’accessibilité  à ces fonds ont fait que la grande partie du montant est restée au niveau de ces banques. Toutefois, l’Etat a pris aussi deux (02) importantes mesures d’accompagnements dont l’une consiste à réduire le taux de la TVA de 19% à 10% dans le secteur et à rehausser le taux d’amortissement des investissements hôteliers (base de calcul de la taxe immobilière) de 2% à 5% dans le secteur.

Comment se porte aujourd’hui le secteur de l’Hôtellerie et du Tourisme  avec l’allègement des mesures restrictives?

Comme vous le savez, pendant que le secteur se trouvait dans le creux de la vague, nous assistons de plus en plus, dans notre sous-région, à une recrudescence de l’insécurité qui affecte considérablement la mobilité des personnes et donc du tourisme d’affaire et leurs regroupements. Cette situation a complètement mis un frein au peu d’embellie qu’a suscitée l’allègement des mesures de restrictions et plombe une deuxième fois le secteur du tourisme.

Peut-on alors affirmer que les perspectives sont désormais bonnes ?

Au contraire, les perspectives sont très mauvaises, en témoignent les menaces en contentieux que subissent la plupart des entreprises touristiques de la part des banques de la place pour incapacité de payement de leurs créances. Et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle, la Fédération dans une lettre du 18 juillet 2022, adressée au Président de la République, a sollicité son implication personnelle pour qu’une partie du reliquat des fonds COVID soit affectée au rachat par l’Etat des créances des entreprises du secteur auprès des banques de la place.

Par  Aïchatou Hamma Wakasso(onep)