Skip to main content

Accueil

Entretien avec M. Yacouba Abdou, président de la Fédération Nigérienne de Sport des Personnes Handicapées Physique

« Notre objectif est de contribuer à lutter contre la mendicité à cause d’un handicap physique, surtout chez les jeunes.  Et nous avons trouvé que le sport est le meilleur ambassadeur pour lutter contre ce phénomène » 

M. le président, tout récemment la ville de Niamey a accueilli les 5èmes jeux Africains des para-taekwondo. Cette occasion a permis à beaucoup de personnes de découvrir votre structure.  Pouvez-vous nous présenter davantage cette fédération.

La Fédération Nigérien de Sport des Personnes Handicapées Physiques est une organisation comme toutes les autres structures qui a sa reconnaissance juridique délivrée par les autorités compétentes. Elle a été créée le 12 août 2020. Notre Fédération a pour mission de vulgariser, de promouvoir et de protéger le sport chez les personnes handicapées physiques au Niger. Dans cette dynamique, nous réalisons plusieurs activités. Nous avons même eu la chance de participer à des compétitions internationales comme le jeux para olympique, le championnat du monde para taekwondo, ça c’est au plan international. Au plan national, en collaboration avec les fédérations sportives, nous organisons régulièrement des activités de développement des différentes disciplines sportives et de détection des talents dans toutes les disciplines sportives.

Quelle appréciation faites-vous de la participation des personnes handicapées dans les activités sportives ?

Je pense que c’est très positif. Par exemple aujourd’hui aux derniers jeux para-badminton on est classé 3ème sur dix pays. Au plan National et ici au niveau national on a réussi à organiser le championnat national sportif qui a regroupé 105 athlètes à Niamey, dans toutes les disciplines, comme l'athlétisme, la course du tricycle communément appeler le hand-bay, des démonstrations de tennis de table, basket-ball sur fauteuil roulant et volleyball. Vraiment ces paquets d'activités ont amené beaucoup de changements parce que ça a poussé les personnes handicapées physique d'adherer aux sports, de croire en elles- mêmes et de savoir qu’elles aussi peuvent pratiquer le sport. Les handicapés physiques ont ainsi pris conscience que, malgré leurs états physiques, ils peuvent faire de sport et à travers cela amener leur contribution pour un développement du pays.

Quel changement avez-vous constaté chez les handicapés qui pratiquent le sport ?

Vraiment la pratique du sport, je ne vous cache rien, vise à amener beaucoup de personnes handicapées à devenir des athlètes et à abandonner la mendicité. Par exemple, en prélude aux para-taekwondo qui se sont déroulés à Niamey, nous avons enregistré au moins deux ou trois jeunes qui ont laissé la mendicité. Nous avons aussi d’autres disciplines sportives qui ont enrôlé des jeunes handicapés laissant ainsi la mendicité. C’est le cas du hand-bay (la course de vélo). Dans cette discipline le Niger devait même effectuer un déplacement sur Dakar. Mais à cause de l’insécurité au niveau des frontières ce déplacement a été annulé. Nous avons aujourd’hui des athlètes handicapés qui font la promotion du sport auprès des jeunes handicapés et à l’endroit des parents dont les enfants portent un handicap physique. Donc notre objectif comme je l’ai dit en début de cet entretien, c’est de contribuer à lutter contre la mendicité par des personnes à cause d’un handicap physique, surtout chez les jeunes.  Et nous avons trouvé que le sport est le meilleur ambassadeur pour lutter contre ce phénomène.

Quelles sont les principales attentes de la fédération nigérienne de Sport des Personnes Handicapées Physiques ?

Vraiment les attentes de la fédération sont énormes. La première attente c'est pour une qualification aux jeux para olympiques. Parce que dans le domaine du sport handicapé, le Niger participe sur invitation. Donc pour les prochains jeux nous voulons arracher une qualification pour le Niger. C’est possible si nous arrivons à avoir le soutien de l’Etat et des autres partenaires.

L'Etat doit créer les conditions pour que les personnes handicapées physiques puissent pratiquer le sport comme il le faut. Cela doit commencer par la construction d’infrastructures adaptées aux personnes handicapées et les doter de matériels aussi adaptés, comme les fauteuils roulants pour le basketball, les béquilles réglementaires, les vélos pour le hand-baye, les chaises pour lance poids. Donc il nous faut vraiment du matériel adapté pour qu’on puisse pratiquer le sport comme il le faut.

Est-ce que vous faites des démarches pour aboutir à l’attente de vos objectifs ? Avez-vous des partenaires qui vous accompagnent ?

Nous sommes en train de faire les démarches à tous les niveaux, auprès de l’Etat et auprès des partenaires notamment, les ONG qui interviennent dans l’inclusion. C'est avec ces démarches qu’on a pu obtenir un terrain polyvalent sur lequel on peut jouer le basket sur fauteuil roulant, le volley-ball, une salle de gymnastique. Ce n’est pas suffisant nous voulons avoir aussi un terrain pour le football handicapé équipé et dans d’autres disciplines.

Parmi nos partenaires potentiels il y’a la C.I.C.R qui tout le temps est à nos côtés en nous accompagnant, financièrement et matériellement, dans toutes nos activités. C’est cette organisation même qui nous a doté de fauteuils roulants, de ballons de basketball, la construction du terrain polyvalent.

Quelle appréciation faites-vous de votre participation aux jeux para-taekwondo Africains de Niamey ?

Au dernier para taekwondo, nos athlètes ont bien répondu à nos attentes. Et, permettez-moi d’adresser mes remerciements à la fédération nigérienne de taekwondo et son staff technique qui a pris toutes les dispositions pour l’encadrement des jeunes. Les enfants on reçu un excellent encadrement et en espace de 6 mois ils ont été formés et outillés ce qui nous a permis d’enregistrer ce résultat.

Quelles sont les principales difficultés auxquelles vous-êtes confrontés ?

Les difficultés qu'on rencontre c'est principalement le manque de matériel adapté aux pratiques des sports pour personnes handicapées. Le sport handicapé est peu connu par la population nigérienne donc si on arrive à avoir du matériel, on peut vraiment montrer que les personnes handicapées peuvent pratiquer et réussir dans le sport.

Avez-vous un appel ou un message à transmettre ?

L'appel que j'ai à lancer c'est à l'endroit de la population et de l'État. Nous attendons vraiment un soutien fort pour aider les personnes handicapées notamment, les jeunes à abandonner la mendicité.  Il faut que tous les acteurs du développement en général et ceux qui interviennent dans l’inclusion, soutiennent les personnes handicapées. Avec un peu de soutien les personnes handicapées seront capables de faire la différence.

A travers le soutien dans ce sens les personnes handicapées peuvent amener leur contribution pour le développement de notre pays en matière de sport. C’est l’occasion pour eux de faire comprendre que le handicape n'est pas une fatalité. Nous rencontrons d’autres difficultés au niveau des personnes handicapées elles mêmes. Il y'a encore des personnes handicapées qui ne comprennent pas.  Il revient alors à la Fédération de mener un grand travail dans ce sens. Donc mon cri de cœur c’est à l’endroit des parents qui souvent cachent leurs enfants. Je pense que, il est grand temps pour que nous comprenions que le monde a changé.

Par  Ali Maman et Indatou Harouna (stagiaire)
ONEP