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Entretien avec Seydou Moussa Ali, directeur de l’environnement et de la prévention des risques à la direction générale de l’Environnement et du Développement Durable



Y’a t-il aujourd’hui des données et des informations sur les atouts du pays concernant la gestion de ces ressources ?

Effectivement, les atouts de notre pays sont nombreux dans le domaine de la gestion des ressources naturelles. Ainsi, le Niger est un pays qui renferme d’importantes ressources naturelles. Les superficies des forêts naturelles sont estimées à 5.741.917 ha et celles des plantations à 40.984 ha selon des données de 2012 du PAFN. Les forêts classées couvrent une superficie de 610.238 ha en 2010, et les parcs agro forestiers sont estimés à 5.000.000 ha en 2014. Par rapport à la faune, le pays dispose de nombreuses espèces d’un intérêt écologique majeur, concentrées au niveau des massifs sahariens, des réseaux de mares et de points d’eau, de la vallée du fleuve Niger et de l’ensemble des aires protégées. Le pays compte 3200 espèces animales dont 168 espèces de mammifères, 512 espèces d’oiseaux, environ 150 espèces d’amphibiens et reptiles et une ichtyofaune composée de 112 espèces. Les aires protégées de faune sont au nombre de six à savoir le Parc national du « W », la Réserve intégrale ou sanctuaire des addax, la Réserve naturelle nationale de l’Aïr et du Ténéré, la Réserve totale de faune de Tamou, la Réserve de Gadabédji et la Réserve partielle de faune de Dosso. Deux aires protégées sont inscrites sur la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO (le Parc National du « W » et la Réserve naturelle nationale de l’Aïr et du Ténéré). Ces deux dernières sont aussi classées réserves de biosphère du réseau MAB (Man And Biosphère). Elles couvrent 8,5 millions d’hectares, soit 6,6% du territoire national, selon les données de 2010 de l’UICN. Par rapport aux zones humides d’importance internationale, le Niger totalise en 2013 une superficie de 4.317.589 ha. Les zones humides se présentent sous diverses formes: les zones humides de la vallée du Niger, de la Korama et de la Komadougou Yobé, des lacs naturels et mares, des cours d’eau fossiles et des oasis. Le pays compte douze (12) zones humides désignées sites Ramsar ou inscrites dans la liste de l’UICN. Ce sont les sites Gueltas et Oasis de l’Aïr, Dallol Bosso, Oasis du Kawar, Partie Nigérienne du Lac Tchad, Dallol Maouri, Parc National du « W », Moyen Niger I, Moyen Niger II, Complexe Kokorou Namga, Mare de Lassouri, Mare de Dan Doutchi, Mare de Tabalak. Ce sont des habitats importants pour les 1,2 million d’oiseaux d’eau migrateurs provenant d’autres pays d’Afrique sub-saharienne, d’Afrique du Nord, d’Europe et de l’Ouest de l’Asie.

{xtypo_quote}«L’analyse approfondie de la situation des ressources naturelles laisse apparaître que depuis la sécheresse de 1973, la dégradation de l’environnement s’est accélérée à un rythme sans précédent»{/xtypo_quote}

Quelles sont les actions menées pour lutter efficacement contre la dégradation de l’environnement au Niger ?

Pour renverser la tendance à la dégradation des ressources naturelles, le Niger a mené plusieurs actions en termes d’élaboration et de mise en œuvre de politiques, stratégies, plans d’actions, programmes et projets parmi lesquels nous pourrions citer la réalisation d’un rapport complet sur les gaz à effet de serre dans les domaines de la foresterie, de l’énergie, de la gestion des déchets, des procédés industriels, des pratiques agricoles et d’élevage et du changement d’affectation des terres ; l’élaboration en 2003 de la Stratégie et du Plan d’Action National en matière de Changements Climatiques; l’élaboration et l’adoption en 2004 d’une Stratégie et d’un Plan d’Action en matière d’énergies domestiques ; l’élaboration en 2006 du Programme d’Action National pour l’Adaptation (PANA) aux Changements Climatiques et l’élaboration la même année de l’Auto-évaluation Nationale des Capacités à Renforcer en matière d’adaptation aux changements climatiques ; la mise en œuvre par le Niger, depuis septembre 2005, du premier projet de séquestration de carbone en Afrique sub-saharienne, en collaboration avec la Banque Mondiale et le Fonds Bio carbone avec pour objectifs la plantation de 21 000 ha de gommier (Acacia Sénégal) pour la séquestration de 1.200 000 tonnes de dioxyde de carbone et la production et l’exportation de la Gomme Arabique, très demandée sur le marché mondial avant 2012. A cela s’ajoutent la restauration de 25 000 ha de terres dégradées avec des ouvrages d’infiltration d’eau (demi-lunes, tranchées, banquettes) et plantation d’arbres sur fonds propres et avec l’appui des partenaires de coopération ; la mise sous aménagement de 800 000 ha de forêts naturelles au cours des 15 dernières années ; la promotion de l’agroforesterie dans les champs, en particulier la protection de la régénération naturelle dans les exploitations agricoles ; la promotion des combustibles de substitution (gaz) au bois-énergie, des foyers améliorés et le développement des énergies renouvelables (énergie éolienne, énergie solaire) ; l’élaboration en 2013 de la politique nationale en matière de changements climatiques (PNCC) ; l’élaboration du cadre stratégique de la gestion durable des terres (CS-GDT) au Niger et son plan d’investissement 2015 – 2029 ; l’élaboration de la contribution prévue déterminée au niveau national (CPDN) en 2015 ; l’élaboration de la Politique Nationale de l’Environnement et du Développement Durable (PNEDD).

Le Niger avait participé activement aux travaux de la COP21 et COP22 sur le climat, tenues respectivement à Paris en 2015 et à Marrakech au Maroc en 2016. Quelle était la contribution du Niger à ces deux grands rendez-vous internationaux ?

Lors de la COP21 qui s’est tenue à Paris, le Niger a effectivement élaboré au même titre que les autres pays sa contribution prévue déterminée au niveau national (CPDN) en 2015. Cette CPDN prend en compte toutes les préoccupations environnementales auxquelles le Niger fait face notamment au niveau du changement climatique. Elle a été acceptée et nous comptons mettre en œuvre toutes les actions qui sont prévues dans le cadre de la CPDN.

Quels sont, au stade actuel, les défis environnementaux auxquels le Niger est confronté ?

L’analyse approfondie de la situation des ressources naturelles (terres, eaux, sols, végétations) laisse apparaître que depuis la sécheresse de 1973 qui en a révélé l’acuité, la dégradation de l’environnement s’est accélérée à un rythme sans précédent. Cette dégradation a provoqué non seulement la réduction et la baisse du potentiel productif du « capital ressources », mais aussi, la désarticulation des systèmes séculaires de production et de gestion des milieux naturels. Aussi, les défis environnementaux majeurs sont la dégradation continue des terres ; le recul des forêts et la dégradation des aires de pâturage ; l’ensablement des terres de culture et des plans d’eau ; la réduction de la biodiversité animale et végétale ; la récurrence des catastrophes naturelles ; les pollutions et nuisances.

Selon vous quelles sont les perspectives pour notre pays dans le domaine de la protection et de la préservation de l’environnement ?

La mise en œuvre effective des actions prévues dans le cadre stratégique de la gestion durable des terres (CS-GDT) au Niger et son plan d’investissement 2015 – 2029 ; la contribution prévue déterminée au niveau national (CPDN) devenue contribution déterminée au niveau national(CDN) depuis l’Accord de Paris ; la Politique Nationale de l’Environnement et du Développement Durable (PNEDD).

Réalisée par Hassane Daouda(onep)

29 juin 2017
Source : http://lesahel.org/