Skip to main content

Accueil

Le Secrétaire Général de la FENIFOOT M. Mohamed Silimane Ganoua : « Cette défaite, bien que douloureusement ressentie, n’en sera que l’occasion pour nous de mieux rebondir lors de nos prochaines sorties »

M. le Secrétaire général de la FENIFOOT, le Onze national du Niger, le Mena, a raté sa qualification pour la CAN 2022, et les mauvais résultats enregistrés dans les éliminatoires de la coupe du monde Qatar 2022, annoncent sa future élimination pour ce Mondial. Comment expliquez-vous cette série de contreperformances de l’équipe fanion du Niger ?

Je vous remercie sincèrement de nous donner l’occasion de parler de notre Equipe, le MENA NATIONAL, qui comme vous le savez est notre cause commune. C’est vrai que nous n’avions pas pu nous qualifier pour la prochaine Coupe d’ Afrique des Nations prévue au Cameroun en janvier prochain. Et nous sommes également éliminés de la course pour le la Coupe du Monde QATAR 2022. Notre deuxième et dernière participation à la CAN remonte en 2013 en Afrique du Sud. Ensuite, nous avons connu une certaine baisse des performances liée  aux comportements de certains compatriotes qui ont posé des actes dommageables pour le football nigérien et le Mena en agissant, à l’époque avec la complicité de la tutelle, pour nous faire couper les subsides vitaux pour la gestion de l’équipe nationale. Le Niger n’avait pas pu participer aux matchs internationaux amicaux à l’occasion des journées FIFA pendant plusieurs années. On était aux abonnés absents. Rappelez vous, le Mena ne pouvait plus honorer ces rendez-vous importants pour la cohésion du groupe et le travail technique. De l’autre coté les primes de matchs et d’appel, les billets d’avion des joueurs n’étaient pas honorés. Les joueurs protestaient, ils étaient démoralisés et manifestaient leur incompréhension et plusieurs fois le Président avait tiré sur la sonnette d’alarme dans les médias, devant les moyens qui se raréfiaient.

En conséquence le niveau avait baissé, et pendant ce temps les autres Nations, qui ont continué à travailler, progressaient.

En novembre 2019, on avait fait le pari de confier la barque technique du MENA NATIONAL à Monsieur Jean-Guy Walemme. Malheureusement, au bout de deux matchs (courte défaite à Abidjan contre les Eléphants de Côte d’Ivoire 1-0, avant celle plus large 2-6 contre Madagascar à domicile), il a préféré abandonner pour des raisons personnelles. Cela a grandement déstabilisé le groupe avec qui il avait entamé un travail, en plus commencer les éliminatoires avec deux défaites avait déjà amoindri largement les chances de qualification, car le fossé était important face aux leaders du groupe.

Néanmoins, nous nous sommes lancés à la quête d’un nouveau sélectionneur jusqu’à la survenance de la pandémie de COVID-19 qui avait paralysé toutes les activités. Finalement, nous avons signé avec Monsieur Jean-Michel Cavalli un contrat de deux ans qui court depuis le 1er Octobre 2020, charge à lui de redresser la barre pour la suite des éliminatoires, tout en se projetant dans les éliminatoires de la Coupe du Monde 2022. Malheureusement, cela n’a pas été possible pour la CAN notamment, en dépit d’une victoire contre l’Ethiopie et d’un match nul à l’extérieur face à  Madagascar.

Pour les éliminatoires de Qatar 2022, les deux cinglantes défaites contre l’Algérie, ont crée un vif émoi au sein de l’opinion. Ces résultats évidemment sont loin des attentes légitimes des supporteurs, de la Grande Famille du football nigérien et de l’ensemble de la Nation qui ont été choqués par l’ampleur des scores subis. Face à l'Algérie, championne d'Afrique en titre, lancée sur une série d'invincibilité de désormais 31 matchs, notre équipe n'a pas pu relever le défi et réussir l’Exploit de ces éliminatoires, l'écart de niveau entre les deux équipes s’étant confirmé sur le terrain.

Malgré tout, nous avons voulu y croire et espérer prendre le dessus sur une des meilleures sélections africaine, comme nous avions pu le faire dans les années et les décennies précédentes contre d’autres grosses pointures du continent africain.

Nous voudrions, humblement, présenter nos excuses en ces douloureuses circonstances à tous ceux qui ont été sincèrement choqués par ses sorties ratées.

Cette défaite, bien que douloureusement ressentie, n’en sera que l’occasion pour nous de mieux rebondir lors de nos prochaines sorties, forts des enseignements de cette amère expérience, avec le soutien des fans du Mena National et du peuple nigérien, un soutien qui ne nous a jamais fait défaut.

Même si nous comprenons et partageons l’amertume de tout un chacun, nous n’acceptons pas pour autant d’être amnésiques en oubliant les résultats glanés par nos joueurs à travers nos différentes sélections. Elevons-nous et sortons de l’émotion pour envisager l’avenir.

Nous pouvons vous assurer ici que ces résultats, aussi lourds qu’ils soient, n’ébranlent en rien notre ferme volonté de poursuivre et impulser davantage l’œuvre globale et inclusive engagée pour le développement et la promotion de notre football. Cette transformation   touche toutes les petites catégories, le football féminin et les infrastructures notamment,  pour une digne représentation de notre pays aux compétitions zonales et continentales.

Cela se matérialise par les efforts de la Fédération qui dispose aujourd’hui et sur le long terme, d’une assise performante afin de préparer les talents de demain. Cette situation reluisante a été le résultat de l’engagement de l’Etat, de la bonne gouvernance instaurée et des relations de coopération nouées avec les fédérations sœurs et amies et avec les instances continentales et internationales.

Je voudrais m’appesantir sur les efforts consentis dans les catégories de jeunes. Je rappelle que nos cadets et nos juniors (dirigés par nos sélectionneurs Fréderic Acosta et Abdourahmane Issa) ont tous disputé les demi-finales de notre zone UFOA B en décembre 2020 et janvier 2021, dans les qualifications pour les CAN de leurs catégories. Les juniors étaient même à un doigt de se qualifier pour la Coupe d’Afrique des Nations, n’eut été une cruelle élimination à la séance des tirs au but contre le Ghana (futur champion d’Afrique deux mois plus tard).  Et actuellement le travail se poursuit avec la mise en place des présélections nationales  des moins de 13 ans (U13) et des moins de 15 ans (U15), pour déjà se projeter dans les compétitions futures, et surtout la création d’une Académie Nationale d’ Elite  des Jeunes.

Sur l’aspect des infrastructures, un effort exceptionnel a été réalisé, au point d’amener la FIFA à présenter les réalisations du Niger comme des  prouesses et  exemples pour les autres pays. Aujourd’hui, en plus des sièges des associations régionales désormais opérationnels à Agadez, Maradi, Tahoua et Niamey (Diffa, Dosso, Tillaberi et Zinder sont encore en finition)  tous les huit stades régionaux sont dotés de pelouse synthétique. Certaines ont besoin de réfection, comme à Tahoua notamment. De nouvelles sont en projet. Dans l’ensemble partout au Niger on pourra donc aisément dire que le ballon roule et que le talent s’exprime pour l’épanouissement de la jeunesse!

Donc en vérité et pour revenir au MENA A, le nouveau sélectionneur a voulu apporter une nouvelle philosophie et impulser une autre dynamique, avec comme chantier principal la reconstruction du MENA NATIONAL. Cette reconstruction s’est surtout matérialisée par l’insertion de sang neuf dans le groupe à travers la convocation régulière des jeunes issus des cadets demi-finalistes de la CAN U17 au Gabon et qui se sont qualifiés pour les 1/8e de finales de la Coupe du Monde de la catégorie en Inde en 2017 et des juniors qui ont disputé la CAN au Niger en 2019.  Ainsi par exemple Ibrahim Djibrilla Mossi, Moumouni Darankoum, Issa Salou, Marou Boubacar, Amadou Sabo, Abdoulkarim Tinni, Abdoulkairou Amoustapha etc… ont tous connus des convocations en Equipe A. En plus d’autres jeunes se sont révélés comme  Zakari Lambo Junior, Naim Van Attenhoven (les deux proviennent de notre diaspora en Belgique), Issa Djibrilla dit Axo, Kahar le gardien de l’ASFAN, Hassan Seydou le latéral droit de l’USGN…Voilà le credo dans lequel il s’était lancé pour essayer de donner un « avenir » au MENA. Nous l’avions compris et soutenu dans cette politique. Mais comme vous le savez, c’est un pari osé car ces jeunes, même s’ils sont insérés à petite dose progressivement dans le grand bain et dans des matchs de haut niveau, ont besoin de temps pour s’adapter et donner la pleine mesure de leur immense talent. C’est un défi audacieux qui nous fait passer des mauvais moments avec les défaites que vous évoquez, mais nous sommes persuadés que c’est la seule voie salutaire pour espérer des lendemains meilleurs. Il faut accepter de faire des sacrifices, garder ses convictions et surtout être patients. Croyez-moi, si l’on garde le cap de cette politique  on peut aboutir à des résultats probants.

A l’issue de la double défaite contre l’Algérie, l’entraineur du Mena semblait dire qu’il n’a pas les coudées franches pour former son équipe lors des confrontations. La FENIFOOT ne fait-elle pas confiance à ses entraineurs ?

Merci de nous donner l’occasion d’apporter des clarifications et une mise au point sur cette séquence vidéo devenue virale du sélectionneur national. Cet extrait, est en fait sorti complètement de son contexte et des explications données lors de la conférence de presse d’après match. Il s'agissait de la réponse du sélectionneur à la question d'un journaliste. Jean-Michel Cavalli assurait plutôt travailler pour construire une équipe pour le futur, en se basant sur la génération des cadets mondialistes en 2017 et refuse de naviguer à vue en sélectionnant des joueurs sur la base des desideratas du journaliste en sélectionnant ses « parents, amis et connaissances». C’est du journaliste qu’il parlait. La réponse complète, claire et incontestable est disponible au niveau de toutes les presses qui ont couvert la conférence de presse. Elle est édifiante. Il expliquait sa politique et sa philosophie. Malheureusement, certains esprits chagrins et retors, pour assouvir leurs desseins machiavéliques, ont isolé un petit extrait pour lui faire dire exactement le contraire de ce qui sous-tend son travail actuel. Il s’agissait d’une manœuvre malveillante pour intoxiquer l’opinion et jeter l’anathème sur la FENIFOOT et ses dirigeants en surfant sur ces mauvais résultats et en instrumentalisant le choc ressenti par les nigériens. C’est une vile manipulation qui étale au grand jour la mentalité de certains individus qui ont des raisons personnelles d’en vouloir à la FENIFOOT et à son Président. Ils pensent trouver en cette mauvaise série, l’occasion de mettre à la touche les dirigeants de la FENIFOOT, puisqu’ils sont incapables de le faire par la voie légale, c’est à dire par les élections régulières comme le prévoient les textes de notre institution. Cette minorité sans relief,  s’agite principalement dans les réseaux sociaux en utilisant leur pouvoir amplificateur, surtout quant un seul quidam utilise une trentaine ou une quarantaine de faux profils….

Je puis vous assurer, autant nous comprenons et acceptons humblement les critiques dures, justes et constructives des nigériens soucieux du meilleur pour leur pays et de leur sélection nationale, autant on ne se laissera pas divertir par des élucubrations stériles d’individus à mal de sensations.

Il n’a jamais été dans la pratique et la politique du Président Colonel-Major Djibrilla Hima Hamidou et du Comité Exécutif de la FENIFOOT d’interférer dans le travail du sélectionneur ou de lui imposer des joueurs. D’abord parce qu’il est essentiel que chacun reste dans son rôle, ensuite et surtout pour la simple et bonne raison que le sélectionneur en tant que responsable du volet technique et tactique doit être en mesure de répondre en toute responsabilité de son bilan. Comment pourrions-nous le critiquer s’il n’a pas les coudées franches et s’il n’est pas seul responsable de ses choix ? 

Nous faisons du principe d’imputabilité, une pierre cardinale dans nos relations avec les staffs techniques, pour justement être en mesure de leur demander des comptes éventuellement.

La semaine dernière à Niamey et cette semaine encore à Abidjan les filles du Onze national ont coulé contre l’équipe féminine de Côte d’ivoire. Pourquoi la FENIFOOT engage-t-elle le Niger dans des éliminatoires de la CAN féminine alors que notre pays ne dispose même pas de championnat national digne de ce nom ?

« Le football est aimé par tous et par toutes. Il doit être accessible à tous et à toutes » comme le clame le Président de la Confédération Africaine de Football qui poursuit « en Afrique comme dans le monde, en moyenne plus d’une personne sur deux est une femme. Une organisation qui se veut moderne et représentative, ne peut laisser de coté plus de la moitié de l’Humanité ».

La FIFA a élaboré une stratégie pour le football féminin à l’endroit de tous les pays membres. Il y’a une croissance significative du football féminin à tous les niveaux et dans le monde entier au cours des dernières années. Et l’intérêt suscité par la discipline et son potentiel laissent à penser qu’il reste beaucoup d’opportunités à exploiter selon la FIFA. Cette Stratégie pour le football féminin de la FIFA définit les contours de l’action de la FIFA auprès des acteurs du secteur en faveur de mesures concrètes pour les jeunes filles et les femmes, faire du football un sport universel et promouvoir les femmes. Cette initiative s'inscrit dans le cadre de l’engagement de la FIFA à accélérer la croissance et le développement du football féminin.

Une précision importante, la FIFA fait obligation à tous ses membres de participer aux compétitions internationales, afin d’offrir aux filles également l’occasion de s’épanouir.

La CAF aussi est dans cette dynamique, en encourageant ses membres à investir et à promouvoir le football féminin. 

 Nous ne pouvons pas être en marge de ce mouvement impulsé par nos faitières, à moins volontairement de se mettre au banc des Nations. Ce qui, évidemment, n’est pas envisageable. Alors, à la FENIFOOT, nous avons adopté une démarche volontariste à travers une stratégie qui se décline en plusieurs axes : la sensibilisation des parents notamment sur les avantages que procure une activité physique et sportive à travers les valeurs positives que le football particulièrement véhicule ; la prospection et l’encouragement des jeunes filles à jouer, la création et la vulgarisation des clubs féminins ; la multiplication des compétitions, l’organisation des concours de jeunes talents , etc….

Les bénéfices attendus de cette stratégie sont entre autres de faire connaître le football féminin auprès des jeunes filles, de façon divertissante et interactive ; d’aider les associations à mettre en place des évènements auxquels les jeunes filles adhéreront facilement ; d’organiser de nombreux évènements pour la promotion du football féminin au Niger ; de promouvoir le football féminin au plan national et international ; d’augmenter l’envergure du football féminin au Niger.

Donc en vérité, il faut comprendre que nous avons le devoir de créer le cadre d’épanouissement des filles à travers le football. Pourquoi devrions-nous nous opposer à leur droit de jouer au football si c’est leur passion, leur rêve ? Elles ont les mêmes droits que les garçons, donc nous devons contribuer à leur encadrement adéquat, pour le bien de la communauté.

Les défaites lourdes importent peu, car notre objectif n’est pas de battre la Cote d’Ivoire ou à fortiori nous qualifier pour la CAN Féminine. Comment pouvions nous rêver battre la Cote d’Ivoire ou éviter des lourdes défaites alors que ce pays à des décennies d’avance sur le football féminin par rapport au Niger qui est à ses balbutiements ? Faut-il rappeler que la Côte d’ Ivoire a déjà participé à une Coupe du Monde Féminine et plusieurs CAN ? Dans le groupe ivoirien qui a battu le Niger il y avait 12 professionnelles qui jouent en France, en Espagne, en Corée du Sud…..

Pour la première fois, le Niger a pris part aux éliminatoires des Coupes du monde féminines dans les catégories de jeunes et s’est inscrit pour les éliminatoires de la CAN Féminine. Au niveau des clubs, l’AS POLICE de Niamey a représenté notre pays à la première édition de la Ligue de Championnes féminine de la CAF.

Nous avons bien un championnat national féminin qui a regroupé la saison dernière 15 clubs féminins, et dont la phase finale s’était jouée à Maradi. Et c’est l’AS POLICE qui a été sacrée championne.

Il ya bien sûr des insuffisances et certaines lacunes mais progressivement nous espérons aboutir à une meilleure organisation et à une plus grande vulgarisation du football féminin. Nous réfléchissons à la création de nouvelles compétitions et pourquoi pas à la création d’une deuxième division ?

Nous sommes actuellement entrain de tracer les sillons et poser les jalons pour un meilleur futur car bien sûr,  si l’œuvre entreprise se pérennise, les résultats suivront indubitablement. En attendant, soyons indulgents avec ces filles, encourageons les. Elles méritent respect car elles sont très courageuses. Notre contexte où les pesanteurs socioculturelles restent vives n’est pas évident, mais avec le temps et beaucoup de travail la situation devrait s’améliorer.

Les  résultats médiocres enregistrés régulièrement par nos représentants dans les compétitions africaines des clubs, obligent l’opinion nationale à s’interroger sur la qualité de notre championnat national. Qu’est-ce que la FENIFOOT fait pour que ce championnat soit compétitif ?

Si vous permettez, votre question devrait être plus nuancée, et votre affirmation moins tranchée car, à mon avis, les résultats ne peuvent pas être traités de médiocres.

Je vous rappelle que la saison dernière, nos deux représentants engagés en coupes interclubs africaines ont tous passé le premier tour.

En Ligue des Champions, l’AS SONIDEP avait éliminé les somaliens de Mogadishu CC et en Coupe de la Confédération l’Union Sportive de la Gendarmerie Nationale avait battu les maliens de Yeelen Olympique. Au deuxième tour, ils ont tous connus un tirage compliqué car les pétroliers étaient malheureusement tombés sur les Egyptiens du National Al Ahly SC du Caire (le plus grand club d’Afrique, futur vainqueur de la compétition d’ailleurs !) pendant que les gendarmes se voyaient éliminés par les algériens de la Jeunesse Sportive de la Kabylie (JSK, une autre grosse écurie africaine, future finaliste de la compétition).

Après sa défaite, l’AS SONIDEP a joué et perdu le tour de cadrage de la Coupe de la Confédération contre les camerounais de Coton sport de Garoua.

Cette saison, l’USGN a éliminé au premier tour les burundais du FC Le Messager, avant de perdre contre Al Ahly du Caire (encore !). Elle se prépare à jouer un tour additionnel face aux Congolais du Daring Club Motema Pembé de Kinshasa, où elle a toutes ses chances. Je pense qu’il ne faut pas se chercher d’excuses mais c’est un fait, nos clubs souvent ne sont pas vernis par le tirage. Il faut faire avec, ce sont les aléas avec lesquels il faut compter. Et il a manqué un but à l’ AS POLICE  pour éliminer les tunisiens de l’ US Ben Guerdane ( 1-3 et 1-0).

La qualité de notre championnat n’est pas si mauvaise, je peux l’affirmer, même si évidemment on  peut toujours l’améliorer. Mais seulement avec la contribution de toutes les parties prenantes, tous les acteurs. Que chacun joue sa partition.

La FENIFOOT a procédé à des reformes avec la restructuration des différents championnats, et la création d’un troisième niveau de championnat pour resserrer l’élite. Ces compétions se tiennent régulièrement sans véritable sponsor, il faut le noter, malgré les contraintes liées à l’immensité du territoire et les difficultés de transport. La FENIFOOT organise chaque année  4 compétitions séniors messieurs (Super Ligue, Ligue Nationale, Ligue Régionale et Coupe Nationale) regroupant plus d’une centaine de clubs affiliés ainsi que les tournois réservés aux jeunes catégories et les féminines.

Un championnat médiocre n’allait pas nous permettre de participer à trois CHAN (Championnat d’Afrique des Nations en 2011, 2016 et 2021) réservés aux joueurs locaux, c'est-à-dire que le Niger est présent au CHAN une fois sur deux ! Beaucoup de soit disant « grandes nations » ne peuvent se targuer d’un tel résultat !

En plus, il faut noter un autre point important, rien que cette année une dizaine de joueurs ont quitté le championnat local nigérien pour embrasser la carrière professionnelle en Turquie, en Algérie, au Cameroun, en RDC, en Guinée Equatoriale, etc…C’est dire que ce championnat est de qualité car il est capable de favoriser l’éclosion de joueurs qui sont convoités par des clubs professionnels étrangers plus huppés.

 La FENIFOOT est souvent accusée d’avoir sacrifié les clubs populaires du Niger au profit des clubs des sociétés et des clubs corporatistes d’où la déliquescence du championnat national. Que pouvez-vous répondre à ces accusations ?

Franchement, c’est un mauvais et injuste procès qui est fait à l’endroit de la FENIFOOT. Si vous interrogez l’Histoire, les clubs dits populaires ont commencé à péricliter depuis déjà plusieurs décennies. Je ne pense pas décemment, que cela soit imputable à l’instance dirigeante de la FENIFOOT. Le mal est beaucoup plus profond. A mon avis, ces clubs ont eu des difficultés à s’adapter à l’ordre nouveau et aux mutations socio économiques qui se sont imposées progressivement dans la marche du monde. D’abord, ces clubs issus des quartiers populaires, ont vu leur cadre de vie profondément métamorphosé. Je parle des espaces de jeux. Les jeunes sont privés de terrains pour s’épanouir. Ce qui n’était pas le cas à l’époque.

Ensuite le modèle économique. On ne peut plus gérer un club comme cela se faisait il y’a 30 ou 40 ans, à partir de la passion ou de la bonne volonté de quelques mécènes. Les exigences en termes économiques et managériales sont beaucoup plus importantes, sans commune mesure. Je précise que le Niger n’est pas le seul pays impacté par ces mutations. Dans beaucoup de pays, les clubs dits mythiques et historiques ont de plus en plus de difficultés à rester compétitifs. Ce sont des clubs avec de nouvelles stratégies de gestions innovantes et adaptées au monde moderne du football international qui s’en sortent ; par exemple Salitas au Burkina Faso, Diambars, Génération Foot au Sénégal.

Les clubs de sociétés ou corporatistes comme vous le dites, sont apparus à la faveur d’un contexte né des changements démocratiques, notamment avec la liberté d’association qui est un droit reconnu, encadré et protégé. Maintenant, je pense qu’il n’y a pas de sujet tabou, la réflexion  doit être faite pour voir le meilleur schéma possible, pour le bien de tous. Chaque modèle a ses avantages et ses inconvénients, poussons la réflexion, ensemble.

 Avez-vous un message particulier à l’endroit du public sportif ?

Restons optimistes ! Il y’ a actuellement un frémissement encourageant, qui nous laisse entrevoir une dynamique nouvelle positive. Le Président de la République, Chef de l’Etat, passionné de sport devant l’Eternel, a posé un acte fort en assistant à l’Edition 2021 de la finale de la Coupe Nationale du Niger ayant opposé l’Union Sportive de la Gendarmerie Nationale à l’Association Sportive de la Police Nationale le 6 Juin dernier. Un événement qui ne s’est pas produit depuis plus de 20 ans ! Et c’est d’ailleurs lui qui s’est chargé de remettre le trophée de vainqueur aux gendarmes. Au-delà de cette présence symbolique du Président de la République dans les tribunes du Stade Général Seyni Kountché, de l’avis de tous les acteurs, ce déplacement de Son Excellence Mohamed Bazoum traduit sa réelle volonté à accompagner le sport nigérien, dont il veut en faire un levier de développement.

Il a manifesté sa détermination à soutenir la FENIFOOT pour la réussite du football nigérien, en acceptant de hausser significativement l’enveloppe du vainqueur de la Coupe Nationale. Il a également donné des hautes et fermes instructions pour que les clubs soient soutenus financièrement de façon importante avec notamment la contribution de sponsors, pour faire face aux exigences d’un football de haut niveau. Cela permettra à nos clubs d’investir davantage dans la formation des jeunes catégories, accéder à des entraineurs de haut niveau et des meilleures infrastructures, faire des meilleurs recrutements, etc…Tout ceci devrait impacter positivement la qualité de nos compétitions et aguerrir davantage nos joueurs. Le Président a aussi et surtout décidé de soutenir la création d’une Académie Nationale d’ Elite des jeunes avec les catégories des U13, U15 et U17 ! 

Ce sont des gestes salutaires, et le football nigérien lui sera sans doute éternellement reconnaissant de se voir administrer un traitement qui va grandement encourager sa croissance, et faire du Niger une Nation qui compte dans le gotha africain.

Le Ministère de la Jeunesse et des Sports n’est pas aussi en reste dans cette nouvelle dynamique. Il y a quelques jours, nous avons suivi avec satisfaction l’installation du comité Technique chargé de l’Elaboration de la Politique Nationale du Sport. Ce comité va s’atteler à doter le Niger enfin, d’un document référentiel en matière du sport qui mettra  en place  des mécanismes  efficaces susceptibles de répondre aux attentes des nigériennes et nigériens.  Nous soutenons fortement cette nouvelle approche, en tant que membre de la communauté sportive, pour véritablement aboutir à l’Excellence à travers la valorisation des talents nigériens qui sont réels et immenses.

Nous nous sentons de moins en moins seuls et de plus en plus soutenus, notamment par les décideurs.

 C’est seulement  par cette synergie d’actions et cette mutualisation des efforts de toutes les parties prenantes et de l’ensemble des acteurs, en dehors de toute querelle vaine et partisane, que notre football pourra véritablement prendre son envol et jouer pleinement son rôle de vecteur de développement socio économique, et militer grandement pour la réputation et la grandeur de Notre Chère Nation.

Réalisée par Oumarou Moussa

29 octobre 2021
Source : http://www.lesahel.org/