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Interview du Secrétaire Général de l'USTN, M. Zama Allah Mahaman : Congrès ordinaire de l’USTN, ‘‘Démocratie et bonne gouvernance, le rôle des syndicats en Afrique’’

Dans un entretien qu’il nous accordé à la veille du congrès ordinaire de l’Union des Syndicats des Travailleurs du Niger (USTN), la plus vieille centrale syndicale du pays, prévu du 24 au 25 septembre prochain à Niamey, le Secrétaire Général M. Zama Allah Mahaman, à indiquer que le comité d’organisation est à pied d’oeuvre pour mettre les bouchés doubles afin de tenir son engagement à la date indiquée. Le thème choisi pour la circonstance, est « démocratie et bonne gouvernance, le rôle des syndicats en Afrique ». A la date de cet entretien précise le SG, aucune candidature n’est encore enregistrée notamment au poste de Secrétaire Général. Mais M. Zama Allah Mahaman, dit être prêt et disponible pour un prochain mandat si toutefois « le syndicat de base », propose sa candidature. « Vous savez, dans les pays francophones nous avons hérité d’une mauvaise méthode où chacun cache sa vraie intention et déclare sa candidature le jour même du congrès. Ce qui du reste provoque souvent des incompréhensions qui divisent le mouvement syndical », avait-il soutenu. Nous vous proposons l’intégralité de cet entretien.

L’Actualité : Le congrès ordinaire de votre centrale syndicale (USTN) est prévu du 24 au 25 septembre prochain ici même à Niamey. Pouvez-vous nous faire le point des préparatifs à la veille de cette rencontre?

SG USTN: Merci à L’Actualité de nous donner l’opportunité de nous prononcer sur ce congrès que nous projetons effectivement du 24 au 25 septembre 2021 comme vous l’avez si bien dit. Rappelons tout d’abord que ce congrès était prévu en septembre 2020 à la même date qui coïncide avec le 60ème anniversaire de l’USTN. Pour certaines raisons fondamentales, nous avons dû reporter ce congrès. Il s’agit notamment de la pandémie de la covid-19. C’est ainsi que nous avons tenu un conseil syndical qui a proroger notre mandat d’un an, toute chose qui a donné au bureau sortant, la latitude de reporter le présent congrès ordinaire. Pour le moment nous sommes à pied d’oeuvre dans l’organisation matérielle de ce congrès puisque vous savez que le congrès de l’USTN mobilise beaucoup de personnes de toutes les contrées du pays dont, 72 sections avec à chacune, un représentant. Au total, nous avons 56 syndicats affiliés à l’USTN qui doivent aussi être représentés par leurs délégués. L’un dans l’autre, en tout cas, nous sommes à pied d’oeuvre pour mettre les bouchés doubles afin de tenir notre engagement à la date indiquée.

L’Actualité : Y-a-t-il un thème sur lequel, les travaux vont se focaliser et si oui, qu’est ce qui a motivé son choix ?

SG USTN : Oui évidement, le thème que nous avons choisi est démocratie et bonne gouvernance, le rôle des syndicats en Afrique. Vous savez aujourd’hui le syndicalisme a pris un tournant avec la décision de la démocratisation de nos pays. Il a pris un tournant aussi par rapport à la question de la méthode de lutte car vous savez que nous sortons d’une période de lutte anti coloniale où le syndicalisme était essentiellement basé sur des luttes de libération et de décolonisation. Aujourd’hui, même si nous ne sommes pas totalement décolonisés, nous avons encore certaines difficultés, certains défis à relever vis-à-vis de nos partenaires qui sont les employeurs, notamment, le plus grand qui est l’état. Nous envisageons développer ce thème au niveau de ce congrès, pour que les uns et les autres soient éclairés par rapport à ce qui est de leur rôle dans le développement et la construction nationale. Ce n’est plus le moment de syndicalisme de décolonisation, de lutte contre le colon blanc, plutôt, le syndicalisme de développement toujours prôné au niveau de l’USTN.

L’Actualité : Présentement combien de candidatures sont enregistrées notamment au poste de Secrétaire Général ?
SG USTN: Bon, à ce point, pour le moment, moi je ne connais aucune candidature au niveau de ce poste. Vraiment je ne peux dire qu’un tel est où pas candidat au poste de SG. Vous savez, nous au niveau de l’USTN, un système qui nécessite d’être revu ? Nous avons vu dans les pays anglophones où les gens annoncent les candidatures quelques mois avant la date du congrès et les gens font la campagne tout comme les partis politiques, chacun annonce son programme et distribue ses posters, ses photos et il se fait un lobby pour se faire élire le jour du congrès. Mais malheureusement ici, dans les pays francophones, nous avons hérité d’une mauvaise méthode où chacun cache sa vraie intention et déclare sa candidature le jour même du congrès. Ce qui du reste provoque souvent des incompréhensions qui divisent le mouvement syndical. C’est pour vous dire qu’à la date d’aujourd’hui, nous n’avons enregistré aucune candidature au poste de SG.

L’Actualité : Est-ce que vous serrez candidat à ce poste pour un nouveau mandat ?
SG USTN: Bon, vous savez, au niveau de l’USTN et précisément en ce qui concerne le dépôt de la candidature, ce n’est pas la personne elle-même qui se propose d’être candidat, mais plutôt, les syndicats affiliés à la centrale syndicale qui constitue ce qu’on appelle union des syndicats du travail du Niger. Ce sont ces syndicats qui proposent la candidature. Donc, personne ne peut se prononcer sans que son syndicat de base ne le propose. Si effectivement le syndicat de base propose ma candidature, je ne trouve pas d’inconvenants.

L’Actualité : Parlez-nous à présent des difficultés que vous rencontrez principalement dans l’organisation du congrès ordinaire du 24 septembre prochain.
SG USTN : Bon les difficultés auxquelles nous faisons face sont financières parce que pour organiser un congrès où il faut mobiliser des personnes de toutes les régions du pays pendant deux (2) jours, ça demande assez de moyens logistiques et financiers. Dieu seul sait qu’aujourd’hui les syndicats ne payent pas à temps leurs cotisations. Donc, nous avons des perspectives qui vont nous permettre d’organiser ce congrès, mais en tout cas, le seul défi auquel nous faisons face, est lié aux questions de finances. D’ici la fin du mois d’aout, nous allons boucler le budget de ce congrès pour pouvoir aller avec beaucoup d’assurance à la date de 24 septembre.

L’Actualité : Monsieur le SG, vos ambitions sont nombreuses, alors, au cas où votre candidature est proposée par « l’union des syndicats du travail du Niger », que promettez-vous aux travailleurs regroupés au sein de l’USTN ?
SG USTN : Ecoutez bien, tout dépendra de l’équipe, car vous n’êtes pas sans savoir que l’USTN est une mémoire et un patrimoine national. A l’USTN, ce ne sont pas les gens qui ont une ambition, mais c’est la structure même qui a une ambition. Alors, l’ambition comme elle est la plus ancienne structure de laquelle sont sorties toutes les autres centrales syndicales, son ambition ne peut être que de rester la mère de ces centrales syndicales afin de récupérer sa place de première centrale syndicale, non seulement en ancienneté, mais aussi et surtout, en envergure. Telle est l’ambition de l’USTN.


L’Actualité : Revenons un peu à l’élection du SG. Comment les syndicats arrivent-ils à proposer une candidature ?
SG USTN : La plupart des congrès de l’USTN auxquels j’ai assisté il y a eu des élections. A chaque poste on propose des candidats avant de procéder à l’élection de celui qui doit occuper le poste. Au niveau de chaque congrès il y a des lobbys. Il y a des groupes qui se constituent en lobbys pour proposer X ou Y à telle ou telle place. Ils affutent leurs stratégies pour parvenir à cette fin. Vraiment personne ne peut dire que moi je sais que c’est telle ou telle chose où voilà comment ça doit se passer. Mais ce que je sais, c’est que, nous n’avons pas intérêt à nous tirailler jusqu’à créer des divisions parce que, toutes les citions qui ont eu lieu à l’USTN sont issues de certains congrès où les gens se sont tiraillés et ils ont fini par dire que nous, on s’en va et on va créer notre propre mouvement syndicat, alors que, c’est l’union qui fait la force. Il faut toujours que les gens arrivent à surmonter leur désir, pour pouvoir lutter. Aujourd’hui que les syndicats sont trop divisés, qu’il y a plusieurs syndicats dans tous les secteurs, voyez-vous comment le mouvement syndical est à terre. Il faut que les gens le comprennent, on ne vient pas faire du syndicalisme pour des intérêts personnels mais on s’engage pour lutter en faveur des intérêts des travailleurs. Parce que, si l’injustice pouvait cesser dans le monde, on n’aura plus besoin des syndicats, malheureusement, l’injustice ne fait que s’accroitre. C’est toujours l’union qui fait la force. On a toujours besoin de la force pour lutter et pour avoir la force, il faut d’abord être uni.

L’Actualité : Nous acheminons vers la fin de cet entretien. Avez-vous quelque chose à nous ajouter sur l’organisation de votre congrès ?
SG USTN : Bon je ne sais pas, mais j’allais dire qu’avec l’alternance qui vient de s’effectuer au Niger, nous fondons beaucoup d’espoir pour un dialogue social franc et constructif et nous travailleurs et représentants des travailleurs, sommes prêts à aider le président de la République à assoir la bonne gouvernance dans notre pays comme il l’a toujours dit dans ses discours.

L’Actualité : Quel peut être le message que vous lancer aux travailleurs de façon générale ?
SG USTN : Je voulais dire que nous avons comme l’impression que les jeunes ne s’intéresse plus au mouvement syndical parce que ignorants ce qui peut leur arriver et oublient que tout ce qu’ils ont engrangé est le fruit d’une lutte acharnée entre les syndicalistes et les différents pouvoirs. Vraiment il faut que la jeunesse se réveille pour s’intéresser au mouvement syndical. Il vaut mieux préserver son emploi que de préserver son parti politique car l’emploi est le premier parti politique d’un individu. Sans le travail, l’individu n’est rien alors il faut que les gens mettent en avant leur travail au détriment de leur profit personnel ou encore celui de leur parti politique. Il faut que les jeunes se réveillent et s’engagent à cette lutte totalement responsable.

L’Actualité : Merci monsieur le SG d’avoir répondu à nos questions.
SG USTN : Non, c’est plutôt moi qui vous remercie.

Entretien réalisé par Salifou Hachimou