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 Entretien avec le 1er Vice-président du Conseil régional de Maradi : «Avec la fermeture de la frontière du côté du Nigeria, nos recettes fiscales ont été réduites au tiers», déclare M. Sadissou Oumarou

M. le président du conseil régional, en tant que principal organe de développement économique, social et culturel, quel est l’impact de la fermeture de la frontière du Nigeria, il y a de cela un an, sur les activités économiques de la région?

Le Conseil régional de Maradi, au même titre que les autres conseils régionaux, a été installé depuis 2011. La principale mission du conseil régional est le développement social, économique et culturel de la région. Depuis un peu plus d’un an, le Nigeria a fermé sa frontière. Comme vous le savez, Maradi, c’est d’abord le commerce qui s’effectue essentiellement avec notre voisin du sud, le Nigeria. Du coup, la fermeture de la frontière va sans doute  et inévitablement avoir des répercussions importantes sur les activités économiques de notre région. Pratiquement, 80% de nos échanges commerciaux se font avec le Nigeria. Imaginez un tant soit peu, du fait de la fermeture de la frontière, qu’il n’est plus possible pour nos commerçants de se rendre à Katsina, à Kano, à Lagos, etc., et qu’il n’est plus question pour nos partenaires du Nigeria de venir à Maradi pour des échanges commerciaux. Cela a drastiquement ralenti les activités économiques de la région. Les conséquences sont énormes, les prix des produits  ont grimpé. Toutes les activités qui permettaient aux gens de travailler et avoir des ressources sont presque à l’arrêt ou au ralenti. Les recettes fiscales, depuis la fermeture de la frontière, en ce qui concerne le Conseil régional, notre part était réduite au 1/3. Ceci a gravement réduit notre capacité d’intervention et d’investissement au profit des secteurs sociaux de base de la région.

 Alors, comment se présentent les secteurs sociaux de base (santé, éducation, les pistes rurales…) dans ce contexte de fermeture de la frontière du Nigeria, d’inondations enregistrées cette année, de pic de paludisme qui sévit dans notre pays.

La région de Maradi a une population estimée à 4 millions 500 habitants dont 80% ont moins de 25 ans. Concernant les secteurs sociaux de base, on est certainement la région  qui a plus de pression. Par exemple, dans le secteur de l’éducation, au niveau secondaire, cette année notre région a présenté un nombre important de candidats aux examens du baccalauréat qui équivaut au nombre de candidats des régions de Tahoua et Zinder. Quant aux examens du BEPC, notre région a présenté plus de candidats que toutes les autres régions. Nous avons une population galopante, très jeune qui a besoin d’encadrement, d’infrastructures et des enseignants. Mais malheureusement, de la façon dont notre population croît, dont le besoin  croît, nous n’arrivons pas à suivre cela au niveau des infrastructures en particulier dans le domaine de l’éducation. Comme conséquence, on a un énorme déficit d’enseignants. Rien que pour la rentrée 2019-2020, nous avons enregistré un déficit de 1073 enseignants au niveau secondaire. Pour les infrastructures, l’État et ses partenaires et aussi le Conseil régional s’activent à investir, mais nous sommes très loin de répondre aux besoins par faute de moyens.

Dans le domaine de la santé aussi, la situation est pratiquement dramatique dans toutes les formations sanitaires de la région, pour insuffisance de capacités. Pour y remédier, je pense qu’il faut une intense campagne de communication sur un changement de comportement pour amener les populations à utiliser les moustiquaires, à assainir leur milieu car il n’y aura jamais suffisamment d’agents de santé et de produits. La solution est d’éviter de tomber malade.

Par rapport aux pistes rurales, (toute la bande sud- centre de Maradi est une zone de production agro-pastorale et toute la bande nord est une zone pastorale), nous avons l’appui du PRODAF qui réalise et qui a réalisé beaucoup de pistes rurales. La région de Maradi est divisée en pole économiques. Au niveau de chaque pôle économique, nous organisons des marchés de demi-gros, de transit et nous essayons de désenclaver ces marchés par les pistes rurales. Dans ce secteur, des efforts ont été faits, ces 2 dernières années, pour relancer le circuit économique, notamment en ce qui concerne la production agro-sylvo-pastorale de la région.

Durant le mandat du conseil que votre équipe préside, quelles étaient les actions menées en matière de renforcement de capacités et de promotion des services sociaux ?

Pendant bientôt 10 ans de notre mandat, et conformément à notre vocation de promotion du développement socio -économique et aussi conformément à la loi qui nous a  transféré un   certain nombre de compétences dans certains domaines, à savoir l’éducation au niveau secondaire, la santé en ce qui concerne le centre hospitalier régional (CHR) et le centre mère et enfant; l’environnement et hydraulique pastorale. Concernant la santé, pendant ces 10 ans, conformément à nos moyens, nous avons appuyé particulièrement le CHR et le centre mère et enfant ainsi que le centre de transfusion sanguine. Des bâtiments sont construits et d’autres sont aménagés. Le Conseil régional a également assuré la fourniture de certains produits pharmaceutiques sur fonds propres du conseil. C’est une action récurrente que nous menons chaque année. Il ya aussi le recrutement d’un certain nombre d’agents (manœuvre pour le centre mère et enfant). Mais nos actions sont assez limitées dans ce contexte de fermeture de la frontière avec le Nigeria.

Au niveau de l’éducation secondaire et de l’enseignement professionnel et technique, un certain nombre de salles de cours ont été construites par le Conseil régional. En moyenne, chaque année, 3.000 à 4.000 tables bancs sont fournies par le Conseil régional. Par rapport au développement rural, nous   apportons un appui à l’agriculture à travers l’approvisionnement en produits phytosanitaires, un appui dans l’organisation de plusieurs foires régionales pour promouvoir la vente des produits agro-sylvo-pastoraux. Dans le volet de l’environnement, tous les espaces pastoraux de la région sont sécurisés par des actes administratifs pris par les préfets. Nous avons également balisé l’essentiel des espaces pastoraux, par exemple la forêt de la Tarka est totalement balisée sur des dizaines de km. C’est l’un des plus grands travaux réalisés par le Conseil régional avec l’appui de la coopération suisse. Et aussi les aires de pâturages sont sécurisées et  protégées.

En matière d’hydraulique pastorale, nous venons, avec l’appui des partenaires, de terminer 17 puits pastoraux. C’est un investissement énorme qui est reparti le long de certains couloirs internationaux de passage qui descendent depuis le nord jusqu’ à la frontière du Nigeria et qui traversent le Niger jusqu’en Centrafrique. Des stations  de pompage ont été construites et réhabilitées avec toujours l’appui des partenaires. Ainsi, 3  stations ont été construites et 5 autres sont réhabilitées. Dans le budget de 2021, il est prévu la construction de 2 nouvelles stations et la réhabilitation de 7 autres.

 Réalisé par Issoufou A. Oumar,Envoyé spécial

11 novembre 2020

Source : http://www.lesahel.org/