AES, CEDEAO et Françafrique : Ouattara face au réveil souverainiste africain
CEDEAO / AES : Quand le dernier ouvrier au service de la France tente de divertir l'Afrique
Tout le monde le sait désormais sur le continent, et sans doute ailleurs également : Alassane Dramane Ouattara est le dernier ouvrier volontariste et servile au service d'une Françafrique que l'on sait pourtant agonisante. Celle-ci n'a pas d'avenir et, avec elle, peut-être la France, qui lit mal l'heure pour ne pas comprendre dans le contexte d'aujourd'hui qu'il faut changer pour conserver des liens avec l'Afrique. Par les brutalités qui sont les siennes, héritées de la colonisation et perpétuées sous le néocolonialisme, elle ne peut plus rien avoir avec l'Afrique noire qui, elle, entre temps, a décidé de ne plus accepter les mêmes deals, les mêmes escroqueries, les mêmes paternalismes désuets, les mêmes soumissions humiliantes. Ce sont les crises au Sahel qui ont fini par montrer à quel point certains dirigeants sont soumis, oublieux de leurs responsabilités vis-à-vis des peuples et du continent. On a vu, comment Ouattara dont l'armée n'a aucun passé glorieux, aucun héritage guerrier, annoncer, sans y croire, que son pays mobilisera des militaires pour venir combattre au Sahel, sous notre soleil et sur nos sables chauds, promettant de donner les moyens qu'il faut pour une telle mission plaisantine. Mais, les trois armées de l'AES, prenant au sérieux ses propos, ont attendu ses soldats qui ne vinrent jamais, sans doute parce que ceux qu'il voulait mobiliser, ne pouvaient pas accepter de venir mourir dans nos déserts pour des causes aussi obscures qu'injustifiées. N'est-ce pas lui qui avait trahi dans le projet de création de l'Eco, la monnaie dont avaient rêvé la CEDEAO et les peuples de son espace pour accéder à la souveraineté monétaire et économique ? Comment, peut-on continuer à faire confiance à un tel homme qui, ainsi, a trahi des peuples et leurs légitimes aspirations ?
On connait le résultat de telles lâchetés : la CEDEAO s'est fissurée et naissait l'AES, l'Alliance des Etats du Sahel qui firent le choix historique et responsable de la renier, et de partir de là, convaincus qu'il n'y a rien à faire dans une organisation où, au lieu des solidarités agissantes dans les moments compliqués de la vie, l'on peut envisager de se faire la guerre pour tenter de forcer sur des choix souverains comme si la démocratie qu'on prétendrait défendre serait le remède-miracle aux problèmes des Etats. Depuis, certains ont compris que cette CEDEAO-marionnette était allée loin et qu'ainsi, elle ne pouvait jamais rassurer, vouée à une implosion irréparable. On voit d'ailleurs beaucoup d'autres pays-membres douter d'elle, prenant leurs distances de cette chose en profonde putréfaction, convaincus qu'elle a choisi de trahir ses principes fondateurs pour n'être qu'un vil instrument au service de l'impérialisme français. Peut-être, ne trouve-t-il (Ouattara) plus de partenaires au Nigéria, au Benin pour parler de leur mission macronienne, de toute façon, vouée elle aussi à l'échec, obligé, peut-on croire, de servir le Maître pour espérer son indulgence pour un autre mandat-problème qu'il caresse, non sans s'en effrayer puisque désormais Blé Goudé et Gbagbo sont dans le pays et Guillaume Soro rôde dans les parages, pas si loin de son pays, prêt à prendre sa revanche. C'est certainement pourquoi il est allé vers un autre, le président ghanéen en l'occurrence, à qui, il confie la mission impossible de parler à l'AES de son retour dans la famille reniée. Dans la conjoncture actuelle, après le président du Togo, le président ghanéen est le seul que l'AES peut accepter de recevoir pour parler de questions importantes qui ne sauraient être celles qui préoccupent la France pour laquelle le président ivoirien semble agir. John Dramani Mahama ne peut pas être l'ouvrier de la Françafrique car son pays n'a aucun lien historique avec la France pour s'avilir à ses causes.
Peut-il savoir que le président ghanéen, fraichement installé, revenant au pouvoir après les deux mandats de son successeur-prédécesseur, ne peut pas être ce facteur obligé d'une CEDEAO de laquelle, lui aussi, commençait à douter ? S'il peut être un autre qui peut parler avec l'AES, il sait tout de même les limites qu'il ne pourrait pas franchir, conscient de la pertinence des choix de cette AES pour laquelle, depuis qu'il arrivait au pouvoir, après avoir invité les trois dirigeants à son investiture, il nommait un responsable chargé des relations avec l'AES. Il ne faut pas oublier que le Ghana qui est aussi un grand producteur d'or comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger, pourrait être intéressé par le projet de création d'une monnaie unique, affranchie de la mainmise française, pour booster des économies résilientes et fortes, toute chose qui, vraisemblablement, pousse bien d'autres, à se ramollir et à faire les yeux doux à l'AES de plus en plus enviée.
C'est peut-être le dernier acte de désespoir que pose le sieur Ouattara qui doit souffrir d'échouer dans sa mission d'esclave de salon ainsi que pourrait le dire un autre. Comme il l'a annoncé à l'occasion de son discours de nouvel an au peuple ivoirien, où il parlait d'un prétendu retrait des bases françaises de son pays pour les rétrocéder à l'armée ivoirienne, tout le monde avait compris qu'il ne disait pas la vérité, et ce d'autant que Ouattara n'a pas une seule parole à laquelle un Africain pourrait croire. Il est l'image la plus achevée du colonisé le plus masochiste. Tout le monde peut savoir que ce retrait annoncé n'en était pas un et que la France a voulu de cette annonce juste pour faire croire qu'elle comprend les dynamiques nouvelles en Afrique pour prendre les dispositions qui s'imposent. En vérité, il n'en était rien et il y a fallu jute quelques petits jours après pour que, celui qui le poussait à aller tenir ce discours, revienne pour dire qu'il avait permis, par ses gentillesses, à ses sous-préfets africains de faire ces annonces à leurs peuples alors que c'est lui qui décidait, non les dirigeants africains eux-mêmes, de faire partir les troupes françaises. Mais, on apprendra davantage d'ailleurs quand d'autres précisions viendront dire qu'il s'agit, non pas de retrait, mais de changement de stratégies, avec une présence moins visible mais voulue pour les mêmes sournoiseries et les mêmes complots.
Il faut donc faire attention au vieux loup qui rôde dans la bergerie de l'AES ; il est en mission commandée pour un autre - suivez mon regard. C'est pourquoi, il est important que l'AES ne se laisse pas divertir, ce, dans la conscience de ce que ses choix, pertinents et rationnels, sont irréversibles, non négociables. La souveraineté qu'elle a choisie de défendre reste un choix éclairé pour pouvoir être maitre de son devenir. L'Afrique ne peut pas continuer à subir, à être, au plan politique, spectatrice de la marche du monde et, au plan économique, la remorque du monde, alors que c'est elle qui a l'essentiel des richesses du monde.
Pauvre esclave de salon…
Alpha (Le Courrier)