Sahel et sécurité : Abdoulaye Diop dénonce les manipulations étrangères du terrorisme
Lors d'un panel sur "le combat pour la vérité" à Sotchi, en Russie, le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a abordé la question épineuse du terrorisme au Sahel. Il a déclaré que cette menace n’était pas seulement une conséquence de l'instabilité régionale mais également un instrument manipulé par des forces extérieures, visant à exercer un contrôle politique sur les pays africains.
Selon Diop, le phénomène du terrorisme dans le Sahel n’est pas une simple insurrection locale mais un outil "fabriqué" pour déstabiliser des régimes et affaiblir les États africains. Il a évoqué le rôle de certaines puissances, qui selon lui, utilisent le terrorisme comme levier politique dans une stratégie de domination. "Pour nous dans le Sahel, notamment au Mali, il ne faut pas se voiler la face : le terrorisme est fabriqué, il est soutenu, souvent par des puissances coloniales", a-t-il affirmé. Il a également dénoncé certains médias internationaux, qu’il accuse de fournir une plateforme aux groupes terroristes, et de renforcer, de manière indirecte, leur influence.
Par ailleurs, Abdoulaye Diop a souligné l’impact persistant du franc CFA, qu'il considère comme un outil néocolonial freinant le développement économique des pays africains. Il a rappelé que le franc CFA, initialement nommé "franc de la Colonie Française d'Afrique", continue de lier les économies africaines à des mécanismes d'influence qui remontent à l'époque coloniale. Pour Diop, "nos pays sont contrôlés aujourd’hui à cause de cette monnaie."
Le ministre a également profité de cette tribune pour défendre le rapprochement du Mali avec des pays comme la Russie, précisant que ce choix ne constitue pas un simple changement d’allié. "Certains pensent que nous passons d’un maître à un autre, mais cela est faux. La Russie n’a jamais été une puissance coloniale en Afrique. Elle respecte notre souveraineté et plaide pour une décolonisation mentale", a-t-il précisé, critiquant ce qu’il considère comme des politiques impérialistes persistantes visant à maintenir l’Afrique dans une position de dépendance.
Les propos d'Abdoulaye Diop à Sotchi marquent un tournant dans le discours officiel malien, qui s'éloigne de plus en plus des alliances traditionnelles pour explorer de nouvelles formes de coopération. Ce positionnement est en résonance avec les aspirations de nombreux pays africains qui cherchent à redéfinir leur souveraineté et leur politique de défense. Le Mali, avec cette prise de position, invite à une réflexion plus large sur les rapports de force internationaux et le rôle de l'Afrique sur la scène mondiale.
(Informations basées sur les déclarations du ministre Abdoulaye Diop lors de son intervention à Sotchi, avec la contribution de Sidiki Dembélé et Hamissa Konaté, envoyés spéciaux pour ORTM)
Boubacar Guédé (Nigerdiaspora)