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Parlement de la CEDEAO en crise : Les signes d’un éclatement inévitable

Cedeao NigerLa CEDEAO va mal. Le constat est tragique depuis que l’organisation se réduisait à un syndicat de chefs d’Etat qui a vocation de défendre la corporation, sacrifiant l’intérêt des peuples désormais dilué dans les extravagances de dirigeants qui n’ont plus aucune envie de servir les peuples qu’ils prétendent les avoir investis. Pire, au lieu de servir la communauté, depuis quelques années, après avoir démissionné de leurs responsabilités, les chefs d’Etat laissaient d’autres partenaires participer au financement de l’organisation, et profiter pour leur imposer des choix, et ce jusqu’au dernier qui les poussait à se faire la guerre, mais après que la France ait pris la précaution de rapatrier ses ressortissants. Les populations de l’espace en avaient d’autant ras-le-bol que, suite aux coups d’Etat chirurgicaux qui venaient répondre aux problèmes de gouvernance de certains hommes politiques et à leurs médiocrités, l’on a vu, plusieurs années après la Mauritanie, trois nouveaux pays décider de sortir de l’organisation qu’ils reniaient pour des convenances propres, notamment lorsque la CEDEAO ne sait plus les vrais défis de son espace, menant des combats que rien ne peut justifier et surtout quand, manquant de réponses aux problèmes de la communauté, elle n’a que l’embargo, la fermeture des frontières et même la guerre à porter contre un de ses Etatsmembres, toutes choses en déphasage avec ses principes fondateurs au nom desquels des Etats avaient accepté, en d’autres temps, de se coaliser et de marcher ensemble pour une intégration économique et politique réussie.

Tension au parlement de la CEDEAO…

Il était prévisible, quand la CEDEAO, comme la France de Macron, ne pouvait rien comprendre aux mutations qui s’opèrent dans son peuple et dans le monde, de prendre les risques de solutions hasardeuses, très décalées des réalités et des besoins du contexte. Et comme Emmanuel Macron, alors que la CEDEAO prétend avoir tout compris, on se rend compte qu’elle n’a justement rien compris. C’est la dernière session du parlement de l’institution qui a exposé à la face du monde, la profondeur des dissensions qui traversent l’organisation. L’intervention-choc du député sénégalais, Guy Marius Sagna, est venue mettre le feu aux poudres, provoquant une vive altercation avec une députée ivoirienne, Adjaratou Traoré qui, ainsi, s’est montrée le porte-voix patenté de son président, le sieur Alassane Dramane Ouattara connu pour être l’un des valets locaux le plus soumis de la France. C’était triste cette scène de Négresse qui ne sait plus se libérer de ses chaînes, heureuse de vivre dans la servitude.

Personne ne peut plus tromper personne en Afrique. Quand on voit comment l’on se partage la vidéo du Député sénégalais, c’est que les uns et les autres adhèrent à ses opinions, conscients de ce qu’il dit et, surtout, de ce qu’il faut changer le monde. Et plus que jamais, l’Afrique a besoin de tels hommes qui peuvent oser des vérités qui dérangent. Ce continent a été longtemps bercé de mensonges, il faut qu’enfin, on lui dise la vérité et qu’elle s’en accommode, perdant ses vieux complexes, encore incarnée par Dame Adjaratou. Et, profitant de la tribune du parlement de la CEDEAO, Sagna n’a pas passé par quatre chemins pour cracher, devant l’institution dévoyée, ce que l’on pense d’elle aujourd’hui sur le continent. Ce discours qui est quand même de ce qui est de l’air du temps sur le continent, n’est pas, comme le pense la France au désarroi, une instigation russe mais bien le fait de la lente maturation des consciences africaines.

Mais que dit Guy Marius Sagna ?

On ne peut pas s’offusquer aujourd’hui de ce que fait la CEDEAO qui a trahi tous les rêves par lesquels l’on avait cru en elle pour se laisser embarquer dans son aventure. Comment donc ne pas comprendre ces colères justes de Guy Marius Sagna, quand, il râle et s’interroge, inquiet : « Nous ne voyons pas de changement ». D’ailleurs n’avait-elle pas signé déjà son échec, cette CEDEAO manipulée, quand, incapable de s’autofinancer, elle fit le choix de capitaux étrangers pour financer ses projets, n’ayant aucun plan sérieux pour répondre aux défis économiques, sécuritaires, alimentaires, éducatifs de son espace ? Peut-on donc sensément continuer à faire confiance à une telle CEDEAO qui démissionnait de ses engagements vis-à-vis de ses peuples ? On ne vit ni libre circulation des personnes et des biens, ni passeport sérieux, ni monnaie unique. Rien. N’estce pas donc légitime quand on entend le Député en colère dire : « Cette CEDEAO qui pousse nos pays à maintenir les bases militaires françaises et à occuper les armées d’occupations », ne peut être celle que ses peuples attendent. N’est-ce pas une façon de troquer nos souverainetés pour permettre aux puissances impériales de continuer à nous dominer et à nous imposer leurs choix ? L’Afrique ne veut plus de ça ! Et ce d’autant que, pour Sagna, « Cette CEDEAO ne nous aide pas […] à faire face à la sécurité », et donc à répondre aux attentes pressantes et légitimes des populations, en l’occurrence celles éprouvées par le phénomène terroriste face à une CEDEAO indifférente et totalement absente alors que la communauté lui impose solidarité en des moments aussi difficiles.

Agir ou disparaitre…

Par ses lucidités, le Député sénégalais alerte sur les risques objectifs d’une désagrégation de la communauté aujourd’hui en plein désarroi. Il est donc urgent pour elle d’agir si l’on veut préserver l’organisation régionale d’une disparition certaine. Voilà donc pourquoi Sagna crie : « Refondation ou mort de la CEDEAO, voilà où on en est aujourd’hui ». Et si les uns et les autres veulent rester dans les mêmes fourberies, dans les mêmes chaînes, alors, forcément, le triste soleil de la CEDEAO, ne peut que s’incliner sur l’horizon crépusculaire de sa fin inévitable. Il avertit, non sans déplaire aux nostalgiques complexés de la domination, quand il dit : « Changement profond ou mort de la CEDEAO ». Une telle parole, une telle sentence peut-on dire, au moment où, face à son conflit irréparable avec l’AES, beaucoup d’Africains exhortent l’AES à maintenir le cap, ne peut que déplaire aux petits ouvriers de la France sur le continent. On comprend les agitations de Dame Adjaratou qui a trahi sa féminité car les femmes, dans nos cultures, soutiennent les hommes courageux : elles ne leur mettent pas les bâtons dans les roues. Mais, d’autres Africaines braves, sur les réseaux sociaux, lui ont répondu. Peut-être, a-t-elle, eu honte d’elle-même et de ses racines de peuple esclavagisé qui refuse de briser les chaînes. L’Afrique nouvelle n’a plus besoin de lâcheté et de lâches ! En tout cas, pour le Député Sagna, « si on ne fait pas ça, la jeunesse de l’Afrique de l’ouest, dans les villages, dans les quartiers, ne veulent plus de ça » et qu’il faille bien aller à la révolte qui libère. L’Afrique ne peut plus renoncer à marcher vers sa liberté véritable, consciente des risques qu’elle prend et surtout de ce qu’il n’y a pas de liberté facile à prendre. Comment ne pas le dire quand on sait que, selon Sagna, « Cette CEDEAO est une CEDEAO des chefs d’Etat et non des peuples » ? Il est donc fini le temps de grosses paroles et des beaux discours. Guy Marius Sagna, tempête, et hurle devant les députés médusés : « Il faut changer par les actes ».

Comme on peut le comprendre, le malaise est profond car ce sont les peuples qui râlent désormais, et sans doute que beaucoup de dirigeants l’ont compris. Personne ne peut plus prendre le risque de pactiser avec l’ « ennemi » contre le peuple et croire qu’il pourrait survivre à ses turpitudes. Et on comprend que la députée ivoirienne, Adjaratou Traoré, disque rayé d’une caisse de résonnance d’un parlement aux ordres, ait eu les propos déplacés qu’on a entendus qui trahissent la démocratie lorsqu’ils récusent la contradiction et le droit à la différence pour vouloir réduire au silence le parlementaire auquel on menaçait de retirer la parole. Voilà donc la CEDEAO, ce machin triste qui donne honte. Peut-elle avoir oublié, cette dame, qu’elle n’est pas au parlement ivoirien pour croire qu’elle puisse empêcher à un autre d’exprimer librement ses opinions ? Le fait-elle pour faire plaisir à Ouattara, et par ricochet au Maître Blanc ? C’est triste. On n’a jamais cru qu’il en reste encore de ces filles et fils, capables se vendre leurs âmes au diable. Tant pis pour les lâches ! Guy Marius Sagna a, lui, gagné car partout, sur ls réseaux sociaux, les Africains se félicitent de ce discours, de sa pertinence, de sa hardiesse. Arrivé chez lui à Ziguinchor, au Sénégal, un certain peuple s’est reconnu à travers son discours et, il est venu l’accueillir pour l’en remercier. On apprend qu’il a, par un tel discours, « honoré Ziguinchor et le Sénégal tout entier ». C’est comme ça que la nouvelle Afrique parle. C’est l’époque qui l’impose et il faudrait faire avec.

Mais, au lieu d’écouter des voix audacieuses qui osent les vérités qui fâchent, on veut croire dans cette CEDEAO vieillotte qu’on peut les étouffer et qu’on peut continuer à se mentir. Ce n’est pas vrai. Les temps ont changé. Il faut changer avec. On ne peut donc pas comprendre les servilités qui poussaient Adjaratou Traoré, à demander à Sagna de « Contrôler [son] langage [menaçant même de lui] retire[r] la parole ». C’est à croire qu’on n’est plus en démocratie au niveau de la CEDEAO. Comment de tels personnages si lamentables, peuvent- ils, aider la démocratie à se construire, eux qui peuvent diviniser les dirigeants ? Ailleurs, un citoyen lambda, et dans le pays dont ils veulent se servir comme référence – suivez mon regard – a osé gifler un président en exercice, sans que pour autant, la terre ne tremble. Et puis, pourquoi, peut-elle croire, qu’on ne puisse pas s’« adresser aux Chefs d’Etat [comme ça parce qu’ils ne seraient pas des amis] » ? Peuvent- ils eux, se comporter n’importe comment à la tête de ces peuples qui ne peuvent pas être leurs esclaves !

L’Afrique doit changer. Un dirigeant est un mortel comme un autre. Sa grandeur est dans son humilité à comprendre qu’il ne gouverne que par un pouvoir qu’un peuple lui aura délégué. Tant qu’on ne voudra pas écouter, dans ce continent, la vérité, et tant que les gens devront être allergiques à entendre des vérités qui blessent, l’Afrique restera là, à faire du surplace. Une Afrique qui, depuis des jours, par les événements qui se déroulent au Sahel, est en lutte contre une autre Afrique, avec elle-même. Comme lors de la traite négrière et de la colonisation.

Mairiga (Le Courrier)