Appel à la Résistance nationale et panafricaine pour la souveraineté de l'Afrique combattante
Adresse à l’Afrique Combattante, appel à la Résistance nationale et panafricaine ! Un collectif citoyen nigérien, présidé par l’ancien ministre de l’Intérieur du général Ibrahim Baré Maïnassara, Omar Idi Ango, vient de se constituer en vue d’apporter sa contribution dans la lutte que mènent actuellement certains Etats africains pour retrouver toute leur souveraineté pleine et entière. Après une analyse approfondie, le collectif a rendu publique une déclaration d’une très bonne facture que votre journal a jugé utile de vous faire lire les points importants…
Chers frères et soeurs du continent africain, d’Amérique, d’Asie et d’Europe,
En ce début de XXIe siècle, des changements majeurs et des transformations exceptionnelles s’opèrent sur fond de crises multiples nées de la faillite du capitalisme international : crises multiples. Crise alimentaire, crise climatique, crise migratoire, crise sanitaire, crise humanitaire, ainsi que la guerre russo-ukrainienne (ou plutôt la guerre russo-occidentale), suivie de la spectaculaire montée des prix de l’énergie, l’envolée de l’inflation et l’escalade synchronisée des taux d’intérêts des banques centrales à travers le monde, les dettes publiques dans la zone euro, la récession dans certaines économies industrielles.
Toutes ces crises, interagissant entre elles, sont autant d’éléments réunis pour une explosion globale qui aboutira à une inévitable recomposition géopolitique mondiale susceptibles d’affecter profondément nos vies, de même que l’existence de nos États. Ces crises auront sans doute des répercussions sur le devenir de l’homme et de l’humanité. De ces mutations sortira inexorablement un nouvel ordre politique, militaire, énergétique et économique mondial, pour le meilleur ou pour le pire.
Les rivalités sur plusieurs fronts et dans de nombreux domaines entre les puissances occidentales déclinantes – mais encore pugnaces – et les forces émergentes, la destruction de la Libye, l’extension des conflits armés en l’Afrique subsaharienne, la guerre en Ukraine et ses répercursions planétaires ; la reconstitution des cartels énergétiques et pétroliers mondiaux (OPEP+, avec l’arrivée de la Russie aux côtés de l’Arabie Saoudite et de l’Iran en voie de réconciliation sous les auspices de la République Populaire de Chine) ;, la constitution du pole des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) qui enregistre aujourd’hui de nombreux candidats (Arabie Saoudite, Iran, Venezuela, Mexique, Égypte, Nigéria, etc.), celle de l’Organisation de Coopération de Shangaï (OCS), qui compte quatre (4) des neuf (9) puissances nucléaires mondiales (Chine, Russie, Inde, Pakistan) ; la dédollarisation de l’économie qui porte un coup fatal à la suprématie américaine ; et la tendance à la multipolarisation du monde, en sont les manifestations les plus visibles. Pendant cinq (5) siècles, l’Afrique a été placée au coeur des grands bouleversements du monde, comme vivier humain dans le commerce triangulaire ; comme propriété de l’empire colonial européen sous le règne de l’impérialisme triomphant ; comme pourvoyeuse de matières premières et débouché économique au cours de la Révolution industrielle ; comme chair à canon durant les deux (2) conflits mondiaux ; comme fournisseuse de métaux rares, stratégiques ou critiques depuis la Révolution numérique.
Aujourd’hui encore, l’Afrique est livrée à toutes les convoitises, en proie aux manoeuvres visant à semer la division et de l’asservir et de faire mains basses sur ses abondantes ressources minières et énergétiques.
Dans ce dessein funeste, l’Afrique est mise à feu et à sang de la mer Rouge à l’océan Atlantique. Entre les deux eaux, sur la bande sahélienne traversant le continent de part en part, les pays sont en guerre (Soudan et Tchad à l’est, Nigeria au sud, Mali, Niger et Burkina Faso au centre), ou sur le qui-vive. Guinée Bissau). Au sud du Sahel, dans le Golfe de Guinée, le Bénin et le Togo doivent désormais faire face aux attaques terroristes. Plus au sud encore, en Afrique centrale, la République centrafricaine est, elle aussi, victime d’attaques de groupes armés.
La République centrafricaine, le Mali et le Burkina Faso ont en commun d’avoir été des colonies françaises. Ils ont à leur actif le fait d’avoir bouté l’armée française hors de leurs frontières, et celui d’avoir diversifié leur coopération militaire en faisant appel notamment à la Russie (cas du Mali et de la Centrafrique) dans le cadre de la coopération économique et de la lutte contre le terrorisme. Ces choix souverains, considérés par la France, ancienne puissance coloniale, ses alliés européens et ceux de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), comme un crime de lèse-majesté, suffisent pour entrainer les trois pays dans une spirale de violences, marquée par des affrontements communautaires, par des attaques menées par des groupes terroristes ou des groupes rebelles dont les parrains et commanditaires ne sont plus anonymes.
Or, les guerres en République centrafricaine, au Mali et au Burkina Faso sont perçues par la majorité des Africains comme des guerres de libération nationales, dont la portée continentale n’échappe à personne. Africains et Africaines du Continent et des Diasporas, l’heure est d’une extrême gravité. Le temps n’est plus ni aux tergiversations, ni à la procrastination, il faut agir maintenant. En ces moments orageux où de sérieuses menaces planent sur nos vies et nos libertés, il est du devoir de tous et de chacun de s’opposer à toute intervention militaire étrangère, sous quelque prétexte que ce soit, au Burkina Faso, au Mali ou en République centrafricaine.
Considérant que l’argument sécuritaire avancé pour justifier la présence militaire étrangère sur nos terres est un leurre et un échec patent ; estimant qu’elle sert plus la sécurisation des sources d’approvisionnement en ressources minières et énergétiques que la lutte contre le terrorisme; exigeons le démantèlement de toutes les bases militaires étrangères et le départ des troupes ; exhortons les Africains et Africaines de tous les pays et de tous les continents à faire leur la même exigence ; mettons en garde les pays africains en général, ceux du Sahel en particulier, contre toute instrumentalisation et toute utilisation de leur sol dans une éventuelle intervention militaire étrangère contre le Mali, le Burkina Faso ou la République centrafricaine. Nous appelons solennellement les Africains et les Africaines, où qu’ils se trouvent, à apporter leur soutien spirituel et moral, au Mali, au Burkina Faso et à la République centrafricaine dans la lutte de libération qu’ils mènent, jusqu’à la victoire finale. À cette fin, nous lançons un vibrant appel à la Résistance pacifique aux peuples africains et à toutes leurs composantes : jeunes et moins jeunes, paysans, ouvriers, intellectuels et artistes, élèves et étudiants, partis politiques et syndicats, organisations de la société civile, hommes et femmes. Que chacun, pour faire échec à l’assujettissement qui se profile oeuvre par ses actions ; que chacun selon ses capacités, ses compétences et ses moyens, contribue à la lutte et à la victoire.
Il ne faut guère en douter, en Centrafrique, au Burkina Faso et au Mali se joue une grande partie de notre avenir, car ces pays sont porteurs de l’espoir d’un continent enfin libéré de plusieurs siècles de domination, un continent qui pourra occuper dans le monde nouveau qui émerge, la place qui est la sienne. Regardons notre passé pour mieux envisager notre avenir ! Que les propos qui suivent s’entendent aux quatre coins du continent. Ceux de la reine Saraouniya Mangou du Niger, qui fit dire aux émissaires des capitaines Voulet et Chanoine que non seulement elle ne prêterait pas allégeance à la France, mais qu’elle ne laisserait pas la colonne traverser son territoire. Ceux du Naba Wobgho du royaume mossi (Burkina Faso), qui refusa de signer le traité de protectorat avec la France en ces termes : « Je n’ai nul besoin d’eux. Je sais ce qu’il me faut et ce que je veux ». Ceux du roi Béhanzin du royaume du Dahomey (Bénin), qui entouré des Amazones qui croisèrent le fer avec l’armée d’occupation française, dit au colonel Dodds : « Le roi du Dahomey ne donne son pays à personne ». Ceux de Ménélik II, Empereur d’Éthiopie, vainqueur de la bataille d’Adoua contre l’armée italienne du général Baratieri : « Je n’ai pas l’intention de regarder les bras croisés, les puissances arrivées d’outre-mer avec l’intention de partager l’Afrique ». Ceux de Barthélémy Boganda, ancien chef de gouvernement de Centrafrique : « Libérer l’Afrique et les Africains de la servitude et de la misère, telle est ma raison d’être et le sens de mon existence ».
Vivent la Centrafrique, le Burkina
Faso et le Mali libres !
Vivent le Niger et le Tchad libérés !
Vive l’Afrique de nos attentes !
La victoire est au bout du chemin