Nations-Unies : Entre désordre et impossible dialogue
L’état du monde est assez préoccupant de nos jours. Confrontée à d’énormes défis, notre époque qui souffre d’une crise de leadership, avec partout des dirigeants peu à la hauteur de leurs responsabilités, aujourd’hui est plongée dans des violences, dans des instabilités politiques qui ont au Nord comme conséquence la montée en puissance des extrémismes qui gagnent de l’espace et au Sud, des remises en cause des ordres constitutionnels, ou par des coups d’Etat ou par des coups de force constitutionnels pour s’offrir des mandants supplémentaires illégaux. Et le monde, tant chez nous que chez ceux qui se flattent d’être les modèles de démocratie, souffre partout d’une misère démocratique. Chez nous, commandée par La Baule, la démocratie n’a installé que la médiocrité, réveillé que des identitarisme surannés, cultivé le favoritisme et le clanisme abject.
La dernière session de l’Assemblée Générale des Nations- Unies tenue la semaine dernière à New York en a donné toute l’ampleur pour amener le Secrétaire Général de l’Institution Internationale, Antonio Guterres, à s’en inquiéter, exprimant toute la préoccupation que lui inspire le nouveau désordre mondial.
Pour le Secrétaire Général de l’ONU, alertant le monde dans son discours d’ouverture de la session, « Notre monde est au plus mal. Les clivages s’accentuent. Les inégalités se creusent. Les difficultés s’étendent ». Alors que nous sommes à l’époque la plus moderne, la plus évoluée scientifiquement, voilà que ce monde, par notre incapacité à nous élever, nous révèle la part de la bête qui nous habite et que nous ne pouvons toujours pas transcender pour être l’humain que nous sommes condamnés à devenir pour faire de notre époque la plus humaine et la plus humaniste. Et dira Antonio Guterres, « Et pourtant, nous sommes bloqués par un énorme dysfonctionnement mondial. La communauté internationale n’est pas prête ni disposée à s’attaquer aux grands drames de notre époque », et ajoute, sans doute dépité, « Nous naviguons sur une mer agitée. Un hiver de mécontentement mondial se profile à l’horizon. Une crise du coût de la vie fait rage. La confiance s’effrite. Les inégalités explosent. La planète est en feu. Les gens souffrent – et les plus vulnérables sont les plus touchés. La Charte des Nations Unies et les idéaux qu’elle porte sont en péril ». Ce cri d’alarme et de détresse ne peut être entendu et on voit, même là, à la tribune, les scènes qui viennent dire ce mal et ce mal-être qui s’emparent de notre époque troublée et glacée. Aussi avertit- il : « Nous ne pouvons pas continuer ainsi », et il faut pour cela, « dans un monde au plus mal » une coalition mondiale pour surmonter les divisions.
Il n’y a que trop de désordre dans le monde et il y a lieu de s’en préoccuper. Face à l’indiscipline des grands pollueurs à respecter leurs engagements, face à leur impérialisme politique pour faire du reste du monde des victimes de leurs consommations, sinon des dépotoirs de leurs déchets, il y a urgence à rétablir des équilibres. Est-il possible de ramener l’ordre dans ce monde où personne n’écoute l’autre ?
Hégémonie…
Quand on voit ce qui se passe dans le monde, l’on ne peut que s’inquiéter pour l’ordre mondial. Le monde est devenu une jungle où les puissants du monde imposent leur diktat et empêchent aux autres d’avoir une voix qui compte. Important et manipulant un terrorisme en Afrique, et dans d’autres parties du monde, le monde occidental capitaliste et impérialiste s’en est servi à occuper militaire des espaces sous prétexte d’offrir son expertise à défendre les territoires menacés, mais jamais sans succès, depuis l’Afghanistan à la Syrie, en passant par la Libye jusqu’au Sahel où, sous le leadership de la France, il vient tragiquement échouer au point de se discréditer, hué et rejeté. Tout le monde peut comprendre que, pauvre par ses ressources de son sous-sol, et face à ses besoins immenses que la modernité lui impose, le monde occidental, avait besoin cet expansionnisme pour annexer des richesses, mais se servant pour le faire, du prétexte de sa guerre qu’elle impose par un terrorisme qu’il manipule pour ses intérêts pour le porter chez nous. La guerre au Sahel participe de cet état de fait, de cette ambition impérialiste d’une Europe gourmande.
Toute la violence qu’il y a dans le monde, ne peut, en partie s’expliquer que par un tel agenda, mais aussi, par un autre non moins important. Comment l’industrie de l’armement, un marché florissant qui fait aussi la puissance de ces pays, peut-elle prospérer quand il n’y a plus de guerres ? Comment peut-on connaitre l’efficacité de certaines armes nouvelles quand on ne crée pas ces guerres-laboratoires par lesquelles on peut les expérimenter et en mesurer la portée destructrice ? Pour son industrie et pour sa puissance, l’occident ne peut aussi avoir besoin que de guerres qui ne le touche jamais mais que l’on trouve toujours chez les autres, chez les plus faibles qui servent de cobayes à son industrie criminelle.
Le désordre et la violence, tout comme la pollution qui nous envahissent, sont tous imposés par les puissances du monde, quand ils peuvent comprendre qu’en situation normale, il leur est difficile de s’imposer et surtout d’avoir au prix qu’ils veulent, sinon à la gratuité, les ressources dont ils ont besoin pour faire prospérer leur industrie dominante. Il n’est donc que compréhensible que le Secrétaire Général des Nations-Unies s’en préoccupe, incapable de se faire entendre au milieu des puissants du monde à qui profite le désordre qu’il plaint. Mais il y a aussi un autre fait de gangstérisme qui se fait dans le monde occidental, mettant à l’épreuve le monde blanc dont on peut enfin découvrir les fragilités, la vulnérabilité même. La guerre en Ukraine, menée par la Russie qui envahissait le pays, risque à terme, de redessiner la care du monde. L’Europe, elle, en a vu ses limites, car trop dépendante de la Russie d’un point de vue énergétique et même sur le plan de certaines productions alimentaires, faisant profil bas, regardant la Grande Amérique sur laquelle elle compte pour défaire la Russie et sauver l’Ukraine.
Des hiérarchies bousculées…
Tout le monde a pu comprendre la vulnérabilité de l’Europe et notamment de la France depuis que, face à la Russie, elle est incapable d’avoir un discours belliqueux même lorsqu’elle pousse l’Ukraine à l’insoumission, et surtout de la France, malmenée dans le monde depuis quelques temps et notamment en Afrique où la jeunesse la conteste et souvent des autorités comme dans le cas du Mali où, la détérioration des relations est allée à un point de non retour. Il ne faut pas oublier que depuis quelques années, d’autres partenaires sont venus lui disputer son influence sur son continent et parce qu’elle n’a pas su ajuster son comportement au nouveau contexte, gonflée d’arrogance, cette vieille France est en passe de perdre l’Afrique. Son agitation et la perte de sa sérénité traduise cette appréhension et cette anxiété lisibles sur elle.
Quand la Chine, la Turquie, l’inde, et même d’autres pays d’Europe refusent à prendre position dans conflit russo-ukrainien, ménageant la Russie pour leurs intérêts, l’on ne peut que comprendre que l’OTAN dont jure le monde Occidental est en passe de devenir un « truc » peu fiable, ne pouvant plus fédérer son monde que des intérêts divergents divisent aujourd’hui. Ces pays ont compris que l’équilibre du monde ne peut se faire qu’au travers de leur résistance, de leur refus de se mettre sous les bottes d’une Europe qui ne compte d’ailleurs que sur la carapace de la superpuissance des Etats-Unis au non de laquelle, elle adopte souvent tant d’arrogance et d’attitude belliqueuse à l’égard d’autres peuples, et d’autres pays du monde.
Tout le monde a pu voir, comment cette Europe, à travers ses médias, depuis que l’Amérique envoyait de l’aide à l’Ukraine, jubilait, heureuse que le grand Rambo venait pour balayer la Russie et libérer l’Ukraine. Et la Russie qui a bien compris joue l’usure, allant modérément, sans mettre tous ses moyens en action. Et ceux qui savent faire la guerre savent pourquoi, comprennent la stratégie déployée ces derniers jours pour donner l’illusion de son épuisement dans la guerre…
Gobandy