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Recherche de la paix et de la cohésion sociale : La leçon du Burkina Faso

Dans la tragédie qui se vit au Sahel, il y a sans doute, pour en reconnaitre des responsables, des dirigeants peu convaincants, manquant de leadership, mais portés sur la démagogie et un populisme de mauvais aloi. Le Sahel doit plaindre la qualité des dirigeants que le destin lui donne à un moment aussi crucial de son histoire pour manquer autant de pragmatisme que du sens de l’Etat pour s’élever à la hauteur des responsabilités auxquelles les soumettent leurs charges à la tête des pays. On a vu comment au Togo, au Sénégal, au Mali, au Benin, au Niger, les relations politiques se sont exacerbées sur l’échiquier, portant un coup dur à l’unité nationale, à la démocratie et à la nation. Ceux qui sont au pouvoir, et dans bien de cas pas par la bonne manière, ne peuvent rien concéder à d’autres dans la démocratie et même ce qu’ils ont de droit, abusant d’un pouvoir que l’on sait pourtant mal acquis. Peut-on tant manquer d’humilité et notamment quand on a été cet opposant supposé charismatique qui a pendant des années, fait croire qu’il incarne une alternance, une élégance politique qui pouvait permettre de gouverner autrement ? De faux démocrates qui ne peuvent pas s’accommoder d’adversaires et qui usent et abusent du pouvoir pour les anéantir, ne peuvent pas supporter les règles de la démocratie, aspirant à exister seuls dans la démocratie, dans la négation de l’autre. Combien sont-ils les opposants harcelés en Afrique de l’Ouest depuis qu’une classe politique, souvent sous le label du socialisme, arrivait au pouvoir ? Cette partie du continent n’a jamais été aussi instable que ces dix dernières années, et ce depuis qu’en France, la dernière race de socialistes menacée d’extinction, eut en France la chance d’arriver au pouvoir, pour promouvoir ici et là, une horde d’amis politiques incapables sur le continent mais qui pouvaient avoir, manquant de fierté, la faiblesse de se rabaisser à l’autorité de dirigeants français auprès desquelles ils semblent trouver leur légitimité, non auprès du peuple qu’ils prétendent les avoir élus. Imposer aux Nigériens, aux Sénégalais, aux Ivoiriens, aux Maliens, aux Béninois des dirigeants qu’ils n’auront pas choisis, c’est compromettre la démocratie et créer les conditions de l’instabilité qui agite l’Afrique de l’Ouest depuis des années, faisant peser des menaces graves sur l’existence même des Etats.

Partout, dans les pays que nous citons, et tous francophones par ailleurs, rien n’est plus dans la normalité et leurs démocraties tanguent, vivant des moments incertains. Tous semblent vivre les mêmes remords que des Libyens, depuis des années de désespoir, peuvent vivre après la chute de Kadhafi qui leur donnait pourtant des espoirs démesurés et insensés avec la promesse d’une démocratie prêt-à-porter importé que le monde envahissant venait leur proposer, leur vendre. La promesse était pleine d’illusions et de mensonges car, en vérité, en elle seule, elle ne saurait rien changer dans la vie des hommes tant que les hommes qui la portent n’y croient pas et ne peuvent se soumettre à ses règles. Sans doute que les Libyens préfèrent mille fois, après les dégâts d’une transition au forceps, la situation qu’ils vivaient sous le Guide, au lieu de cette merdre de leur marche haletante vers une démocratie incertaine, inconvenante. La Côte D’Ivoire même si Ouattara réussit mieux la gestion économique de son pays où il a consenti de gros investissement ayant changé le pays, le Mali, le Sénégal, le Niger en ont fait aussi l’amère expérience de cette plongé d’hommes sur la scène, faisant croire qu’ils pouvaient être les messies du nouveau siècle.

Le Burkina Faso aussi. Les deux coups d’Etat, qui ont mis au placard Kaboré, traduisent tout le malaise qui se vit dans le pays. La jeunesse manipulée qui se soulevait pour chasser Campaoré, a fini par déchanter car les hommes dont elle mettait les pieds à l’étrier, ne devraient pas être capables pour faire face aux défis, même si les leurs, contrairement aux nôtre, pouvaient être plus humbles à respecter mieux certains principes démocratiques. La junte, aujourd’hui au pouvoir, avec à sa tête le Colonel Damiba, a vite pris conscience du chaos dans lequel se trouve le pays pour faire des choix hardis qui pourront ramener la paix et la cohésion sociale dans le pays. Mais ce choix n’est pas du goût de tous. On sait pourquoi.

Ayant compris que la mise à l’écart de certains hommes et notamment d’un Blaise Campaoré, malgré tout ce que l’on pourrait dire à son compte, restent des hommes politiques ancrés dans le peuple pour ne pas y manquer d’écoute, n’est un choix dont on peut continuer à s’accommoder dans un pays qui se déchire et se perd. Qu’un tel homme soit associé à une démarche de réconciliation nationale, ne peut qu’être rationnelle ainsi que peut l’imposer une sagesse africaine qui voudrait que les hommes sachent se surpasser pour mettre en avant de tout l’intérêt général, non les rancunes d’hommes qui croient avoir des choses à régler à l’histoire, à leur histoire, mais incapables de comprendre dans ce que vit le Burkina Faso, que leur peuple attend plus que ces rancunes pour retrouver la paix et renouer avec leur vivre-ensemble séculaire.

Ventes contraires…

Mais depuis que le retour de l’ancien président avait été annoncé et acté, l’on a assisté à une campagne pour torpiller l’initiative des militaires, pour faire croire que des rancunes pouvaient mieux gérer un pays qui va pourtant mal, très mal. Le Burkina a pourtant besoin de cette grandeur : le peuple burkinabé, si tant est que la présence de Balise Campaoré pouvait aider à ramener la paix et à unifier le peuple, peut-il sensément s’en priver au nom des considérations qu’on évoque aujourd’hui au coeur des malaises que vit le Burkina Faso ? Les Burkinabés, peuvent-ils ne plus être capables de pardon, pour laisser passer une chance aussi historique leur donne la junte ? Ils pourront regretter leurs intransigeances, leurs extrémismes quand pourtant, à l’état actuel des choses, ils ne peuvent voir aucune lueur d’espoir dans la gestion somme toute chaotique de l’insécurité dans le pays et ce depuis de longues et terribles années de violences et de deuils. Ceux qui, des anciens présidents ont choisi de ne pas répondre à l’appel de la nation et de la République, de l’Histoire et du peuple, tenus sans doute par leurs rancunes pour l’homme qu’ils chassaient, pourraient manquer de courage à s’assoir sur la même table pour parler avec homme qu’ils ont appris à haïr. Auront-ils raison, après avoir jugé de l’intérieur du pouvoir, la délicatesse des défis du pays pour comprendre que Campaoré ne soit pas capable de tout régler mais au moins d’avoir été capable de leur assurer la sécurité dans le pays, toute chose qu’ils ne peuvent réussir, eux, depuis que leur « ennemi » vit hors du pays et du pouvoir. Mais, demain, face au peuple et à) l’Histoire, forcément, ils répondront de leurs choix.

Il se trouve d’ailleurs que la venue de Blaise pourrait aussi gêner le médiateur désigné par la CEDEAO pour avoir choisi, l’accable-t-on, de jouer un certain rôle dans la chute du président Burkinabé, aujourd’hui appelé à parler avec ses concitoyens en vue de trouver une solution au problème sécuritaire et à la cohésion d’un peuple qu’un certain ostracisme institué depuis son départ du pouvoir avait divisé. On ne peut donc pas abandonner le Burkina à cause de rancunes de quelques personnes revanchardes, trempées de haines intarissables qui, n’ayant pas voulu de Blaise Campaoré, ne peuvent mieux faire en poussant le pays dans le désastre que l’on sait.

Il est pourtant de bon ton pour que le pays saisisse les bons offices d’un homme qui se sent toujours redevable vis-à-vis de son pays et de son peuple, quitte après à régler ensuite son contentieux avec la Justice de son pays. Dans le malaise burkinabé, il reste un homme à écouter et à impliquer dans le processus de paix, et ce malgré ses déboires. Comment ne pas le comprendre quand il peut prendre de son propre chef l’initiative d’écrire aux nouvelles autorités du pays pour leur proposer son expertise dans la gestion des problèmes du pays. Rfi rappelait d’ailleurs « qu’il y a trois ans, alors que le pays est en proie aux attaques terroristes, Blaise Compaoré écrit, se départant de toute rancune, une lettre au président en place, Roch Marc Christian Kaboré » pour lui faire part de sa préoccupation et sa disponibilité à aider à régler le problème. Ceux qui refusent de s’assoir sur la même table avec Blaise autour du Colonel Damiba, ont-ils mieux à proposer à leur pays pour l’amener à se passer de l’homme qui gêne ? C’est triste quand les hommes, accrochés à des principes-bidon, sont incapable de s’élever pour ne pas s’aliéner à leurs affects.

Non, en vérité, ils n’ont aucune solution pour le pays. Ils n’ont que leurs rancunes qui détruisent leur lucidité pour ne regarder que les problèmes de l’Etat qu’au travers de leurs personnes et de leurs égoïsmes. Radio France Internationale note, « qu’il a exprimé sa disponibilité à soutenir toutes les initiatives en vue de la promotion de la paix ». Sinon, comment peut-on gâcher tant des volontés à oeuvrer pour la paix dont a si besoin le peuple du Burkina ? La controverse autour du retour de Balise Compaoré n’est qu’inutile et pas forcément nécessaire dans la conjoncture historique actuelle.

Sauver le pays…

Aujourd’hui, le plus important pour le Burkina Faso est d’être capable de pardon. La gravité de la situation l’exige et à cette fin, il faut user de tous les moyens à portée de main pour sauver le pays d’une désagrégation annoncée. C’est pourquoi, rapporte rfi, « Pour Pierre-Olivier Sur, avocat de Blaise Compaoré, le « Burkina est en train d’écrire sa grande histoire et le droit suivra. ». Certains hommes aux coeurs de haine, ne doivent pas contrarier cette énergie qui s’empare du pays.
Il faut plus que des paroles, de l’audace politique et des gestes politiques forts. Et le Niger mettra du temps à avancer sur les mêmes problèmes quand on continue à croire que les discours peuvent, seuls, régler les malentendus et les colères, quand on peut penser que diffuser sur les médias des chansons qui prêchent la paix et la cohésion sociale, peuvent nous éloigner de l’abîme.
On gouverne mieux, on rassemble mieux, avec des actes qu’avec des paroles. Damiba l’a compris. Il est sur le chantier…
On ne peut pas gouverner sans être capable d’avoir une certaine lucidité qui donne des avances sur les peuples, notamment à comprendre, avant eux, la gravité des moments et surtout les courages à avoir pour oser certaines solutions que d’autres, pour une raison ou pour une autre, pourraient récuser. Damiba a fait un choix pour l’Histoire et la postérité pourra retenir qu’il ne se serait pas trompé et surtout qu’il aura vu avec tous les autres, la seule voie qui reste pour aller à la paix et à l’unité entamée de son peuple gagné par le doute. Pour vaincre et faire face aux défis, plus que jamais, le peuple vaillant du Burkina a intérêt à taire ses dissensions pour s’entendre sur l’essentiel.
Il ne faut pas trop faire attention aux faucons.

Waz-Za