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Elections Législatives en France / Orientations politiques : quels choix pour la macronie ?

Emmanuel Macron a gouverné pendant cinq ans. Depuis quelques mois, il a rempilé à la suite d’élections qui ne donnaient pas trop de choix aux Français, condamnés à ne choisir qu’entre lui et une extrême droite dont la poussée débordante inquiète et ce en l’absence sur l’échiquier d’adversaires de taille que les autres partis pouvaient aligner pour menacer sa candidature. Et face à Marine Le Pen, les Français durent se contenter de l’homme dont ils décriraient depuis des années la gouvernance. Entre autres signes du malaise que vivent les Français face à son pouvoir fait souvent d’arrogance et de mépris, il y avait le mouvement des Gilets Jaunes qui avait agité la France et révélé la gravité et la profondeur des malaises, du mal-être dans une France où, sous le Président des riches, les fractures se sont creusées avec une classe moyenne vivant de plus en plus moins bien. Mais Emmanuel Macron, trop confiant à son intelligence, n’écoutait personne. Mais sa gouvernance n’aura pas été un désastre que pour les Français.

En effet, pour l’Afrique, ces cinq années, ajoutées à celles passées au pouvoir par son prédécesseur, François Hollande, auront fait revivre les vieux reflexes coloniaux de la part de dirigeants qui n’ont que peu de respect pour les Africains pour croire qu’ils restaient les mêmes peuples barbares qu’on peut continuer à brutaliser et à mépriser.

Plus que sur un autre plan, c’est au plan de la diplomatie que la macronie a échoué, faisant vivre à la France moult revers. D’abord, au sein de l’Union Européenne l’on a vu comment certains hommes politiques en Italie ont rabroué la politique africaine de la France, ne pouvant pas comprendre que la France s’offusque d’une migration qu’elle contribue pourtant à provoquer par l’exploitation qu’elle fait subir au continent, par ses ingérences inadmissibles, par sa politique inique de soutien aux dictateurs et aux dirigeants mal élus, et souffrant de légitimité. Puis, l’on a vu comment, sans se conformer à ce que des relations entre les deux pays auraient pu dicter pour ne pas nuire à leur partenariat, les Américain ravissaient aux Français un gros marché de sous-marins pourtant conclu avec l’Australie qui finit ainsi par leur fait un faux bond. La France en avait d’autant souffert que les autorités françaises n’ont pas manqué d’exprimer leur mécontentement face aux USA qui n’ont fait que ce que les Français savent faire, avoir des intérêts, non des amis.

Mais les plus grands déboires de la France ont été vécus avec le Mali que son soutien, pendant dix années n’aura pas aidé à sauver de le menace terroriste. Et objectivement, il y avait des raisons pour le Mali de s’irriter d’une telle coopération infructueuse, inefficace. Pendant que tous les peuples d’Afrique, à l’exception de dirigeants du continent à la solde de la Françafrique, soutenaient les autorités maliennes et leur peuple dans leur marche vers l’émancipation que la France d’Emmanuel Macron cherchait à contrarier pour leur imposer des choix qui ne leur convenaient pas. Depuis des années, la France essaya de mettre le Mali et ses autorités au ban de la communauté internationale, instrumentalisant, face à son échec à faire changer les autorités visionnaires de la transition de position, elle mit aux trousses de ce Mali nouveau l’Union Européennes, les Nations-Unies et avant celles-là, la CEDEAO qui lui est très servile pour n’agir que sous ses injonctions, incapable d’écouter les peuples et de travailler pour le bien de la communauté qu’elle prétend pourtant défendre.

Aujourd’hui, la France a bien compris qu’elle a perdu le Mali et qu’elle risque de faire face à une contagion d’émancipation et de rebellions à son égard de peuples qui ont souffert de son joug et de sa domination, et surtout de son exploitation éhontée car ces peuples désormais debout, aspirent à se choisir de nouveaux partenaires. Le sentiment anti-français n’a jamais été aussi fort que sous Emmanuel Macron qui n’a pas su écouter les problèmes que lui exposent les peuples, faisant toujours le choix des dirigeants et souvent mal élus que des peuples que cette nouvelle France ne sait plus écouter. Pourtant, personne ne pouvait croire que Macron puisse avoir une telle attitude vis-à-vis du continent quand on sait le discours qu’il tint devant la jeunesse africaine à Ouagadougou, annonçant une refonte totale des relations avec le continent mais cette volonté il ne peut jamais la concrétiser, jouant sur les mêmes combines et sur les mêmes complicités avec des dirigeants qui ont troqué la souveraineté des pays pour servir la France à laquelle, finalement, ils sont plus redevables, et surtout pour plus se mettre au service de l’Elysée, comme des sous-préfets de la France, que de se mettre résolument au service des peuples qu’ils prétendaient les avoir élus.

Qui pouvait croire que la France, si vite, puisse changer de ligne, pour revenir à violenter les relations avec l’Afrique, se comportant pas moins que comme un nouveau colon du siècle nouveau d’une époque, qu’il ne peut pourtant prétendre, par âge, connaitre, pour en être si nostalgique. Aujourd’hui – et c’est dommage qu’il ne puisse pas le comprendre – les Africains ont besoin de liberté et surtout de faire face à leur destin, d’assumer leur indépendance retrouvée, libres de choisir leurs amitiés, peurs partenaires qu’un autre ne peut plus leur imposer.

On comprend que le Mali de Goïta serve aujourd’hui de modèle pour une génération d’Africains qui aspire à plus de dignité et de respect.

Et cela n’arrive à Emmanuel Macron que parce qu’il a eu des personnalités qui n’ont pas su bien conduire la diplomatie française plus fondée sur des préjugés quand des autorités françaises ne peuvent plus comprendre que ce n’est plus la même Afrique et que celle d’aujourd’hui a pris de l’âge et qu’elle mûri pour ne plus supporter le paternalisme d’une époque à jamais révolue. C’est donc, non sans amertume, que cette France, se rend aujourd’hui compte que son espace se rétrécit au profit d’autres partenaires qui développent des relations de coopérations, militaires, économiques, et diplomatiques plus avantageuses, contrairement aux siennes trop léonines.

Du reste, l’on peut croire qu’il l’a compris car depuis la victoire peu brillante aux dernières élections présidentielles, Emmanuel Macron pouvait prendre conscience de la mauvaise perception que les Français ont de sa gestion pour comprendre qu’il y a beaucoup à revoir dans sa politique, et certainement dans sa politique africaine de loin la plus désastreuse. Depuis qu’il a mis en place son nouveau gouvernement, l’ont peut lire quelques changements en vue, l’homme pouvant enfin saisir le message de ses concitoyens.

Les élections législatives ont fini par confirmer la mauvaise posture de la macronie dans l’opinion française. Il débarqua alors son ministre de la Défense et celui des affaires Etrangères qui ont nui beaucoup à l’image de la France à travers le monde et notamment sur le continent africain. Les français en ont marre de la macronie mais ils n’avaient pas eu d’autres choix à faire que celui d’un mal moins mal. Ils lui ont d’ailleurs refusé une majorité pour gouverner et après le deuxième tour, Emmanuel Macron doit perdre ses arrogances pour comprendre qu’il est contraint de partager le pouvoir ainsi que le lui impose le peuple français. Et puisque là l’on sait lire et comprendre des résultats électoraux et les jeux auxquels la démocratie soumet les acteurs, Macron cherche aujourd’hui des alliances et a appelé d’ores et déjà les leaders des partis politiques à le rencontrer pour discuter de la conduite à tenir et pour le seul intérêt de la France et de son peuple, toute chose impossible chez nous où dès lorsqu’on a le pouvoir, qu’importe la manière, l’on se croit tout permis pour brutaliser les principes et violer les règles.

Le résultat est cinglant pour la macronie dans les urnes ce dimanche 19 juin 2022, et les médias parlent tantôt de « déroute du parti présidentiel », d’élection « historique », de « tsunami », et ainsi que l’impose la situation de « main tendue », non celle trop hypocrite à laquelle un certain socialisme tropical au Niger a habitué.

Le cas est inédit, dit-on, dans la cinquième République et Macron n’a pas d’autres choix.


Des jours difficiles pour Emmanuel Macron…

Dans un article publié par Antoine Comte et Thibaud Le Meneec de France Télévision, l’on apprend les perspectives plausibles de la prochaine gouvernance que le président français devrait mettre en oeuvre. Même si la cohabitation dont rêvait Jean Luc Mélenchon pour s’imposer Premier Ministre n’est pas à l’ordre du jour, il reste qu’obligé de composer avec des adversaires très critiques à son encontre, sans être la mer à boire, pourrait s’avérer compliqué pour le patron de la macronie. D’ailleurs pour les deux journalistes de France Télévision « Il ne sera certes pas le prochain Premier ministre, mais il a réussi un coup politique. A l’issue du second tour des élections législatives, dimanche 19 juin, Jean-Luc Mélenchon affichait une satisfaction déconcertante. «Ce qui se présente, c’est une situation totalement inattendue, absolument inouïe : la déroute du parti présidentiel est totale, et aucune majorité ne se présente», a-t-il lancé, à Paris, fort de l’entrée à l’Assemblée nationale de 133 députés de la Nouvelle Union populaire, écologique et sociale (Nupes) ».

En vérité, il y a de quoi s’inquiéter car parlant de ceux qui font leur rentrée fracassante à l’assemblée nationale, constitués désormais en groupe parlementaire, il y a de quoi redouter une radicalisation des rapports politiques entre bords politiques. En effet, « «Quand on voit la capacité qu’ils ont eue à paralyser l’Assemblée nationale à 17, j’imagine ce que ça pourrait être à 50, 60 ou 70», soufflait le député macroniste du Gers Jean-René Cazeneuve, juste avant sa réélection au second tour », il y a à redouter des jours difficiles pour Macron et les siens. On apprend alors dans le même papier que malgré tout « «La Nupes peut clairement gêner Emmanuel Macron en utilisant des outils du parlementarisme à leur disposition, comme la motion de censure ou la saisine du Conseil constitutionnel. Ce sera sans doute aussi bien une opposition frontale que constructive.» ».

Et la Droite « normale », elle-même, n’entend pas renoncer à sa reconstruction pour jouer par opportunisme avec le pouvoir même si elle se dit prête à jouer à une « opposition constructive, se plaçant aux antipodes de la position rigide des deux extrêmes qu’elle proscrit, les accablant de jouer à enfoncer le pays dans la crise. Cette Droite dira, pour montrer qu’elle ne renonce pas pour autant à sa stature d’Opposition responsable, notamment lorsqu’elle annonce qu’elle ne servira jamais de béquille à un « unijambiste politique » pour l’aider à traverser son mandat difficile.

Et l’Afrique dans tout ça ?

Il va sans dire qu’au coeur de ces clivages, l’Afrique pourrait profiter de cet affaiblissement d’Emmanuel Macron et de la macronie, et de l’entrée certaine de nouveaux acteurs politiques majeurs d’autres bords, pour au moins créer un certain équilibre afin, au moins, de contraindre la France à changer de politique vis-à-vis des partenaires africains, et notamment en aidant à promouvoir les valeurs de démocratie, de libertés, d’élections transparentes entre autres. Dès le départ, nous expliquons que la France, pour ne pas perdre le peu qui lui reste sur le continent est obligée de revoir sa copie relativement au type de relations que la conjoncture lui impose aujourd’hui. Que ce soit la Gauche ou la Droite, il est clair que désormais, les choses devront remarquablement changer et ceux qui comptent sur Macron pour survivre politiquement doivent comprendre qu’une époque est en train de changer et que de plus en plus, sans être trop naïf, la nouvelle France comprendra qu’elle a intérêt à changer vis-à-vis de l’Afrique, sinon, elle n’aura aucun avenir sur ce continent si important pour elle, tant d’un point de vue de la géostratégie que d’un point de vue économique.

L’Afrique change. La France doit apprendre à changer avec elle.

ISAK