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Afrique : La démocratie, une question de rapport de force

Dans son acception et acceptation, la démocratie est, essentiellement, régie par la loi du nombre. Elle se manifeste dans le choix, à l’issue d’un vote libre, équitable et consenti, des populations. Elle oblige les élus, les femmes et hommes choisis, de respecter leurs engagements, de respecter les textes desquels ils tirent leur légitimité. Elle les oblige aussi à respecter la séparation des pouvoirs. Elle insiste sur l’indépendance de la justice et la liberté d’expression et d’opinions. Sous nos tropiques malheureusement, elle est régie par le rapport de force. Le respect du choix des populations, la justice, les libertés d’expression et d’opinions sont constamment et systématiquement bafoués. Le peu de respect des populations ne pourrait avoir qu’une seule raison. Nos présidents ne sont pas redevables à leur peuple. Ils le sont vis à vis de la France qui fait et défait. Quels sont les présidents qui doivent leur fauteuil à des élections justes, honnêtes et équitables ? Combien sont-ils qui modifient les constitutions, avec la bénédiction de la France, pour s’octroyer des mandats de plus ? Le président Tandja qui n’avait pas la bénédiction de la France l’a appris à ses dépens. Et récemment Alpha Condé aussi. Ouattara et Faure sont là. Pourtant ni la France, ni la CEDEAO encore moins l’UEMOA ne disent rien. Il a suffi que les Maliens mettent le doigt où ça fait mal pour qu’à l’unisson des sanctions pleuvent. Nos chefs d’Etats, conscients d’avoir été mal élus, de diriger comme de potentats avec la mauvaise gouvernance, l’injustice, redoutent au plus profond d’eux les militaires. Nos politiques estiment aujourd’hui, que personne en dehors d’eux ne mérite de diriger. Pourtant tous doivent la présidence à des militaires. Au Niger, Bazoum doit le pouvoir plus au général Djibo Salou qu’à Issoufou Mahamadou.

En Côte d’Ivoire, n’eut été l’armée française, Ouattara serait toujours en exil.

Au Burkina, Kaboré doit son pouvoir au peuple et à l’armée qui ont chassé Compaoré. Aujourd’hui, c’est ce même Kaboré qui empêche au peuple d’apporter son soutien aux Maliens. Et cela, juste pour plaire aux Français. On ne parlera pas du Ghana dont la prospérité et la stabilité sont en grande partie l’oeuvre du capitaine Jerry Rawlings. Est-il vraiment acceptable que des hommes qui braquent les urnes, détournent les votes, font de l’injustice un mode de gouvernance, dilapident à leur seul profit les ressources des Etats, exécutent tous les desideratas des colons, s’érigent en donneurs de leçons ? Comme dirait un humoriste, nous sommes vraiment en danger.

Modibo