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En Afrique de l’Est, la tournée très stratégique du chef de la diplomatie chinoise

Analyse  Comme chaque début d’année depuis 1991, le ministre des affaires étrangères chinois se rend en Afrique. Cette fois, dans l’est du continent. Une visite hautement stratégique pour l’avenir de Pékin dans la région.

La tradition est bien respectée : depuis 1991, le chef de la diplomatie de Pékin entame invariablement ses déplacements de l’année par l’Afrique. Cette fois, c’est le tour de l’Afrique de l’Est. « Ni l’évolution du paysage international ni la pandémie de Covid-19 qui fait rage ne peuvent affaiblir la volonté et la détermination de la Chine et de l’Afrique à maintenir des échanges amicaux, à améliorer la communication stratégique et à se soutenir fermement », a expliqué le porte-parole du ministre des Affaires étrangères, Zhao Lijian, le 30 décembre. Au programme de cette tournée du ministre Wang Yi, qui doit s’achever le jeudi 7 janvier : l’Érythrée, le Kenya et les Comores.


Un peu plus d’un mois après le sommet Chine Afrique (Focac) de Dakar au cours duquel Pékin s’est engagé à verser un milliard de doses de vaccins supplémentaires contre le Covid et a promis d’améliorer ses échanges commerciaux avec le continent, voici donc le ministre de retour sur le continent pour applique les engagements de ce sommet.


Pourquoi ces trois pays ?
Outre ces engagements, Pékin se rend dans ces trois pays surtout pour deux objectifs stratégiques. Le premier concerne ses méga projets d’infrastructures dans la région, surtout au Kenya où il a lancé plusieurs lignes de chemins de fer comme « Mombasa-Malaba », « Nairobi-Susa », « Nairobi-Mombasa ». Mais aussi des autoroutes, des centrales électriques… Or, la Chine est inquiète car la sous-région – où elle est la première partenaire économique – est de plus en plus déstabilisée par des questions sécuritaires, comme en témoigne la crise éthiopienne. D’où son voyage au Kenya, le dernier grand pays stable de la sous-région au cœur de son projet des « nouvelles routes de la soie ».

La Corne de l’Afrique est, pour elle comme pour tous, la porte d’entrée de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique centrale, et la clé de voûte de la route maritime qui transite par la Mer Rouge. C’est pourquoi avant de se rendre au Kenya, le ministre des affaires étrangères chinois a démarré sa tournée par l’Érythrée dont le principal intérêt est son accès hyperstratégique sur la Mer Rouge : un facteur central pour la diplomatie maritime de Pékin. Et dont le rôle chez son voisin éthiopien – la Chine est aussi son premier partenaire commercial – est à prendre très au sérieux pour éviter l’effondrement de ce pays.

Une étape aux Comores
Les relations entre les deux pays ont toujours été très bonnes. Pékin a été l’un des tout premiers États à reconnaître l’indépendance des Comores en 1975, le premier aussi à établir des relations diplomatiques et le premier à y ouvrir une ambassade.

Au début de l’année 2021, les Comores ont accepté l’aide proposée par la Chine pour lutter contre le Covid 19 – l’envoi d’une équipe médicale –, alors qu’elle refusait celle proposée par la France, l’ancienne puissance coloniale. Le voyage du ministre des affaires étrangères chinois dans l’archipel n’est pas sans lien, là aussi, avec la diplomatie maritime de son pays : ici, l’océan Indien ! Après l’Afrique de l’Est, il va ensuite, d’ailleurs, se rendre aux Maldives et au Sri Lanka, deux autres pays stratégiques pour les grandes routes maritimes de l’océan Indien.

Une nouvelle base militaire en Afrique
Ces dernières années, la Chine a fait de sa diplomatie maritime l’un des axes majeurs de sa nouvelle stratégie en Afrique. Selon le Wall Street Journal, elle devrait ainsi construire en Guinée équatoriale sa deuxième base militaire permanente en Afrique, après celle inaugurée en 2017 à Djibouti. Se fondant sur des rapports de la CIA, le journal détaille l’état avancé des négociations entre les deux pays. Pour Pékin, cette nouvelle installation lui permettrait d’avoir accès à l’Atlantique… Une formidable tête de pont, non seulement en direction de l’Afrique de l’Ouest mais aussi vers cet océan considéré comme le pré carré des États-Unis.

05 janvier 2022
Source : https://www.la-croix.com/Monde/En-Afrique