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Afrique du Sud : Violences sans précédent depuis des années, au moins 70 morts

Les violences se sont intensifiées avec un dernier bilan faisant état de 72 morts, mardi. L’armée a été déployée, quelque 2 500 soldat venant épauler les policiers dans les points chauds.

L’Afrique du Sud était mardi 13 juillet “sur le fil du rasoir”, écrit le quotidien Business Day, “alors que de violentes émeutes ont pris de l’ampleur au point que la police est aux prises avec des milliers de manifestants organisés pour piller puis brûler des centres commerciaux et des entrepôts et saboter des infrastructures stratégiques”.

Le bilan des violences, qui ont éclaté vendredi dans la foulée de l’emprisonnement de l’ancien président Jacob Zuma, s’élève à au moins “72” morts, a annoncé dans la soirée la police, citée par le tabloïd The Sowetan. 27 personnes ont trouvé la mort dans la province du Kwazulu-Natal (KZN), d’où M. Zuma est originaire, dans l’est du pays, et 45 dans la province du Gauteng qui compte la plus grande ville du pays, Johannesburg.

La plupart des décès sont survenus lors de “bousculades pendant des pillages de magasins et de centres commerciaux”, tandis que d’autres morts et blessures sont liées “à des explosions de distributeurs automatiques de billets et à des tirs”, a précisé la police, qui a par ailleurs indiqué avoir procédé à “1 234 arrestations” liées aux violences.

“Zones de guerre”

Des troupes supplémentaires ont été déployées mardi, portant à quelque 2 500 le nombre de soldats dans le Gauteng et le KZN, deux provinces ainsi transformées “en zones de guerre”, constate Business Day. “Jusqu’à présent”, pointe l’article, “l’effet du déploiement de l’armée pour aider la police dans ses opérations de répression de la violence a été minime, car les pillages ont continué pendant une bonne partie de la journée de mardi.”

“Le président Cyril Ramaphosa a autorisé le déploiement de soldats pour réprimer la violence et l’anarchie. Espérons qu’il n’est pas trop tard”, s’inquiète de son côté le Financial Mail. 

La question est de savoir si l’option militaire sera capable de refermer cet épisode de violences, maintenant que les protestations ont dépassé Zuma, Ramaphosa ou les agendas politiques. Et combien d’autres régions du pays devront être rasées et combien de sang versé avant que cela n’arrive ?”

Toutefois, l’Afrique du Sud “n’envisage pas encore l’état d’urgence” rapporte Business Day dans un autre article. Il s’agit d’“un dernier recours”, ont déclaré mardi les ministres responsables des forces de l’ordre. Ce régime d’exception n’a pas été instauré “depuis l’apogée des manifestations contre le gouvernement d’apartheid dans les années 1980”, rappelle le journal.

“Je n’ai jamais été aussi près de perdre espoir”

“Je n’ai jamais été aussi près de perdre espoir”, témoigne la journaliste du Daily Maverick Des Erasmus, couvrant les événements depuis “la ligne de front des pillages”, à Durban, ville côtière de la province du KwaZulu-Natal.

Je suis une personne ordinaire dans cette tragédie, l’un des millions de citoyens qui tentent de passer la nuit sans être submergés par l’émotion alors qu’un nombre sans précédent de coups de feu percent l’obscurité, alors que des pillards transportent leurs marchandises devant ma maison, en criant, en hurlant, en riant, en étant ivres et en buvant.”

La reporter s’inquiète notamment des dommages durables de ces troubles sur l’économie. 

Le secteur manufacturier du KwaZulu-Natal a été anéanti. Son secteur de la vente au détail est mort. Les hôpitaux sont sous protection, il est impossible de se procurer des médicaments, les pharmacies ont été vidées de leurs rayons, les mères cherchent du lait infantiles via des groupes WhatsApp. Des milliers d’emplois ont été perdus. Des dizaines d’entreprises et de commerces ne rouvriront pas leurs portes.”

Les “émeutes Zuma” et les pillages affaiblissent le rand, la monnaie nationale, et compromettent la reprise économique, s’alarme en écho l’hebdomadaire Mail & Guardian.

14 juillet 2021
Source : https://www.courrierinternational.com/