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Mal gouvernance Niger / Que reste-t-il de ce pays ? La question est tragique

Mais elle est fondée dans ce Niger qui tangue depuis que, par le cruel destin, il eut la malchance de tomber dans les mains insouciantes d’un socialisme contrefait, badaudant avec le pouvoir pour lequel il semble être peu préparé. Kountché, dans ses visions prémonitoires n’avait pas eu tort de s’inquiéter pour le pays. Il pouvait d’ailleurs prier pour que ceux qui le trahiront et trahiront son peuple, subissent les malédictions de l’enfer. C’est à croire qu’il voyait venir une génération qui ne saura pas se mettre à la hauteur de la responsabilité étatique pour comprendre ce que la nation et l’histoire attendent d’elle et savoir gouverner pour l’intérêt général et pour lui seul. Le Niger, depuis près de trente années de parcours démocratique, n’en sort que meurtris, malmené par une classe politique qui n’a que trop menti, incapable de porter l’Etat, de rêver pour tous, de consolider les acquis de quarante années de difficile construction des Etats. A regarder de près, ce pays est en passe de tout perdre et ce jusqu’aux acquis liés à la consolidation de la nation pour laquelle, âprement, d’autres avant les socialistes, s’étaient engagés, portant la nation sur les fonts baptismaux de l’indépendance.

Depuis plus de d’onze ans d’amateurisme socialiste, que reste-t-il donc de ce beau pays trahi et condamné par des socialistes qui n’ont, en réalité, aucune ambition vraie pour le pays ? Alors que Diori, Kountché, Ali Chaibou, Ibrahim Baré Maïnassara, Mahamane Ousmane, Tandja Mamadou pouvaient trop se soucier pour le pays, les socialistes ne font montre que d’une insouciance agaçante, ne se préoccupant que d’accumuler de la richesse.

Mais alors que reste-t-il donc à ce pays qui se perd ?

Il n’en reste rien, à la vérité. Et c’est triste pour un pays que tout promettait à un bel avenir. Son école est à l’agonie même si, faut-il le reconnaître, son effondrement ne date pas d’aujourd’hui quand même les socialistes peuvent avoir la sinistre réputation de l’avoir achevée, de l’avoir ensevelie. Aujourd’hui, c’est à coups de réformes inadéquates, de mesures transplantées et inappropriées que l’on essaie, sans y parvenir, de soigner l’école de son mal, ses nouveaux chirurgiens, n’ayant aucune expertise avérée à l’en guérir. L’école est à terre et il faut craindre que Bazoum Mohamed qui en fait un axe central de son programme, ne réussisse pas aussi à poser le bon diagnostic et donc à bien reconnaître son mal pour lui inoculer la meilleure thérapie. On rafistole, on improvise, on tâtonne et l’école s’enfonce dans la crise avec des enseignants qu’on apprend de plus en plus à mépriser.

Mais bien plus que sur un autre plan, c’est deux autres axes majeurs de la vie nationale que le socialisme nigérien a horriblement échoué : la promotion des valeurs, disons dans la gestion des affaires publiques et la sécurité du territoire national.

Mais d’abord des valeurs. Il est impossible, lorsqu’on ne peut pas donner le bon exemple, de faire la promotion de valeurs qui ont jusqu’ici caractérisé la société nigérienne, et l’homme nigérien que l’on sait très attaché à la probité, au sens du devoir, à la justice, au sacrifice, à la rigueur. Aucune de ces valeurs n’est aujourd’hui en place, les socialistes ayant, pendant onze ans, cultiver des contre-valeurs qui ont donné au monde une mauvaise image de nous et de notre démocratie. Depuis plus d’une décennie, les socialistes n’ont fait que la promotion du vol, de la médiocrité, de l’injustice, de l’affairisme et du favoritisme. On aurait cru que pour ceux-là, «la fin justifie les moyens» et qu’il fallait s’enrichir à tout prix trahissant leur socialisme, sans jamais se soucier de morale, d’éthique, tant pis que ce soit par le kidnapping, le vol, la lâche corruption qui a gangrené leur pouvoir, sale à tout point de vue. Ils ne nous donnaient aucune fierté, car en plus de nous humilier, ils pouvaient, pour plaire à leurs tuteurs hexagonaux, brader notre souveraineté pour paraître aux yeux de la France, les enfants les plus soumis du continent. Ils ont par la pédagogie de l’exemple d’autant plus «contaminé » toute la société que tous, ne cherchent qu’à parvenir, refusant l’effort pour réussir. Et nous avons eu les enfants que nous méritons : aux examens ils trichent, développant une grosse industrie de la tricherie. Ces enfants, à l’école ne savent plus consentir l’effort et aspirent à la facilité et pouvaient, brutaliser des enseignants, les tuer même, et dans certains cas, casser et détruire, pour s’en plaindre hypocritement demain, le rare confort qui leur permet d’étudier dans des conditions acceptables. C’est à croire que nous avons eu nos enfants, les enfants que nous méritons car bien inspirés par les pères : voler, tricher ainsi que les fils les voient faire. Notre société vit une profonde crise morale que rien ne pourra changer tant que notre système éducatif n’est pas refondé pour savoir ce que nous devons désormais apprendre à nos enfants et comment nous devrons le faire. De la même manière que les pères n’ont plus honte de tricher et de voler pour paraître les plus futés de la société, les enfants, eux, ne se gênent plus d’obtenir leurs parchemins par les mêmes moyens. D’ailleurs, la manière n’importe plus car comment peut-on savoir qu’on a volé et avoir – pardonnez- nous le terme, Lecteur – le culot de se pavaner dans la société pour narguer les Nigériens et faire ostentation de son opulence ? Dans notre société nouvelle, les voleurs et les incompétents, les médiocres et les méchants sont célébrés quand les hommes bons sont mis en marge, leurs compétences ignorées.

Combien sont-ils aujourd’hui à ne servir à rien dans notre administration et dans notre armée parce qu’ils refusent de porter une étiquette politique, ou parce qu’ils sont connus pour être d’un bord politique opposé ? Peut-on d’ailleurs construire un Etat dans le bannissement de l’autre, par un clanisme institué et méthodique ?

Il est arrivé même que, depuis des années, ne pouvant plus avoir de la fierté, certains des nôtres peuvent exporter à l’extérieur notre misère ou notre propension à vouloir la facilité et à refuser de nous battre. De l’Algérie, de la Libye, du Togo, du Bénin, du Sénégal, du Ghana, nos compatriotes qui vont dans ces pays pour tendre la main ont produit une image de nous, ils nous ont humiliés et rabaissés à travers le monde et partout l’on se moque et se rit de nous. Et pourtant ces hommes et ces femmes qui partent viennent de ce pays dans lequel on exploite de l’or, de l’uranium, du pétrole. Il ne peut pas en être autrement car la gestion patrimoniale de l’Etat ne pouvait pas permettre de répondre aux attentes d’une population dont la jeunesse est sacrifiée sur l’autel l’avarice et le goût immodéré de socialistes pour la brillance, au luxe insolent, à la bonne vie, trahissant ainsi leur option doctrinaire. Dieu sait ce que pensent de nous tous ces pays dans lesquels certains partent pour exhiber notre prétendue misère et Dieu sait aussi combien les Nigériens, dans ces pays, en souffrent et notamment d’être assimilés à ces «exilés de la honte» pour faire croire que leur expatriation pouvait se fonder sur les mêmes mobiles.

L’injustice est la règle depuis onze ans et tous ceux qui peuvent ne pas épouser leurs opinions sont brimés, et de l’aveu même d’un ancien ministre du régime, «isolés» pour que n’existent que ceux qui ont la faveur de leur système. La démocratie, elle-même ne peut désormais fonctionner que selon leurs désirs. C’est par un certain gangstérisme que les élections sont tenues dans le pays et que le pouvoir est géré, n’ayant que faire de la parole d’un autre tant qu’il ne serait pas des rangs, aspirant à uni polariser le champ politique.

L’autre valeur, et non des moindres que le socialisme a sapée est le respect que chaque nigérien a pour l’autre et qui soustend notre cohésion, notre fraternité que célèbre la devise du pays. Les Nigériens n’ont jamais été aussi catégorisés que sous ce régime pour donner à croire que l’Etat devenait la propriété de personnes, de quelques individus. Comment par exemple, ainsi que le rapportait un confrère dans sa livraison de la semaine dernière, cette dame, Mme. Betty, pouvait-elle gérer sa boite comme si elle lui a été conçue à sa mesure, pour son seul bonheur et celui de son clan, disons le mot, pour le confort de sa famille ? Une structure nationale peut-elle exister pour une personne pour y loger les seuls qui viendraient de son entourage familial ? On ne connait pas de telles pratiques dans le pays et sans doute qu’en fouillant, l’on verrait encore d’autres exemples à travers le pays, dans les ministères et dans d’autres sociétés d’Etat et autres structures étatiques où certains qui n’ont même pas les qualifications requises sont catapultés à certaines positions dans l’administration et dans les sociétés d’Etat.

Sur tout un autre plan – la sécurité en l’occurrence – la situation est pire. Alors que le PNDS héritait d’un pays normal, après dix ans de gestion, il rendit à Bazoum Mohamed, un pays complètement malade avec des pans entiers du territoire continuellement harcelés par la horde de terroristes qui écument le Sahel. Quand on sait qu’en 2011 le pays n’était attaqué d’aucun côté, aujourd’hui, il n’y a pas une seule portion de terre qui soit en sécurité. C’est pourtant avec un tel bilan qui place les populations dans l’inconfort total qu’on voudrait qu’on couvre Issoufou et le pouvoir qu’il laisse en héritage d’éloges indus, immérités. Peuton franchement être fier de ces hommes, de leur socialisme, de leur PNDS et de ses alliances militaires étrangères quand partout, dans le pays, ça ne va plus et que personne n’ose s’aventurer dans certaines parties du pays de peur de tomber dans un guet-apens, au mauvais moment et au mauvais endroit ?

Enfin, au chapitre politique, rien ne présage du bien, de la fin du calvaire, malgré la reddition d’un Mahamane Ousmane, qui à pris acte de l’arrêt de la Cour de la CEDEAO et qui renonce à son combat pour se ranger définitivement. En politique, depuis que les socialistes sont au pouvoir, les relations n’ont jamais été exécrables, difficiles, tendues entre les acteurs au point de se détester les uns et les autres avec des haines inouïes.

Mais ce qui est tragique dans ce qui arrive à ce pays est de constater que le peuple est déçu, et pour ce ne sait plus se battre. Il a même perdu la mémoire, ne pouvant plus se rappeler de rien de son histoire. Pour autant, il ne faut pas croire que le système socialiste peut dormir sur ses lauriers. Les colères restent encore profondes et elles peuvent à tout moment exploser et ce tant que, pour gouverner, les problèmes continuent à se multiplier et à se compliquer face à son incapacité à les résorber et à les affronter avec intelligence et savoir-faire. L’histoire des transformations sociales ayant montré qu’il y a toujours, lorsque acculé et mis dos au mur, pour les peuples, des choix de survie à faire, à risquer.

Et tôt au tard, si ces situations devraient perdurer, les populations se réveilleront, et se battront pour faire face à leur destin. On peut d’ailleurs voir, dans tout l‘ouest du continent, des énergies qui commencent à prendre forme, couvant depuis quelques années que la vie des peuples est menacée et l’on peut voir pour le continent, ainsi que certains de ses enfants l’on rêvé, une aube nouvelle se lever, ce que Cheikh Hamidou Kane appelle dans L’Aventure ambiguë, «un matin de gésine». Et forcément, pour que les choses changent, ainsi que cela s’est produit dans toutes les sociétés, l’histoire devra s’écrire, face aux entêtements des hommes, par tant de sueur et de sang, à consentir pour voir surgir les prochaines lueurs des nouveaux soleils.

Ce pays est donc allé trop loin dans sa désagrégation et il n’y a pas à se leurrer : mentir pour faire croire que tout va bien et qu’on a la maîtrise de la situation ne peut que conduire des hommes bouffis de vanité à la catastrophe.

Il est temps d’ouvrir les yeux : rien ne va dans le pays. Le sachant, Issoufou pouvait savoir pourquoi il partait pour laisser un autre dans le pétrin pour le regarder se débattre dans le piège.

Et le soleil de la Renaissance acte III est si triste…

A.I