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Idées et opinions : Niger, quel État ?/ Par Dr Farmo Moumouni

En plus des questions légitimes, les évènements dramatiques qui de 2014 à nos jours se sont déroulés dans l'État du Niger, et qui s'y déroulent encore, appellent justice, réparation et restauration.

L'audit de l'inspection générale des armées effectué en 2020, portant sur la période 2014-2019, révèle que 76 milliards de francs CFA affectés à la Défense Nationale ont été détournés par des sociétés fictives, par surfacturations et autres combines. L'audit révèle aussi des commandes de matériels non livrées, du matériel militaire (armes et munitions) livré, mais défectueux.

Le 27 novembre 2021, à Téra, en territoire nigérien, l'armée française ouvre le feu sur de jeunes nigériens, les tue, sans autre forme de procès. À l'assemblée Nationale, des membres de l'exécutif interpellés et des représentants du peuple ne daignent point informer leur mandants.

Le 22 décembre 2021, les tombes des jeunes martyrs de Téra sont encore fraîches, l'État nigérien allant de Charybde en Scylla, renonce à se constituer partie civile dans le plus grand scandale juridico-politico-finanancier qui continue encore d'indigner les Nigériens.

Entre les  "Inculpés" et l'État, il y a eu transactions et compensations. l'État et les justiciables que l'opinion publique tient peu ou prou responsables de la mort de centaines de soldats mal équipés (notamment à Inatès et à Chinagoder), n'ont plus de soucis à se faire, peuvent célébrer leurs ententes dans l'allégresse, quand les familles, les veuves et les orphelins pleurent leurs morts, et que le peuple rumine un sentiment d'inachevé.

Est-ce là une tragédie qui finit bien ? Doit-on admettre que tout est bien qui finit bien ? Y-a-t-il adéquation entre les actes, les décisions de l'État et les attentes des populations arrachées de leurs terres, et privées de leurs biens ?

Au regard des évènements tragiques qui endeuillent le pays, de l'impunité dont jouissent prédateurs, criminels et fossoyeurs, nous sommes en droit d'interroger, nous sommes en droit de demander :

  • Si "La souveraineté nationale appartient au Peuple" comme stipulé à l'article 4 de la Constitution ;

  • Si  "La personne humaine est sacrée" et si l'État s'oblige à la respecter et à la protéger, absolument, au sens de l'article 11 de la Constitution ;

  • Si  "La justice est rendue sur le territoire national au nom du peuple" conformément à l'article 117 de notre Constitution;

  • Si le Niger est l'État de droit voulu par le Préambule de la Constitution, s'il y a prééminence du droit sur la politique, s'il y a séparation des pouvoirs, et si dans la hiérarchie hiérarchie des pouvoirs, la Constitution est placée au sommet ;

  • Si, enfin, l'État n'est qu'une structure juridique et politique placée au-dessus de tous, au-dessus de la Constitution, qui nargue, insulte et entrave le plus grand nombre, pour mieux servir quelques-uns ?


Farmo M.

30 décembre 2021
Source : https://www.facebook.com/moumounifarmoPhD