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Idées et opinions : Vaincre nos méchancetés…

Le Niger, depuis l’arrivée au pouvoir d’une certaine race d’hommes, est gagné par les méchancetés de socialistes qui ne peuvent intégrer l’humain dans la conception somme toute étriquée qu’ils ont de leur idéologie, de leur foi politique. On ne sait rien se pardonner, pas même nos différences. L’autre, tant qu’il pense différemment est haï, écrasé, combattu sans ménagement. C’est pourquoi, depuis dix ans, notre démocratie est devenue la plus violente, la plus brutale, la plus intolérante, la plus minable aussi. Ils oubliaient qu’au-delà de nos différences, de nos opinions divergentes, de nos contradictions, nous restons des frères et des soeurs, des enfants d’une même nation. Ceux qui, se servant du pouvoir, aiment à rabaisser et à déconsidérer d’autres Nigériens, savent bien qu’ils ne peuvent pas être plus forts pour prétendre anéantir tous ceux qui ne pensent pas comme eux et qui, pour d’autres choix ne voudraient pas les suivre – car avant d’arriver au pouvoir qui pouvaient-ils, comptant sur leurs muscles, provoquer dans les rues, dans les quartiers, mêmes avec les arrogances léonines qu’ils peuvent prétendre avoir.

Le pouvoir, ce n’est pas la violence, la brutalité, mais l’intelligence, le tact, la capacité à transcender les clivages pour fédérer les hommes, les intelligences, les forces, pour l’émergence souhaitée et recherchée d’une nation. Depuis dix ans, on a vu des haines cultivées, des méchancetés monter dans le ciel, les coeurs qui les portent étant incapables de tolérance, détruisant notre commune destinée à laquelle la NATION nous condamne à plus de solidarité et de communion. Jamais, des débats identitaires ne se sont développés dans le pays que sous cette renaissance I et II où un homme, par le clanisme cultivé de son système, a profondément divisé le pays et « mélangé » les Nigériens en laissant impunis les paroles graves de ses ouvriers gonflés d’arrogances. Pendant dix, par l’indifférence de celui qui est censé être garant de l’unité et de la concorde nationales, le climat politique délétère s’est continuellement dégradé, compartimentant le pays en deux strates, une qui se croit au-dessus de tous et des lois et une autre, écrasée, marginalisée, vivant dans la nation comme des citoyens de seconde zone. Depuis dix ans, les Nigériens n’ont appris qu’à s’insulter sans concession, allant souvent à des grossièretés inexcusables que proscrivent les règles de la bienséance. Une telle dérive aurait pu être arrêtée pour qu’un tel climat qui ne grandit personne n’ait pas cours dans le pays afin de préserver la cohésion nationale. Alors qu’on condamne souvent des acteurs qui ne sont que poussés à l’ignominie, on oubliait ceux qui, gardiens de la société et de ses valeurs, pouvaient souvent être fiers de propos décalés de certains de leurs « sujets » qui, comme dressés pour le mal, portent et diffusent dans la société, via les réseaux sociaux, la mauvaise parole faite d’avanies. Aussi, est-on en droit de se demander pourquoi pendant tous les régimes qui se sont succédés, les Nigériens se sont interdits de marcher sur ces frontières interdites, laissant toujours dans leurs malentendus et dans leurs discordes quelques marges pour la fraternité et qu’aujourd’hui ils n’en soient pas capables ? Pourquoi donc, c’est seulement pendant ces dix dernières années que l’on pouvait aller à ces démesures, à ces intolérances graves ? Faut-il donc croire que c’est parce que le Chef se serait comporté en chef de clan, laissant faire, ne se préoccupant pas de ces dérives qu’il ne peut jamais abordées dans ses discours si nombreux pourtant en dix années de gouvernance et de bavardage. Il est clair que si les Nigériens sont arrivés à ces extrêmes, souvent à ces extrémismes, c’est parce que le chef de la maison, a laissé faire, content peut-être de ce que ses hommes insultent, tiennent des propos désobligeants, moralement indéfendables, mais rassurés de son impunité et de ses mollesses.

Depuis dix années d’insouciance socialiste le Niger est dans cette pente dangereuse. Mais depuis quelques quatre mois, à la suite de l’accession de son dauphin au pouvoir, les Nigériens sortant du cauchemar, peuvent enfin voir des signes qui rassurent chaque Nigérien d’avoir et d’occuper sa place dans une nation devenue celle de la catégorisation et de la stigmatisation. Cependant, force est de constater des tiraillements dans le nouveau pouvoir avec un camp fidèle à « l’ancien empire » et un autre qui accompagne le nouveau président plus porté sur le changement auquel aspirent les Nigériens pour d’une part soigner les blessures d’une nation fracturée et pour réhabiliter un socialisme dévoyé d’autre part. Les premiers ne veulent pas de cette conduite civilisée et assez policée des affaires publiques, agissant toujours avoir les mêmes brutalités, les mêmes violences, les mêmes injustices et les mêmes exclusions pour régner dans l’ostracisme et la persécution qui ont pourtant poussé ce pays au bord de l’implosion si ce n’est, quoique qualifiée de jusqu’au-boutiste, la conduite assez responsable et sage d’une opposition qui n’a pas souvent céder aux provocations d’adversaires qui peuvent vouloir le chaos pour le pays.

L’incarcération injuste de militants et responsables de l’Opposition, notamment de Hama Amadou, du Général Moumouni Boureima alias Tchanga, de Seybou Tahirou Mayaki, d’Abdou Lokoko, une affaire qu’on ne peut que lier à la gouvernance d’Issoufou Mahamadou, en dit long sur qu’a été la gouvernance de l’homme qui a trafiqué le socialisme pour assouvir des aspirations personnelles. Quand on fait le bien, on le dira. Quand fait le mal aussi. On ne peut donc pas comprendre que certains s’offusquent de ce que les Nigériens, et notamment la presse, soient très critiques à l’endroit de l’homme qu’ils ont érigé en rang de messie et de pharaon. On peut comprendre que Bazoum Mohamed, même s’il n’a pas libéré les prisonniers politiques, ménageant bien ses adversaires et laissant à chacun sa place dans la démocratie, dérange le camp des faucons qui travaillent pour un ordre on ne peut plus révolu. Sans doute doivent-ils souffrir de voir Hama Amadou sortir de prison pour aller en France pour ses contrôles habituels, méritant de la part du nouveau pouvoir, toute la respectabilité due à son rang et surtout bénéficiant d’un séjour prolongé dans l’Hexagone.
En fin de semaine dernière, les Nigériens apprenaient par les réseaux sociaux que l’ancien Chef d’Etat-Major des armées, le Général Moumouni Boureima, sortant de sa prison de Téra, venait pour des soins à l’hôpital national de Niamey. Après les différents examens, son médecin personnel, demanda qu’il reste pour un suivi médical et pour des soins. C’était sans compter sur l’influence nocive de ceux qui croient encore tenir le pouvoir, pour gouverner leurs adversaires avec les mêmes méchancetés d’une époque. Ils rentrent en transe et refusent de donner suite à cette demande pourtant médicalement motivée, intimant l’ordre à leurs bourreaux, de le ramener dans sa prison loin des soins appropriés. Ils croyaient alors qu’ils règnent encore sur le pays pour imposer leur gestion rancunière dans le pays et décider du sort de leurs adversaires. Il n’en fallait pas plus pour que les réseaux sociaux s’enflamment, les internautes choqués d’entendre que des hommes qui croient encore survivre avec leurs rancunes, puissent toujours croire avoir les moyens d’imposer leur diktat et leur cruauté, manquant d’altruisme même lorsqu’il s’agit de problèmes de santé. Le Niger et les Nigériens ne peuvent donc pas aller nulle part avec de tels comportements. Un tel socialisme qui manque de coeur ne peut conquérir les coeurs des hommes. Et ils s’étonnent que les Nigériens préfèrent plus le successeur au prédécesseur.

Bazoum, apprend-on, a refusé de s’inscrire dans cette logique qui manque d’humanité et d’humanisme, et a donné ordre, derechef, de le ramener à l’hôpital pour être soigné selon les prescriptions de son médecin traitant. Et alors que Waziri Idrissa n’est plus là pour s’occuper de la communication de Bazoum Mohamed, les Nigériens, sur la toile, ne peuvent arrêter de saluer le geste du Président-philosophe, s’insurgeant contre les sadismes de faucons en perte de repères. Pourquoi et pour quel intérêt priver un homme malade de soins ? Est-ce cela le socialisme sous nos tropiques ? Allez savoir…

Les Nigériens n’ont plus besoin de cette race de politiciens aigris qui ont en dix années de règlements de compte, rabaissé notre démocratie et les débats qui l’animent car les Nigériens sont capables de s’élever. De grandir.

Peut-on ne plus vouloir pour l’autre, au nom de l’adversité, que le mal ?
« Changeons nos coeurs… »

ISAK