Accéder au contenu principal

Accueil

Réconciliation, quelle réconciliation ? : Par Amadou Bounty Louindou Diallo

 


Le mot est dans tous les discours depuis que, par la volonté d’une minorité, le Niger sort d’élections p r é s i d e n t i e l l e s tropicalisées.

Oui, le mot est là et doit dire la chose. Il est là, mais les actes ne suivent pas. En dehors du bureau de l’Assemblée nationale ou la loi fait obligation dans les postes de vice présidents de tenir compte du poids de chaque parti politique ou de groupement de partis politiques, nous ne voyons nulle part où les actes suivent le discours . Il faut qu’on se dise les quatre vérités : comme au Gondwana, la politique est une activité rentable. Les politiciens nigériens n’ont ni boutiques où exercer un quelconque commerce, ni des champs de labour. Ils ont pour unique activité la politique et les prébendes qui vont avec. Ainsi, dès qu’ils ne sont plus aux affaires, c’est la disette, c’est la faillite, c’est la traversée du désert.

Si vous les privez de postes politiques, vous les privez de l’essentiel

Lorsqu’on leur parle de réconciliation, derrière, ils voient espèces sonnantes et trébuchantes ou postes lucratifs. Soyons sérieux. Nul, parmi la «hétérie» politique ne se fonde sur l’idéologie pour adhérer à un parti ou à une coalition de partis. Les prébendes, c’est ce qui guide chacun.

Depuis quelques temps, ceux qui sont en rade du pouvoir, piaillent, jacassent fulminent contre tout et tous. Oui, ils savent que cinq ans d’opposition, c’est long. Si l’on n’est plus au pouvoir, il faut dire que les temps deviennent sombres, obscurs, difficiles. Dès qu’on leur parle de réconciliation, ils sont preneurs, s’ils ne devancent même pas le discours ambiant.

On les entend dire, on les voit venir. «Celui qui est élu ne veut pas défendre sa victoire, à quoi bon se battre pour quelqu’un qui ne veut faire aucun effort »?

Des lors, toutes les options deviennent possibles, y compris le reniement et la renonciation à la lutte, la compromission. L’intelligence d’un homme d’Etat c’est de pouvoir réunir les contraires dans koinè dont il est seul à comprendre les rouages et à maitriser les contours.

Malgré les affrontements post électoraux, malgré les cris de douleur et de Haine, Mohamed Bazoum semble maitriser de plus en plus la situation. Il a vu passer l’orage.

D’ailleurs, sur nombre de points stratégiques, les forces de l’ordre ont quitté sinon, elles ne se font plus discrètes. Les combattants sont lasses, découragés et sont prêts a rendre les armes, s’ils ne les ont pas déjà rendues.

Mohamed Bazoum sait qu’il est mal élu. Mais il possède la force publique et, apparemment un trésor de guerre immense. Il faut combiner intelligence et insertion des politiques dans un système dont la matrice est la prébende. Il n’y a pas d’autres solutions. Les politiciens ne peuvent survivre sans postes du même nom. Il faut faire avec. Ce n’est pas les corrompre que de leur offrir des strapontins pour les faire taire, pour les contenter. Les médecins ont des pratiques du genre «procréation médicalement assistée». Dans le cas des politiciens nigériens, le vocabulaire manque, mais essayons de trouver une formule malgré tout .Il s’agit d’assister des politiciens en perdition. Il s’agit d’apporter assistance à des politiciens en déshérence.

Le voeu de tout politicien est de parvenir, malgré la démocratie, à unifier les contraires pour un retour au parti unique. Avec notre mentalité nouvelle, nos moeurs politiques actuelles, cela reste du domaine du possible. Il suffit d’avoir l’intelligence nécessaire et la volonté de faire. Les moyens ne sont autres que les nominations derrière lesquelles tout le monde court.

Réconciliation rime donc avec tout cela ; tout autre discours, tout autre acte n’allant pas dans le sens que je viens de décrire ne passe pas chez les politiciens de notre pays.

Gageons que Mohamed Bazoum aura retenu la leçon et fera en, sorte que chacun se retrouve dans un système qui crée et détruit en fonction de la volonté du prince.

Amadou Bounty Louindou Diallo