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Au Niger, dans le domaine de la lutte contre la corruption, nous ne sommes pas à un paradoxe près : Par AMADOU BOUNTY LOUIN DOU DIALLO

En 2003, le pays fait partie de la centaine d’entités qui ont ratifié la CONVENTION INTERNATIOANLE DE LUTTE CONTRE LA CORRUPTION. Près de vingt ans après, on se rend compte que cette ratification est un leurre. Jamais la corruption n’a autant gangréné la société Nigérienne que ces dix dernières années. La convention à laquelle référence est faite supra, tout en encourageant la mise en place d’instruments juridiques nationaux et internationaux, les voulait indépendantes et autonomes du pouvoir politique. A son entrée en fonction, le 7 avril 2011, le président Issoufou Mahamadou avait promis de lutter de manière implacable contre un phénomène qui, de son propre aveu, mine le développement du pays.

{xtypo_quote}«Le Niger n’est pas un pays pauvre, mais un pays mal gouverné ».{/xtypo_quote}

Pour prouver sa bonne foi, quelques semaines après sa prise de fonction, il mettait en place la Haute Autorité de Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HALCIA). Mais, contrairement aux recommandations de la convention internationale de lutte contre la corruption, en lieu et place d’une autorité autonome, aussitôt créé, le nouvel organe est logé à la présidence de la République, faisant d’elle un simple outil politique ou, a tout le moins, au service d’un pouvoir politique . A l’heure des bilans, (le président Mahamadou Issoufou quitte le pouvoir le 2 avril prochain), qui se souvient encore de la dernière affaire de corruption traitée par la HALCIA ? Sur nombre de détournement, elle est restée sourde, muette ou amnésique. Là où on l’attend, sur des questions d’importance par exemple, elle n’y est jamais. Son pouvoir a beau être renforcé par coup de décrets et autres arrêtés, elle n’a donné satisfaction ni a l’opinion nationale, ni à celle internationale. Par contre son silence complice en dit long sur ses relations avec un pouvoir politique.

Jamais, sur les soixante ans de son indépendance, le Niger n’a connu un régime aussi prédateur comme celui de Mahamadou Issoufou. Tout y passe, l’achat de l’avion présidentiel, comme la construction d’infrastructures. Sous la barbe et le nez de la HALCIA, une nouvelle classe est née dont le nom de baptême peut aller de la corruption à des passes droits, en passant par le blanchiment d’argent sale ou carrément l’implication supposée de certains nigériens dans le trafic de drogue.

Selon un rapport de l’organe des Nations Unies contre le trafic de drogue, le Niger et la Mauritanie sont devenus, les deux plaques tournantes du trafic des substances illicites dans notre sous-région. La drogue et les deniers qui l’accompagnent ou qui en sont issus fragilisent nos Etats et les économies formelles. Dans de telles conditions, à quoi aura servi l’organe de lutte contre la corruption ? De l’aveu de nombre de nigériens, la HALCIA est un des organes budgétivores, crées pour classer ou loger amis et connaissances. Des fortunes spontanées ont été bâties avec l’argent sale de la drogue dans les deux pays (NIGER–MAURITANIE), ce qui a pour conséquence l’émergence d’une économie criminelle dont les tentacules s’étendent à l’ensemble des activités de la vie sociale. L’argent sale ayant des difficultés à être placé dans les paradis fiscaux hier florissants, est investi sur place, dans les deux pays, dans divers domaines : stations d’essence, compagnies de transports, magasins d’alimentation, constructions de prestige, etc… sur le plan intérieur, les marchés publics mêmes n’échappent à la boulimie des nouveaux criminels en col blanc. La concurrence n’a plus sa place dans l octroi de tels marchés. Elle est faussée par des dessous de tables consentis à de hauts fonctionnaires sans scrupules. Dès lors le principe du moins disant n’est plus la règle/ Celui-ci est remplacé par le principe du plus offrant sous table. Les chinois qui dans le domaine de la corruption ne sont pas des enfants de coeur ont trouvé la formule «petite commission, gros travail ; grosse commission, petit travail». C’est tout dire. Après dix ans de gestion hasardeuse, voilà dans quel état le président Issoufou laisse le Niger. Une paix exsangue, un pays en ruine, un pays ou la corruption fait fuir les investisseurs honnêtes. Désormais le Niger est considéré comme un pays où il faut éviter d’investir. La communauté internationale longtemps bernée par des propos du genre «le Niger est un pays d’avenir» a fini par se rendre compte qu’il s’agit d’un voeu pieux et que le présent du pays est incertain, et son avenir s’inscrit ou s’écrit en pointillés. Voilà où nous ont conduits la corruption, ses corolaires et accessoires.

Par AMADOU BOUNTY LOUIN DOU DIALLO