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Billet - Les caméléons : Par AMADOU BOUNTY LOUIN DOU DIALLO

Billet - Les caméléons : Par AMADOU BOUNTY LOUIN DOU DIALLO

Dans la nature le caméléon est un reptile singulier. Sa parti cularité, c’est la métamorphose. Il mue ou s’adapte en fonction du milieu dans lequel il évolue. Cette capacité de mutation en fait un animal particulier. Ainsi, les caméléons sont définis comme des «animaux qui se caractérisent par la mobilité indépendante de leurs yeux, leur langue protractile qui leur permet d’attraper leurs proies à distance, les doigts groupés en deux blocs opposables assurant une bonne prise sur les branches, leur capacité à changer de couleur, et enfin leur queue qui sert à se stabiliser ».

Reptiles ou lézards, les caméléons sont donc particuliers. C’est cela la nature.

Dans la société, surtout sur le plan politique au Niger, nous avons des caméléons. Leaders politiques ou acteurs de la société civile, ils sont des caméléons. Ils n’ont ni champs autour de Niamey, ni jardins, ni boutique, ni magasins d’alimentation. Anciens petits fonctionnaires de l’administration ou agents de sociétés privées ayant pignons sur rues, ils sont, dans le champ politique, non pas pour l’intérêt public, mais pour assurer leur pitance. Pour cela, ne leur demandez ni morale ni éthique, ni dignité. Leur seul motivation, c’est le lucre, c’est la concussion. Pour préserver leurs prébendes, ils sont prêts à tout. Ils sont des spécialistes de la métamorphose et des dribles politiques. La ou vous attendez d’eux une prise de position nette, ils ne savent que louvoyer. Diego Armando Maradona est un nain à leurs cotés. Ils driblent, feintent sautent d’un bord a l’autre car c’est dans leur gènes. Ils sont capables de défendre toutes les positions politiques, pourvu que le commanditaire paie cher ou lourd. Dans leur jargon, on dit «casque» ou « gombo ». Routiniers de la politique, ils ont fait carrière partout : dans le crime tout court, tout comme dans celui économique. Individus sans vergogne, ils sont spécialistes de raids meurtriers sur les deniers publics.

Dans cette voie rocambolesque suivie, ils ne font pas de quartier. Leur amitié même est à géométrie variable.

Ils peuvent prendre le petit déjeuner avec un ange, le déjeuner avec Satan et le diner avec le diable. Le noble coran et les hadiths, ils n’y croient guère. Ils ont un dieu, l’argent. Ils ont un ‘’maître’’, celui qui leur permet de rester dans les grâces du pouvoir jusqu’à leur mort.

En un mois, ils sont capables de défendre deux thèses contraires devant leur «peuple». Ils te pourfendent si tu n’es pas avec eux, t’encense des que tu remplis leur besace de sous immondes. Dans une entreprise aussi immonde, ne vous en faites pas. Ils agissent avec une haiterie dévouée. Ils ont des affidés qui les suivent dans toutes les aventures car ils reçoivent aussi leur part. Qui sont ces affidés ? d’anciens directeurs d’entreprises d’Etat ou privées et qui, a cause de leur mauvaise gestion ont fini par déclarer faillite, d’anciens hauts fonctionnaires qui n’arrivent pas a se faire une situation par les urnes et des ouailles souvent choisies a cause de leu fidélité intéressée. Tel est le portrait sommaire des caméléons politiques et consorts. Depuis deux ou trois décennies, ils polluent l’atmosphère politique du Niger. A chaque fois que ces joueurs de Pari Mutuel Urbain (P. M .U), jouent, ils tirent toujours la combinaison gagnante. Tantôt, ils dégradent, expressément leur propre image devant l’opinion pour mieux se faire coopter par un mentor, tantôt, ils pratiquent la politique de l’esbroufe pour gagner gros. Dans tous les cas, ne coptez pas sur eux pour aller dans une opposition au statut précaire. Ils n’ont aucune conviction politique. Derrière ou sous les boubous amidonnés ou les vestes de grande marque se cachent de véritables monstres.

Si vous vous fiez à leur prise de position du moment. Vos serez vite déçus car ils ne croient même pas a leurs propres propos. Le second tour des élections présidentielles nous a fait découvrir ces individus sans foi ni loi. Ils sont ce qu’ils sont et désormais nous savons tous a quoi nous en tenir avec eux. Caméléons devant l’éternel, ils ne peuvent plus nous tromper. Ils l’ont fait trois décennies durant. A présent, c’est fini. Les caméléons ont fini par mordre leur propre queue.

A force de subir des métamorphoses, ils ne savent plus quelle couleur prendre. Ils sont tout simplement ridicules dans leur métamorphose sans fin.

Par AMADOU BOUNTY LOUIN DOU DIALLO